" Tu parles à qui ? "

L’une de ses petites mains était accrochée au pan du vêtement du garçon. De sa main libre, elle essuya les larmes qui inondaient ses beaux yeux bleus.

…

Qui, ici, pouvait comprendre cette enfant, seule et abandonnée ? Qui ? Qui pouvait lire dans l’océan de ses yeux, la détresse qu’elle ressentait. Etait-ce seulement normal qu’une enfant de son age soit aussi triste ? Non. Ca ne l’était pas. Lilli, comme toujours, devait surmonter ces affreuses journées ou elle n’était qu’un tas de rien aux yeux de tout ces adultes. De toutes ces personnes qui passent à coté d’elle sans la voir. D’ailleurs, elle ne cherchait même plus à être vue, car cela ne lui apportait que des ennuis.

Lilli s’était aventurée, seule, dans les longs couloirs d’Isolation. Elle déambulait, ne sachant pas ou aller. Le temps était radieux, mais elle n’avait pas envie de retourner dans la cour. Tout le long de son escapade, elle avait pleurée. Pleurer toutes les larmes de son corps, car c’était bien l’une des seules choses qu’elle puisse faire, ici. Pourtant, elle aurait du s’habituer, à cet enfer. Elle n’était pas une petite nouvelle, pas mal de personnes l’avaient déjà vu jouer seule, pleurer dans son coin, ou rire. Bien sur qu’elle aurait du s’habituer, après un an passé ici ! Mais non, Lilli n’y arrivait pas. Cependant, parfois, elle parvenait à se consoler en se disant qu’ici au moins, on ne la jetterait pas dehors.

Mais à quel prix ?

…


12h00, oui. Lilli s’était assise à la table, et regardait son assiette avec dégoût. Elle repoussa son assiette d’une main, et vida son verre d’eau. Encore un repas dont elle se passait. Lilli tenait le coup, elle n’allait pas mourir de faim. Parce qu’elle savait que quelqu’un serait assez aimable pour lui apporter un biscuit, quelque chose qui était mangeable. Elle avait quitté le réfectoire, et se dirigeait vers l’extérieur.
Le soleil était éblouissant, et elle se sentit bien mieux au contact des rayons de soleil sur sa peau trop claire, trop blanche. L’angoisse qu’elle ressentait, à cause du Centre, ne semblait cependant pas se dissiper. Elle s’était assise sur les marches devant la porte d’entrée, et regardait les internés qui profitaient du beau temps.

Un petit groupe de jeunes enfants, peut-être à peine plus âgé que Lilli semblait nettement mieux s’amuser, ici bas, que la jeune fille. Elle s’était avancée, curieuse, vers le groupe. Elle voulait savoir qu’est-ce qui pouvait les amuser. Elle voulait, elle aussi, jouer. Ses yeux s’écarquillèrent quand elle reconnu son ours en peluche, qu’ils étaient entrain de déchirer.

" C’est elle ! "

Lilli leur arracha son ami, et s’encouru. Ils ne l’avaient pas poursuivie, mais ils riaient.

C’était dans l’Eglise qu’elle s’était réfugiée. Jamais, encore, elle n’avait osé y entrer. Parce qu’elle était bien trop près de la foret, parce qu’elle lui faisait peur. Une autre personne, bien plus âgée, était assise sur les bancs, et croisaient les mains. Lilli ne comprenait toujours pas ce geste, mais elle savait que c’était un endroit bien, un endroit sur. Du moins, normalement. Mais ici, il n’y avait pas vraiment d’endroit bien. Pas longtemps, en tout cas.

La petite fille s’était couchée sur un des bancs, et serrait entre ses bras l’ours en peluche abîmé. Elle se fichait qu’il lui manquait un bras, une jambe, elle voulait le garder. C’était le seul qui voulait bien d’elle, quelque soit le moment. Elle s’accrochait, de toutes ses forces, à ce petit espoir, ce petit bonheur qu’elle tenait entre ses bras. Lilli aurait tout donné pour l’avoir, cet ours. Pourtant, une personne aimable, un surveillant agréable le lui avait offert. Cela lui avait fait des ennemis, et les autres petites filles étaient jalouses.

Les larmes roulaient sur ses joues. Et elle sursauta en entendant la porte se fermer, et retenait ses pleurs afin de ne pas être entendue. Elle craignait que les enfants qui avaient détruit son cadeau ne soient venus l’ennuyer, encore. L’étau de ses bras se resserra autour de l’ours, et elle se replia, cherchant à se faire encore plus petite sur le banc. Elle se détendit en entendant la voix adulte s’élever. Elle abandonna son ami et se releva. Très doucement, elle s’avança vers la personne qui venait d’entrer. Elle regardait autour d’eux, plus personne n’était là, pas même celle qui était assise sur les bancs.

…

La petite blonde regardait le Brun, et garda son vêtement entre ses doigts, presque avec désespoir. Des réponses à ses questions muettes, voilà ce qu’elle cherchait.