Lorsqu’Alan lui dit qu’il la pardonnait, Erasmia poussa un grand soupir de soulagement tout en se jetant dans les bras du jeune homme. Elle était tellement heureuse qu’il veuille bien oublier son geste qu’elle ne pensa pas à ce qu’elle faisait en se blottissant dans ses bras. Cela lui avait paru normal sur le moment, mais une fois qu’il eut refermé ses bras sur elle, elle se rendit compte qu’elle n’avait jamais été aussi proche de lui. Instinctivement, elle ferma les yeux, nichant pour quelques millièmes de secondes sa tête contre le cou de son ami. Elle découvrit l’odeur d’Alan, une odeur si particulière et si enivrante qu’elle sut dès qu’elle la sentit qu’elle ne la quitterai plus, persistant dans sa mémoire comme le souvenir de cette étreinte qu’elle n’aurait pu prévoir et imaginer. Elle se sentit protégée, à l’abri de tout ce que le monde pouvait lui faire subir.

Mais elle dut se détacher d’Alan à contrecœur, pour ne pas que celui-ci se demande pourquoi son amie s’accrochait à son cou. Après tout, elle était cela pour lui, une amie. Une confidente maintenant. Mais rien de plus pour un garçon qui venait de lui avouer qu’il ne voyait pas l’intérêt de sortir avec une fille. Ressaisis-toi, tu n’es qu’une amie pour lui, une fille avec qui il discute ! N’essaye pas d’imaginer autre chose, se morigéna-t-elle.

Elle releva les yeux vers lui, elle ne pouvait savoir qu’une lueur brillait dans ses yeux, que toute sa bonne volonté n’aurait pas réussi à éteindre. Elle ne pouvait savoir qu’Alan la remarquerait. Tout ce qu’elle remarqua, c’est que le jeune homme la dévisageait comme si c’était la première fois qu’il la voyait, comme s’il la découvrait à l’instant sous un nouveau jour. Ses yeux avaient un éclat étrange et Erasmia n’arrivait pas à deviner si cela était positif ou pas. Il n’était pas comme ça avant leur 'calin', si ? Elle aurait juré que non. Mais si c’était le cas, qu’est ce que ça signifiait ? Dans le cerveau d’Erasmia se pressaient de nombreuses questions et idées, qu’elle n’arrivait pas à agencer correctement.

Soudain, Alan reprit la parole, ramenant Erasmia à la réalité. Elle approuva vigoureusement lorsqu’il lui proposa de repartir à zéro. Elle cru naïvement que le sujet était clos et qu’il ne reparlerai plus de cela, mais il repartit de plus belle. Sa question mit Erasmia mal à l’aise. Elle lui avait dit ce qu’elle pensait sans entrer dans les détails volontairement. Mais il allait la forcer à le faire en lui demandant des précisions sur ce qu’elle avait dit.

Elle jeta un coup d’œil aux autres élèves, la plupart avaient en fait déserté la salle commune, préférant se rendre dans leurs dortoirs. C’était compréhensible après la colère d’Alan. De sorte qu’ils étaient à nouveau presque seuls dans la salle. Décidant que rester debout l’un en face de l’autre n’était pas très intelligent alors que des fauteuils étaient libres, Erasmia alla s’asseoir. Alan la suivit et rapprocha un des autres fauteuils pour se mettre tout près d’elle. La jeune fille évita tout d’abord de le regarder lorsqu’elle parla, puis finalement, se tourna vers lui.

Et bien…non, je ne trouve pas que tu es pitoyable. Tu es l’un des seuls garçons que je connais que je peux qualifier de ‘garçon bien’, et crois-moi, j’ai des critères, ajouta-t-elle en se détendant un peu, un sourire étirant ses lèvres. Pour ce qui concerne les filles, car c’est à ce sujet que tu te trouves pitoyable n’est-ce pas, je trouve que c’est mille fois mieux d’agir comme tu le fais, plutôt que de sortir avec des filles par pur plaisir. Ceux qui font cela veulent se prouver quelque chose, comme si sortir avec autant de filles allait les rendre plus virils ou je ne sais quoi. Elle se mit à rire tandis qu’Alan souriait. Je trouve que toi tu es…vrai, et c’est ça qui compte le plus. Tu ne cherches pas à te faire passer pour quelqu’un d’autre, tu ne trompes pas les gens. C’est ça qui est important.

Elle faillit ajouter ‘pour moi’, mais les mots ne sortirent pas, et sa phrase mourut dans l’air. Erasmia regarda Alan, sachant à savoir si ce qu’elle avait dit l’avait touché. Il la regardait d’un air étrange, un peu étonné. Peut-être ne s’était-il pas attendu à ce qu’elle lui dise ce qu’elle pensait réellement de lui. Mais il avait voulu savoir, il lui avait demandé.

Erasmia replia ses jambes, s’asseyant en position du scribe. Un élève avait allumé le feu, bien qu’il ne chauffe pas. Il était là juste comme décoration, pas comme source de chaleur. La jeune fille contemplait les flammes rougeoyantes, ne sachant quoi dire, une fois de plus. Finalement, elle releva la tête, ses yeux riaient et sa bouche souriait.

Donc pour résumer, je t’interdis de penser que tu es pitoyable, c’est compris ? Trouve-toi d’autres défauts que celui-là, et on verra si je les approuve, dit-elle en riant.

Elle avait parlé d’une voix grave, comme si elle cherchait à impressionner son camarade, bien qu’en réalité, ce ne soit destiné qu’à les faire sourire tous deux.

La lueur dans ses yeux n’était pas partie. Dès qu’elle regardait Alan, l’étincelle se ravivait, et elle avait une envie irrépressible de se jeter dans ses bras. De pouvoir à nouveau se sentir protégée comme elle l’avait été pendant quelques secondes. Une envie d’être protégée pour l’éternité.

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