Feat "luke treadaway" (c) angeldust

Moi c'est Billy ‘l’incapable’, le vilain petit canard de la famille Wetzler. A bien me regarder, avec ma silhouette d’adolescent mal nourri et mes cheveux qui tirent sur le roux, on n’imagine difficilement que je suis issu d’une lignée de slovaques immigrés à la fin des années soixante. Il est évident que physiquement, je tiens presque exclusivement de mon irlandaise de mère, et probablement de mon véritable père que j’ai toujours imaginé sous les traits du fleuriste de notre ancien quartier. Les cadeaux d'anniversaire et les mêmes oreilles de Dumbo, ça n'trompe pas. Ça explique probablement pourquoi toute la branche paternelle de la famille me traite comme un moins que rien, parce qu'il est clair que je ne suis pas taillé dans le même bois : gringalet; un poil dans la main; trop sensible; maladroit, facile de se douter que j’ai été conçu ailleurs. Alors on m’a placé en poste dans l'un des hôtels pour chiens de la famille comme 'renifleur', pour éviter que j'fasse trop de dégâts. Un renifleur, c'est un mec qui repère les cabots à piquer, ceux qui valent cher, ceux pour lesquels les propriétaires seraient prêts à débourser une fortune s'ils venaient à être kidnappés. En gros, ça me permet de repérer 60% de mes futures proies. Le reste, c'est de l'improvisation. C'est ça que je fais de ma vie : contribuer à la prospérité du trafic de chiens développé par ma famille. J'imagine que oui, on peut donc me qualifier de hors la loi. Je m'en accommode plutôt bien, même si je trouve ça vraiment immoral de les revendre aux labos pharmaceutiques ou de les expédier en Slovaquie pour en faire des reproducteurs. Parce que merde, on va à l'Eglise tous les dimanches et c'est évident que si on continue comme ça, on va cramer en Enfer. D'autant plus que moi, j'ai déjà de quoi m’inquiéter avec les désirs sexuels contre nature que je dissimule à ma famille -pas la peine de leur fournir un motif supplémentaire d’exclusion de la tribu-. Ça anéantirait ma pauvre mère, devenue pieuse après la mort de son fleuriste, qui s’imagine que Dieu m’a dans ses petits papiers puisqu'il m'a offert le don de guérison. C’est ce qui arrive quand on se fait foudroyer sur le parvis d’une Eglise, les gens se mettent à raconter tout un tas d’inepties et vous devenez le nouveau Jésus-Christ du quartier.