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 Meursault | PV Sunday

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Meursault | PV Sunday Empty
MessageSujet: Meursault | PV Sunday   Meursault | PV Sunday I_icon_minitimeMar 3 Déc - 20:49



Je cherchais du regard dans ma chambre, un truc pour m'accrocher. Je ne pleurais pas. Pour une fois, non, je ne pleurais pas. Ce n'était pas le moment de pleurer. C'était pas le moment de se laisser aller parce que y'aurait rien pour me rattraper. Rien du tout. Cette fois, j'étais tout seul, je ne faisais plus parti d'un duo, je n'étais plus punk à chien. J'étais chien, c'est tout, je n'étais plus rien d'autre. A quoi bon avoir des rangers si elles ne courent pas après Sault ? Et toi putain de blouson en cuir, t'as l'air beau comme ça, tout seul, sans husky prêt de toi. T'as l'air fin, t'as l'air utile.

Je pris ma tête dans mes mains. Ça faisait une heure que j'étais assit contre mon lit, peut-être une journée même. J'avais un lit maintenant, un vrai, mais à quoi bon ? Au moins il n'aura jamais eu à vivre dans un appartement. Au moins il aura toujours été libre, au moins il aura toujours été heureux. Mais c'est fini maintenant, il n'est plus rien ou peut-être qu'il est mais plus avec moi. J'écoutais le silence. Mais je n'étais plus jeune. J'étais un vieux maintenant, et les vieux comprennent pas le silence. Je respirais lentement, en regardant le vide comme ça. Il ne fallait pas que je reste là, tout seul. La solitude, elle gagne toujours merde. Toujours !

Je pris mon portable. Je regardais l'écran noir. J'avais hésité au moins cinq bonne minutes avant de le déverrouiller. J'aime pas trop les portables mais encore moins mon reflet. Je cherchais dans mes contacts. J'avais jamais appelé son numéro. Pas que j'y avais pas pensé. Au contraire, j'y avais pensé déjà plusieurs fois. Mais j'aurais jamais su quoi dire, j'aurais bégayé,  j'aurais eu l'air con. Et j'en avais pas besoin. Mais là je vois qu'elle, que je peux appeler. Je cliquais sur le bouton vert de ma cabine téléphonique.

Le contact s’appelait Wendy. Puisque moi j'étais Peter. Je ne pense pas qu'elle m'enregistrera en tant que tel. Mais c'est comme ça que je me souviens d'elle, en tant que maladroite petite Wendy. A la première sonnerie, j’eus envie de raccrocher rapidement. Je me sentais honteux mais pas plus que mon mal-être intemporel finalement. J'attendais. J'aimais pas attendre au téléphone. Y'avait la pression qui montait et les pensées qui s'embrouillaient. Sûrement que le long « biiiiip » qui résonnait dans la tête, il était là pour lobotomiser les pensées intelligentes. Mais le cours de mes pensées ne fut pas interrompu.

Quelqu'un décrocha. Ça brouillait sur la ligne, j'entendais pas très bien. « Allô, Sunday ? » J'hésitais un temps. Je ne l'entendais toujours pas, il y avait des vieux sons tout pourris qui sortaient de l'appareil mais pas la voix de la petite nennette. « Euh.. C'est Raph... Je t'entends pas bien. Écoute, je voudrais te voir... Meursault est... » Les larmes dans mes yeux étouffèrent ma voix à coup d'eau salée. « Je voudrais te voir tu vois, je t'expliquerais mais c'est pas important. » Je disais ça parce que je n'aimais pas dramatiser. Mais c'était tout ce qu'il y avait de plus important, c'était crucial. Le chien, il est mort, il est mort, tu m'entends Sunday, tu m'entends même sans que je parle, que c'est important ? « On pourrait se voir ? Bientôt ? Maintenant ? » Je n'entendais rien. Je n'entendais rien mais sûrement que c'était les larmes et plus la connexion qui brouillaient aussi mon ouïe. « On se retrouverait pas quelque part, chez toi peut-être? » J'attendais le silence. Ma voix tremblait trop mais j'espérais qu'elle pense que c'était le téléphone, pas moi. Je me sentais si mal, si seul. Et pourquoi ce téléphone ne marchait pas putain ? Je savais même pas si elle m'entendait.
Alors je raccrochais.
J'essuyais furtivement mes larmes, celles qui s'échappaient et puis je fermais mes yeux. Quand je pleurais, mes yeux étaient encore plus bleus que d'habitude. Je n'aimais pas trop ça. Mais je m'en foutais aujourd'hui.

L'horloge de la cuisine me montrait l'heure. Il était 14 heure mais je n'avais pas faim. J'avais l'impression de me noyer, et ça m'étonnerait que les noyés aient envies de manger. J'attendais qu'elle me rappelle mais elle ne me rappelait pas. J'en étais malade. Je lui trouvais toutes les excuses du monde, pourtant je me disais qu'elle m'abandonnait. Au fond de moi, ça me faisait très mal. J'étais très sensible lorsque j'étais détruit. Et là je n'étais pas détruit, j'étais moitié moins.
J'avais l'air con.
J'avais l'air con d'être dans un état comme ça pour un seul clebs. Un seul et unique clebs. Mais c'était pas que sa mort. C'était tout le vide qui m'emplissait, et l'audace et la volonté qui m'abandonnait. Il était là depuis sept ans. Et maintenant que mon statut sociale évoluait enfin, maintenant que j'allais mieux, il osait me laisser ? Seul ? Je n'allais jamais m'en sortir seul. Je ne tiendrais jamais parce que c'est insoutenable ce silence. Ce manque d'affection, ce manque de présence. Il était ma conscience et peut-être que je le personnifiais sans arrêt, mais je ne devenais pas fou avec lui. Et j'avais encore besoin de lui. Encore au moins dix ans. Je l'aurais laissé mourir seulement quand on aura été des p'tit vieux, que j'aurais un porche et une belle femme.
Tu vois Sault, je me dis, déjà je me remet à parler de femmes alors que toi tu savais très bien me dire, que c'était pas elles que je voulais. Sans toi je suis perdu, je me dis.

Il ne s'était pas passé une seconde sans que j'aille mettre mes rangers vide, que je prennes ma veste inutile et que je claques la porte en oubliant les clefs (je n'avais pas l'habitude). Elle me rappelait pas ? Peu importe, j'irais chez elle. Je me souvenais vaguement d'où c'était. Et j'avais besoin d'elle là, j'avais besoin d'elle parce que Sault m'aidait à la supporter. Maintenant qu'il avait disparu, il fallait bien qu'elle m'aide à le supporter lui. Lui et sa putain d'absence. Elle me devait bien ça. Et puis je l'aimais bien, au fond, cette nana. En plus si elle était chez elle, on pourra jouer et sûrement que ça me fera penser à autre chose.

J'avais oublié qu'il y avait 50 minutes de voiture de Staten Island au bronx. Mais j'avais un peu perdu la notion du temps. Une fois avoir payé le taxi, je cherchais des yeux la rue. Quand je la trouvais, je sonnais. Sans hésiter. Un peu en colère contre elle de ne pas m'avoir rappelé mais toujours à trouver des millions de raisons. J'étais haineux et coupable à la fois. Et vide. Je deviendrais schizophrène sans lui. Sans Meursault. Et je sentais mes pulsions revenir. Mes pulsions que je cachais dans sa fourrure, elles m'aggripaient le dos, je me sentais à nouveau violent. Et j'avais peur. J'avais terriblement peur de faire du mal à qui que ce soit. Encore. La dernière fois, ça s'est si mal terminé, oh si mal.

Je respirais lentement. Je ne pleurais toujours pas, je tenais le coup, je retenais mes larmes, mes cris, mes coups. J'attendais devant sa porte calmement, désemparé face au monde que j'affrontais tout seul maintenant. J'allais mieux sur le ring avec des griffes et des crocs.

-

« Personne, personne n'avait le droit de pleurer sur elle. Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. » MeursaultL'Etranger, Camus.
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Sunday Newton
Une manette dans la main
Et PAF ça fait des chocapics

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MessageSujet: Re: Meursault | PV Sunday   Meursault | PV Sunday I_icon_minitimeDim 26 Jan - 16:34

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