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 visions nocturnes - pv anja

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MessageSujet: visions nocturnes - pv anja    visions nocturnes - pv anja  I_icon_minitimeJeu 4 Avr - 17:10

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vision nocturnes
(pv Anja)



Il siffle et rage, du bout de ses lèvres ; s'écrase contre les barreaux, s'ébroue, et recommence. De sa semelle, il écrase le sol collant et fait les cent pas, une main angoissée passée dans ses cheveux bruns, qu'il ébouriffe un soufflant une nouvelle salve d'insultes. De ses mains salies par les bombes aérosols, il serre les barres de fer de la cellule, jusqu'à ce que ses phalanges blanchissent, et repart dans un accès de furie qui le projète à l'autre bout de la cellule en deux enjambées. Brusquement, il s’assoit sur le banc, réveille le clochard qui gémit à ses côtés, crache de son haleine alcoolisée une injure, une menace. Il faut qu'il se calme, s'énerver ça sert à rien. Peut-être oui, peut-être que ce vieux clébard a l'habitude se faire prendre par les flics, mais lui, jamais. L'anguille, il file toujours entre leurs doigts potelés, entre leurs menottes, il serpente et s'enfuit entre les buildings, disparaît dans l'ombre d'un coin de rue malfamée, derrière la jupe trop courte d'une pute, il se dissimule sous le corps décharné d'un toxico – peu importe comment, il leur échappe. Alors ce soir-là, ils avaient sorti l'artillerie lourde, comme s'il était une espèce de terroriste internationalement recherché. Un fin sourire étire ses lèvres à cette pensée, il pose ses coudes sur ses genoux et plonge sa tête dans ses mains, réfléchit, respire, laisse les effets du crack s'atténuer.

Il n'est pas un putain de criminel. Il n'a pas fait de taule, il n'a pas le crâne rasé, il n'est pas le cliché du tas de muscle qui est un danger public. Il n'a pas la gueule des terroristes qui font la Une ces derniers temps, ni leur audace. Il ne fait pas exploser la Statue de la Liberté, il ne tue personne. Sa colère a lui, elle est faite de peinture et d'injures, elle s'écrase sur les murs et contre les vitres, sa rage, il la barbouille un peu partout, sur les faces des immeubles et sur les voitures des flics. Il n'est pas un loup pour l'homme, il n'est pas la dernière arme nucléaire, ne porte pas de virus contagieux ; et ses bombes à lui, elles crachent de la couleur et non de la douleur. Et pourtant, c'est lui, au fond de ce trou à rat, coincé entre un ivrogne et un toxico en manque, qui commence à souffrir. Son regard bleu s'intéresse à l'animal livide et fade à sa gauche, qui couine et s'agite frénétiquement, qui essaye d'échapper à la crise de manque. Julian sait ce que c'est un héroïnomane en manque : c'est un mec qui hurle, et hurle, qui vomit des cris jusqu'à s'en faire péter les tympans et s'arracher la gorge, tellement il a mal. Une histoire de terminaisons nerveuses. Le brun sait parfaitement que s'il frôle le bras de l'inconnu, ce dernier aura l'impression qu'on l'écorche vif. Bientôt il se foutra à poil et supportera même plus le contact du sol contre ses pieds. C'est ça, les cabots du Bronx. Il les connaît bien, il les voit souvent, partage un quotidien gris avec ces gentils abandonnés. Les toxicos, il les aime bien. Des gens normaux, qui vivent dans un monde hystérique et saturé, l'univers déformé de la drogue, des gens qui sont obsédés par la poudre et par la seringue, pas méchants pour un sou généralement. Mais un héroïnomane en manque, c'est peut-être la créature la plus chiante qui existe sur Terre, et les dernières effluves du crack lui donnent déjà mal au crâne. Il prend ses tempes entre ses deux index, et appuient dessus, fort, comme s'il voulait que le sang s'en échappe, vide sa tête, et laisse son cerveau asphyxier en silence. Il soupire longuement, alors que l'animal à ses côtés s'excite un peu plus chaque seconde, sursaute à des bruits imaginaires, des chimères monstrueuses et agaçantes. D'un bond, le brun se relève et retourne contre les barreaux, appuie son front contre le métal.

L'aventure fait une pause, entre les quatre murs de la cellule. Un moment d'arrêt, dans sa folle existence, faite de drogues douces, de filles et de rires, une étoile qui traverse et déchire le ciel de New York. Julian, le jeune prodige. Julian, l'étoile montante du Bronx. Son nom se dessine sur les lèvres gercées des pauvres gens, et ils observent, le regard curieux, cette étrange silhouette sans sexe, haute et pâle. Le visage dissimulé sous la casquette ou la capuche, l'ombre qui se projète jusqu'à la frontière de ses lèvres, par lesquelles s'échappent une fumée langoureuse, une chaleur humaine et accueillante, luxuriante. Le gosse qui donne la parole aux oubliés, avec ses graffitis violents et anarchistes, qui se fait remarquer des autorités et qui rit de ces hommes en uniforme, représentants d'une Loi bafouée et violée, une Loi que plus personne ne respecte. Ces pauvres fous se battent dans le vide, contre un vent qui dépasse de loin leur force molle, dont la puissance balayera toutes les sociétés. Il est un chien, un cafard, la vermine qui grandit dans l'ombre des immeubles désertés et squattés, qui dit les bons mots, ceux qui sonnent juste et font vibrer les entrailles. Les poulets le détestent, mais ça se comprend, ils arrivent pas à mettre la main sur mieux que lui. Un gosse en taule, et déjà ces gros lards ne se sentent plus pisser, des ailes en plastique leur poussent dans le dos et ils se voient déjà Préfet. Ils se battent pour savoir à qui reviendra le mérite d'avoir attrapé la petite ordure tatouée, ce gosse merdeux à l'insulte toujours prête et au sarcasme particulièrement énervant. Il sent leur haine depuis sa cellule, s'en délecte alors que derrière lui le toxico commence à gueuler. Tant de rage, coincée dans des corps rondouillards et des uniformes raccommodées, la police de New York n'a pas fière allure ces derniers temps. Entre deux couinements inhumains, le brun élève sa voix chantante et provocante, entre les barreaux noirs. « Ohé, mon brave ! Geôlier ! S'il vous plaît ! » Le flic un peu plus loin daigne lever un œil, sûrement parce qu'il se demande quel est le con qui parle comme un milord. Un sourire noir s'esquisse sur sa bouche, et Julian crache « Non, rien en fait. J'voulais juste voir si t'étais pas sourd. Maintenant j'sais que t'es l'puni qui va devoir supporter les gueulements d'un toxico en manque. T'as baisé la femme de ton chef, pour t'retrouver ici ? »

Le flic crache une véhémence qui fait rire le jeune anarchiste, qui recule un peu comme pour se protéger de tous ces reproches, mais il rit, rit de voir qu'on peut les provoquer si facilement, et qu'ils tombent tous dans le panneau. Mais ces conneries, ça va l'amuser qu'un temps, il le sait. Il jète un coup d'oeil à sa montre et se demande combien de temps Anja va encore mettre avant de venir le tirer de son trou à rat. Il l'a appelé dès qu'il s'est fait choper ; et alors que la créature en manque de drogue se vide sous ses yeux froids, pupilles dilatées et joues rosies par le crack, alors qu'elle tend vers lui une main torturée et suppliante, il se dit qu'il a bien fait. Il est pas un putain de terroriste, il mérite pas ce traitement. Lui tout ce qu'il fait, c'est offrir un peu de rêve aux oubliés du Bronx, en volant celui des riches. Il leur donne un semblant d'espoir, en se prétendant au-dessus des lois. La vérité, pourtant, est la même pour tout le monde. Pas plus fort, pas plus courageux ou pas plus illuminé qu'un autre, pas touché par la grâce divine et pas de haine innée pour le système. Juste brisé, baisé, juste abandonné, comme tous les autres. Et le toxico qui agonise à quelques mètres de là n'est pas si différent de lui ; sa drogue à lui, elle avait des cheveux blonds et un sourire d'une délicatesse à faire rougir de jalousie une fleur, elle avait un rire qui rappelait les chants des moineaux, des manières de chat et des mimiques de petite souris. Son manque, il a juste réussi à en faire quelque chose de plus constructif que des hurlements déchirants. Le vide, il le comble comme il peut, balance des idées dedans, des espoirs qui disparaissent dans le trou sans fond, se font avaler par l'abysse dans sa poitrine. C'est jamais assez pour lui. Jamais suffisant pour se sentir vivre, pour récupérer cette existence qu'elle lui a volé, en choisissant son meilleur ami. L'histoire d'un mec. Il revient contre les barreaux, les caressent doucement, du bout de ses doigts colorés, et pose contre le fer son front, qui rougit sous la morsure glaciale et rugueuse. Un abandonné comme les autres.
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Anja Malkovski
Reine des Glaces
Gott weiss ich will kein Engel sein

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MessageSujet: Re: visions nocturnes - pv anja    visions nocturnes - pv anja  I_icon_minitimeDim 7 Avr - 14:02




Elle était sur le point d'aller rejoindre Morphée quand son téléphone avait sonné. Pour une fois, elle avait passé une soirée tranquille, seule avec Sevastyan. Elle n'avait pas été très présente tout au long de la semaine, des affaires encore. Et puisqu'elle n'avait rien eu de prévu ce soir-là, elle avait préféré le passer avec le petit garçon plutôt que d'aller traîner dehors ou de rejoindre quelqu'un. Les mois passaient à une vitesse hallucinante ces derniers temps et elle n'avait même plus l'impression d'avoir assez de temps pour le voir grandir et évoluer correctement. Pas eu le temps de voir les transitions mais aujourd'hui, Sevastyan savait tenir debout pratiquement tout seul et adorait sauter dans tous les sens ; il tournait les pages de son livre ou attrapait des objets pour les empiler des heures durant ; il parvenait à prononcer correctement de nombreux mots même s'il était encore trop jeune pour faire des phrases et le plus impressionnant était certainement qu'il savait enlever ses chaussures tout seul. Ses mots préférés étaient devenus « Rega'd' Maman ! » chaque fois qu'il voulait lui montrer une nouvelle chose qu'il faisait correctement. Et chaque fois elle ne manquait pas de le féliciter et il s'en trouvait fier comme un coq. Il avait aussi beaucoup grandi. Il s'était affiné, allongé et était de plus en plus enfant plutôt que bébé. Il était d'ailleurs plutôt grand pour son âge. Il ressemblait aussi de plus en plus à Stanislas et chaque jour la similitude lui crevait les yeux. C'était douloureux, parfois, quand son cerveau avait un élan de lucidité et qu'elle se rappelait qu'il n'était pas son fils... Anja avait donc passé sa soirée à observer d'un œil attendri et émerveillé le petit garçon jouer, manger, baragouiner et essayer de discuter, buvant ses paroles et tentant de graver dans sa mémoire les moindres instants, ses mimiques, ses sourires. Elle l'avait mis couché après lui avoir raconté une histoire, en russe ce soir, et avait été s'installer un peu devant la télévision. Elle songeait à aller à son tour rejoindre son lit quand la sonnerie de son téléphone avait résonné dans le salon désert. C'était Julian, un peu paniqué, qui s'était fait attraper et était au commissariat.

    « J'arrive. Ne dis rien s'ils te posent des questions. »

Elle avait raccroché et avait aussitôt appelé la nourrice pour qu'elle vienne veiller sur un Sevastyan endormi. Il lui avait fallu attendre un bon quart d'heure avant que celle-ci n'arrive. Et dès qu'elle avait passé la porte, Anja avait enfilé son manteau, descendu les marches de son perron et ouvert la portière de sa berline. Ce serait elle qui conduirait ce soir, elle n'avait pas le temps d'appeler un chauffeur. Le moteur rugit et les pneus crissèrent rapidement sur les gravillons. La voiture traversa la ville à vive allure mais en respectant néanmoins le code de la route. Ce n'était pas le moment qu'elle se fasse arrêter pour excès de vitesse ou feu rouge grillé... Elle se gara devant le commissariat, descendit de la voiture et entra sans hésitation dans l'établissement. Elle n'aimait pas ce lieu. Trop d'imbéciles au m². La nuit, c'était peut-être encore pire. Ce n'était pas parce que c'était un commissariat que c'était plus sûr que les rues du Bronx, on y retrouvait la même population à l'exception près qu'ils étaient en cage. Rapidement, ses yeux cherchèrent mais les cellules n'étaient pas visibles depuis l'accueil. C'était presque vide, à part un flic qui luttait probablement pour ne pas s'endormir derrière son comptoir. Elle fit claquer ses talons pour signaler sa présence et s'arrêta devant lui.

    « J'peux vous renseigner ? »
    « Julian Cook, vous l'avez arrêté un peu plus tôt. »

Le policier la reluqua et la dévisagea en reniflant à l'évocation du nom de celui qu'il considérait certainement comme un morveux, une crapule qui ne méritait pas mieux que de croupir là. Qui ne méritait sûrement pas qu'une femme aussi classe vienne le chercher en tout cas. Elle ne lâcha pas son regard, se foutant bien de ce qu'il pensait. Elle n'était pas d'humeur à titiller l'Autorité ce soir. Plus vite elle récupérait Julian et plus vite ils ressortiraient.

    « Z'êtes de la famille ? »
    « On peut dire ça, je viens le chercher. »
    « 'stallez-vous, on va aller l'sortir et l'inspecteur va vous r'cevoir. »

Elle offrit un petit sourire sarcastique, se demandant une seconde si le pauvre avait un problème d'élocution mais, si c'était le cas, ce n'était certainement pas lui qu'ils auraient du mettre à l'accueil. Remarque, peut-être pour ça qu'ils l'avaient collé de nuit... Faisant volte-face, elle alla s'asseoir sur l'un des bancs froids, attendant qu'ils lui ramènent son protégé. La dernière fois qu'elle s'était retrouvée ici, elle avait les mains dans le dos liées par des menottes. Le siège était un peu plus confortable quand on était libre de ses mouvements, il n'y avait pas de doute. Tapotant son genou de son index, elle trouva le temps long même si seules quelques secondes s'étaient écoulées. Elle réalisa soudain que cela ne l'avait même étonnée, que ce soit elle que Julian appelle. Cela lui avait paru normal, naturel. Avec les événements récents, le môme et elle s'étaient encore un peu plus rapprochés, contre toute attente. Depuis cet été, il venait souvent voir Sevastyan, endossant le rôle de grand frère à la perfection. Alors, quand elle ne l'avait plus vu débarqué chez elle pendant un petit temps, elle avait compris que quelque chose n'allait pas. Elle était allé le chercher, dans son Bronx. Avait ramassé son petit coeur explosé. Elle l'avait obligé à venir vivre à la villa quelques temps, jusqu'à ce que ça aille un peu mieux. Pas comme si elle lui avait laissé le choix... Elle l'avait laissé déprimé et faire la loque pendant un petit temps, puis quand elle avait trouvé que le temps avait été suffisamment long pour qu'il se lamente sur la perte d'une blonde assez idiote pour ne pas l'avoir choisi lui, elle avait décidé de lui secouer les puces, de le faire se ressaisir et se remettre à vivre. La gamine n'en valait pas la peine. Il s'était remis à sortir, à graffer. Aujourd'hui, il était devenu le petit ange des rues qui tagué toute la ville et s'amusait au chat et à la souris avec la police. Sauf que ce soir, les chats avaient été plus malins. Des bruits de pas la sortirent de ses pensées et elle se releva en voyant Julian arriver escorté par un policier. Elle tendit un bras pour l'accueillir, entourant ses épaules pour se pencher sur son oreille et lui murmurer quelques mots amusés tandis qu'on les conduisait vers le bureau d'un inspecteur.

    « Ben alors Chouchou ? T'as trébuché aujourd'hui ou t'étais pas très en forme et t'as pas couru assez vite ? »

Le ton était léger. Pas d'inquiétude, sa mauvaise fée était arrivée et allait le sortir de là.
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MessageSujet: Re: visions nocturnes - pv anja    visions nocturnes - pv anja  I_icon_minitimeMer 17 Avr - 15:57

Et alors on est en là, à se frotter contre les barreaux de l'insupportable cage, à les respirer comme une drogue, il les caresse et les frôle, du bout de ses doigts peinturlurés. Il est un mauvais clown, un oublié du cirque qui a pris la fuite, las de devoir faire rire les gens pour quelques cacahuètes. Il a des rêves de grandeurs, des hauteurs dans le crâne qui culminent plus haut que l'empire state building, des besoins d’asthénosphère et de savoir, pourquoi lui, pourquoi eux, pourquoi aujourd'hui, pourquoi pas demain. Qui il est, dans ce monde fou, dans ce monde gris, et quel rôle il va devoir jouer dans cet ridicule comédie, burlesque, pas mieux rôdé qu'un mauvais spectacle de saltimbanques défoncés. Il soupire, expire cette interrogation qui lui bouffe l'esprit et concentre, focalise, l'attention s'inscrit dans les barreaux de la cage, il les observent comme s'ils avaient un visage à dévorer, à admirer. Il aime la prison, comme il aime se faire attraper et filer, comme il adore ce sentiment d'invincibilité, de domination.

C'est l'oiseau qu'on a jamais réussi à conserver dans la cellule, le rapace et le perroquet, le moineau et le pigeon, comme un lion, comme un clébard, il assume son statut de bâtard du Bronx, l'exhibe à la vue de ces flics, représentants d'une Loi pourrie. Lui il est vrai. C'est pas un faux, pas un masque, c'est pas une comédie ou un rôle, il est là, il est authentique. Ses peines, ses douleurs et ses espoirs, ont la couleur du ciel, le goût de l'océan, le parfum du goudron. Il est le gosse du 21ème siècle. Et personne n'ose dire le contraire. Il est le rejeton de la société, et quand les policiers se plongent dans son regard bleu, violent, provocant, ses pupilles dilatées et moqueuses, ils le savent. Ils sont les pères de ce gosse que la Morale a abandonné. Ils ont raté son éducation, et maintenant il est là, dans cette cellule, moisit au milieu des hurlements du toxicomane. Et puis c'est comme ça. Et puis ça s'améliorera pas. Des pas approchent, le tirent de son silence, ils ouvrent les paupières et jètent un regard vide au poulet qui approche, en remontant sans délicatesse sa ceinture, il ajuste son uniforme sur son corps rebondi qui n'est pas fait pour les vêtements serrés, pas fait pour les vêtements du tout. Le policier abat sèchement sa matraque sur les barreaux, le bruit strident déchire l'atmosphère des cellules. Il gueule, comme un enfoiré, ordonne au toxico de se la fermer – et ça fait jamais qu'empirer les choses, Julian le sait, il a pour cette misérable créature de la compassion infinie, de l'amour, de la tendresse fraternelle. Ses poings se serrent, il rêve d'en découdre, d'écraser le visage du flic sur le sol et de lui faire bouffer le carrelage, de mettre à feu ses nerfs, pour qu'il sache comme ça fait mal d'être en manque, comme c'est douloureux, la souffrance à son paroxysme...

« C'est pour toi Cook. » Il se détend, brusquement, ses muscles se relâchent et il lâche un petit soupir de ravissement, s'extirpant de la cellule dans un grincement de serrure et de porte qu'on ouvre. Il abandonne sans regrets le toxico et le clochard – il les rejoindra un autre jour, et discutera avec eux, s'il a le courage. Le brun sait parfaitement qui est là, sait maintenant qu'il a reprit le dessus, ressent cette bouffée de puissance, d'autosatisfaction, et son égo se ravit de voir le flic lui lancer des regards acerbes. Le poulet ronge son frein, piétine, sûrement bouffé par l'envie de faire ravaler sa fierté au petit merdeux tout sali de ses couleurs, de ses rêves vaporeux. Mais il peut pas. Il est du mauvais côté de la ligne, dans la lumière, dans la légalité, un homme bedonnant frustré de ne pouvoir faire ce qu'il veut. Julian lui, peut ; il roule des épaules, ajuste la veste sur son dos et se recoiffe en souriant, prêt à retourner sur le devant de la scène, sous la lumière aveuglante des projecteurs grésillants. Il débarque dans l'entrée, et elle est là, splendide, merveilleuse dans son manteau, ses cheveux légèrement ébouriffés et ses yeux brillants de fatigue. Elle est belle, comme toujours, quand elle se lève, se meut et glisse contre lui, un bras autour de ses épaules et une paire de lèvres dans le creux de son oreille. « Ben alors Chouchou ? T'as trébuché aujourd'hui ou t'étais pas très en forme et t'as pas couru assez vite ? » Le brun éclate d'un rire franc, heureux, et recule un peu pour se défaire de l'étreinte, se tortillant comme un serpent entre les mains d'une habile charmeuse. « On s'était pourtant mis d'accord pour que tu n'utilises ce surnom qu'en privé. »

Le flic se racle la gorge, apparemment très énervé par ces élans d'affection qui bien sûr de le concernent absolument pas ; et Julian le sait, ce flic tuerait pour qu'une femme comme Anja vienne le chercher dans les entrailles les plus gluantes et sombres de New York. Il se redresse, et défie avec amusement la maquerelle de son regard électrique, lumineux de crack. « Prête ? Je t'offre un truc sans caféine après, s'tu veux. » Il est ravi de la voir, il est toujours ravi, de retrouver sa mauvaise fée, sa marraine, comme un clebs qui fait la fête à sa maîtresse, il sourit et s'agite. Il sait qu'elle le comprend – elle l'a toujours compris, son besoin maladif de liberté et ses conneries de petit con. Peut-être qu'elle l'engueulera de s'être fait choper, de l'avoir amené dans une prison glauque à 2 heures du matin, mais il saura que c'est pour la forme, pour rire, par affection. Il le sait, elle l'aime, autant qu'il l'aime, autant qu'il ne peut plus vivre sans elle ou s'en sortir sans elle. Elle est partie intégrante de sa vie, pièce du puzzle, planète de son système solaire spirituel. Le policier perd patience et les pousse à se rendre rapidement dans le bureau du commissaire. Julian glisse dans les reins de sa marraine une main audacieuse, amoureuse, et en profite pour se pencher faire le petit homme pour lui murmurer « Tu peux déjà aller chercher mes affaires, ça t'évitera de t'relever quand on sortira. » Le clébard ébroue ses cheveux bruns et pénètre, bien accompagné, dans la petite pièce, inconfortable et qui sent les bonbons à la menthe de mauvaise qualité.

Le commissaire les attend, assis sur son fauteuil défoncé. Au moment même où ses yeux interceptent ceux du brun, il soupire et se masse le front, en prévision d'un violent mal de crâne que ce gosse lui déclenche toujours. Julian doit avoir la gueule d'une migraine un lendemain de cuite. D'une main faussement polie, hypocrite à souhait mais encore louable, l'homme aux tempes grisonnantes invite l'étrange duo à prendre place. Les antithèses, les paradoxes s’assoient ; ils sont si différent, elle, si belle et élégante, et lui, qui s'affale dans la chaise et tousse un reste de shit. Le commissaire les dévisage quelques secondes, avant de déclarer « Faisons ça simplement, vous voulez bien ? Compte tenu des actes de monsieur Cook, vous avez le choix. » Il fait une pause, théâtrale, ridicule, qui ennuie le brun, d'ailleurs l'intéressé regarde le plafond, les fissures et la peinture qui se fissure, cet endroit miteux. Pour peu, il aurait de la compassion pour ce flic. Pour peu, oui. « Trois semaines de prison, ou $2000 d'amende. » Il raille, grimace, et ajoute d'une voix acide, d'un regard noir posé sur l'oiseau qui lustre ses plumes dans le fauteuil. « A vous de voir s'il en vaut vraiment la peine. »
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Anja Malkovski
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MessageSujet: Re: visions nocturnes - pv anja    visions nocturnes - pv anja  I_icon_minitimeJeu 18 Avr - 2:42

Un rire répondit au sien. Clair et presque enfantin. Ca l'amusait qu'il râle quand elle l’appelait Chouchou devant tout le monde. Pour sa défense, ce n'était pas vraiment en public parce qu'elle le lui avait chuchoté à l'oreille. Mais elle savait aussi qu'il ronchonnait pour la forme et que le reproche n'en était pas réellement un. Il se courrouçait et se gonflait d'orgueil comme un paon vexé mais elle savait qu'il aimait cette particularité. Il aimait être son Chouchou et pas juste un gamin paumé qu'elle viendrait ramasser. Il ne le disait pas et rechignait mais elle le devinait. Parce qu'elle commençait à le connaître, son petit protégé. Alors elle ne s'offusqua pas et préféra rire. Il s'échappa de sous son aile protectrice, peut-être pour jouer le susceptible, peut-être pour prendre son indépendance et ne pas être infantiliser. Elle n'essaya pas de le rattraper et le laissa glisser de son bras, se contentant d'échanger avec lui un regard complice. Elle en aurait presque oublié le policier qui les suivait s'il ne s'était pas mis à faire des vocalises en faisant vrombir ses cordes vocales. Qu'est-ce qu'il lui arrivait à celui-là ? Etait-il mécontent que le prisonnier et la responsable qui venait le sortir de là ne prennent rien au sérieux ? C'était vrai, elle n'aurait pas dû rire. Elle aurait dû être affolée de venir le chercher au commissariat, tétanisée qu'il ait pu faire une bêtise. Ce n'était pas le cas. Elle riait parce que sa désinvolture la ravissait. Elle l'encourageait même, à poursuivre ses bêtises. Tant qu'il ne faisait de mal à personne. Elle avait quelques fois essayé de l'amener dans son monde noirâtre et ensanglanté mais elle avait vite compris son erreur. Ce n'était pas pour lui. Julian était un rayon de soleil. Il n'était pas fait pour les profondeurs boueuses, il lui fallait de la lumière. Et elle s'était rendue compte qu'elle le préférait mille fois innocent et encore empreint d'une certaine pureté. Elle le comprenait aujourd'hui, elle aurait détesté le voir se salir les mains avec les mafieux. Les seules tâches qu'elle tolérait étaient celles de ses bombes de peinture et, elle en était certaine, elle l'engueulerait elle-même aujourd'hui s'il se fourrait dans des affaires trop louches. Ce soir, il s'était juste fait arrêter pour ses graffitis alors oui, elle riait. Parce qu'elle avait tellement l'habitude de jongler avec la justice et l'illégalité qu'il ne lui faudrait pas longtemps pour le sortir de là.

Se détournant une seconde du jeune homme, elle vint poser son regard clair et vif malgré la fatigue sur le geôlier. Elle le toisa une seconde, lui faisant clairement comprendre que s'il avait quelque chose à dire, elle était toute ouïe. Le sourire n'avait pas quitté ses lèvres mais était moins enjoué, plus pernicieux et mesquin tandis que la brune dévisageait le policier. Elle détestait ces idiots qui se prenaient pour les rois du monde. S'il savait qu'il lui suffisait d'un coup de fil pour faire sauter son job... Et ceux-là, que l'on avait forcé à travailler de nuit parce qu'ils n'étaient pas assez bons, ou qu'ils n'avaient personne à la maison, étaient les pires car la colère se lisait sur leur visage. Cette rage d'être relégué au fond du panier avec les mauvais oiseaux de nuit. Ils retournaient la haine de leur hiérarchie sur les pauvres gamins qui se faisaient chopés pour avoir trop bu, pour s'être drogués ou parce qu'ils rêvaient de liberté une bombe aérosol à la main. Elle aurait pu se foutre de lui comme pour rire, se le mettre sous la dent rien que pour l'amusement mais elle n'était pas d'humeur. Elle n'était pas venue pour cela. Et la raison de sa venue attira de nouveau son attention, lui demandant si elle était prête comme il aurait pu demander à une actrice si elle s'était préparée à monter sur scène. Ce ne devait être qu'un jeu pour lui, et il avait raison de le prendre comme tel. Si elle faisait une belle performance, il lui payerait même une boisson. Sans caféine. Il voyait juste, elle avait été sur le point d'aller se coucher et ne tenait pas particulièrement à sortir de cet état en s'énervant un peu trop. Elle acquiesça d'un sourire et d'un petit signe de tête. A l'entrée du bureau du chef, elle sentit la main de Julian dans son dos alors qu'il ne pouvait pas s'empêcher de titiller le policier. Elle l'imaginait presque qui fumait des oreilles mais elle préféra ne pas se retourner, affichant un petit air sérieux et responsable malgré la lueur rieuse qu'elle ne parvenait pas à cacher au fond de ses yeux bleus. Sans un mot, elle prit place comme le commissaire les y avait invité, le détaillant sans la moindre gêne. Le pauvre avait l'air épuisé et peu enclin à passer des heures sur le cas de Julian. Il le confirma d'ailleurs en s'empressant d'annoncer la sentence. Trois mois de prison ou une amende. Sa dernière phrase en revanche la dérangea et ses yeux se firent plus incisifs. Est-ce qu'il en valait la peine ? Si ce n'était pas le cas, croyait-il qu'elle se serait déplacée à cette heure dans cette station de police par pur plaisir ? Imbécile. Le regard ancré dans le sien, après une seconde à le fixer, elle se décida à répondre du ton le plus dégagé possible pour éviter tout agacement ou raillerie.


    « Si vous êtes père de famille, Monsieur le Commissaire, alors vous devez savoir qu'un fils en vaut toujours la peine. »

Julian n'était pas son fils. Elle ne l'avait pas porté dans son ventre, ni mis au monde. Il n'était pas son fils, il était bien plus. Il était son filleul, il était son petit frère, il était son petit protégé, son petit con à la belle gueule. Il était son Chouchou. Et il en vaudrait la peine, toujours. Le sourire avait disparu de ses lèvres et de ses yeux comme elle continuait d'accaparer le regard de l'inspecteur. Elle était d'un calme olympien, son visage s'était fait impassible et son regard de glace pour qu'il mesure bien toute la portée de ce qu'elle était en train de dire. Elle ne plaisantait pas et il n'avait pas intérêt à se foutre d'elle ni du jeune homme qui était assis à ses côtés et qu'elle ne voulait pas pour l'instant regarder pour ne pas lâcher le quarantenaire face à elle. Elle lut dans les yeux du policier son incompréhension, probablement se demandait-il ce qu'une femme de son standing trouvait à un gamin rebelle. Mais elle n'avait pas à se justifier et se foutait de ce qu'il pensait. Pour asseoir son autorité naturelle, elle croisa ses jambes, sans donner une seconde de répit au commissaire.

    « Je peux savoir de quoi exactement Julian est accusé ? »

L'homme se pencha quelques instants, cliquant sur son ordinateur pour afficher ce qui devait être le casier de Julian.

    « Monsieur Cook a été arrêté sur le fait pour vandalisme, dégradation de bien public et délit de fuite à multiples reprises. »
    « A multiples reprises ? Vous avez des dates ? »

Le policier regarda un instant Julian, puis revint sur Anja, commençant à comprendre qu'elle n'allait pas lâcher l'affaire et que le petit merdeux allait s'en tirer sans trop de dégâts.

    « Nous savons qu'il est celui que nous recherchons. »
    « Oh, si vous le savez tout va bien alors. »

Ca sentait l'ironie à plein nez et l'inspecteur soupira tandis qu'Anja haussait négligemment les épaules.

    « Et si moi je sais que vous aimez parfois acheter de la drogue, vous croyez... »
    « Madame je ne vous permets pas ! »
    « Mais enfin je vous dis que je le sais ! »

Et le voilà. Ce sourire parfaitement hypocrite qu'elle offrait chaque fois qu'elle s'apprêtait à enterrer un adversaire, mis à terre par KO. Le policier lui fit les gros yeux mais elle n'en avait que faire. Elle se pencha un peu en avant, pour le regarder bien en face tandis qu'elle annonçait la suite des événements avec charisme.

    « Vous ne pouvez pas condamner Monsieur Cook pour vandalisme et délit de fuite à plusieurs reprises sans avoir la preuve que c'était bien lui. Aujourd'hui certes, sinon il ne serait pas là. Mais les fois précédentes, vous n'avez aucune preuve. Autant que je sache, c'est la première fois que je vois Julian avec de la peinture sur les mains. C'est la première fois que tu fais ce genre de bêtise Julian, n'est-ce pas ? »

Sans plus hésiter, la russe se tourna vers le brun avec un sourire tout à fait fourbe, l'invitant à entrer dans son jeu. Il lui suffisait de démentir, de faire l'idiot. Résister à l'envie de récolter la gloire de ses actes passés et de son intelligence à courir plus vite qu'eux parce qu'ils ne l'avaient attrapé qu'aujourd'hui. Il ne fallait pas qu'il s'en vante, simplement. Allez, Chouchou, un petit effort.
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MessageSujet: Re: visions nocturnes - pv anja    visions nocturnes - pv anja  I_icon_minitimeJeu 27 Juin - 15:36

Maintenant on attend.

Bientôt il sera dehors. Bientôt la ville sera de nouveau à lui, à ses pieds, des kilomètres d'asphalte défoncé et des taxis qui illuminent les rues. Bientôt il retourna peinturlurer les murs, gueuler sa haine, sa colère, et saluer le monde de son majeur. Il n'a pas honte d'être la vermine merdeuse – pas honte de savoir qu'il fera pas long feu. Le genre d'étoile filante qui traverse le ciel noir, comme des centaines d'autres avant lui, dans l'espoir d'être autre chose qu'un bout de pierre en fusion. Espérer être mieux qu'un caillou, ne pas finir en tas de cendres. Mais c'est le risque, le risque que tous les mecs comme lui prennent : se brûler plus que le bout des ailes, être une boule incandescente, violente, irradiante, qui explose avant de toucher le sol. Il a pas peur de qui il est, au contraire le clébard assume tout son être, toute cette décadence et cette merde, il a plus beaucoup d'espoir, plus l'envie de s'en sortir. Les restes du crack font danser les meubles autour de lui, déforment les lignes et les lumières agressent ses pupilles crevées. C'est toujours sous influence qu'il a l'impression de voir le monde comme il est réellement : les hommes comme des monstres, des couleurs ultra-saturées, criardes, hardcore, un sol glissant et pas vraiment palpable. Il aime le goudron, la pluie et les putes qui lui sourient, le crack et la dope, il aime Winnie et Anja, il les aime comme un poète aime la Nature. Elles l'inspire et le laisse toujours muet, dans une stupéfaction et une admiration béates.

Le flic en face de lui a pas encore commencé à transpirer, mais Julian en est sûr, ça va pas tarder. Tout New York connaît Anja ; tout le monde reconnaît le son de ses talons, la couleur ébène de ses cheveux, sa peau pâle. Même l'ombre qu'elle projète sur le mur dont la peinture s'écaille, les courbes alléchantes. Plus que du respect, c'est de la peur qu'elle impose. Pas lui, non, le jeune chien a appris à ne pas les craindre, elle et le bâton immatériel qu'elle emporte partout avec elle. Et elle frappe, et frappe, les idiots et les trop confiants, elle leur apprend à la craindre, à changer de trottoir quand elle passe, comme une belle-mère violente, pointilleuse et susceptible. La mauvaise fée de New York, c'est elle en quelque sorte ; lui, il est juste un petit oisillon tombé du nid, qu'elle a prit sous son immense aile noire. Le commissaire en face de lui essaye de faire le lien entre le chien galeux et la lionne, entre la panthère et le cafard. A quel moment le monde a-t-il cessé d'être logique, a-t-il décidé que les opposés s'associeront, que les antithèses se complèteront, s'accepteront et se défendront. Il tente de garder son calme, un air froid et maître de la situation. Mais en face de lui c'est plus un merdeux défoncé, et le brun le sent, le sait, le flic en a conscience. Au moment où la reine avait posé son talon dans ce commissariat, le brun était sortit d'affaires. Encore. Maintenant il a plus qu'à se caler confortablement dans le fauteuil, faire grincer les pieds de sa chaise et le dossier, enlever un peu de peinture qu'il a sous les ongles, ruminant sa provocation ; et quoi, la fierté ? Se faire sauver par une femme et en avoir honte ? Voilà bien quelque chose qui lui échappait, songe le gamin en se grattant l'arrière du crâne et en passant une main dans ses cheveux, certaines mèches étant mouchetées de petites gouttes colorées. Il écoute d'une oreille distraite la conversation, loupe quelques subtilités et quelques menaces, le crack rend la concentration glissante, savonneuse et vaporeuse, il arrive pas à rester sérieux. Un fil qui dépasse de son pantalon, une tâche de peinture qu'il avait pas remarqué, un dossier qui traîne, des noms qui défilent et des coins de photos, tout le déconcentre et le captive. Il a envie d'une clope. De café. Et de pisser.

« Nous savons qu'il est celui que nous recherchons. » Evidemment qu'ils le sachent, les flics adorent se la jouer fourrière de New York, embarquer tous les chiens galeux, ceux qui ont la rage, la fourrure sale et les crocs noirs, ils aiment nettoyer les ruelles insalubres de cette vermine puante. Et depuis qu'Ella a décidé que son meilleur ami était mieux que lui, Julian était devenu un des chefs de meute. Pas vraiment violent, pas vraiment dangereux, mais son image agressait les pupilles apeurées des passants et des petits mecs comme ça, la ville n'en voulait pas. Enfin, c'est ce qu'on lui avait dit. Anja, ça ne l'a jamais gêné. « Autant que je sache, c'est la première fois que je vois Julian avec de la peinture sur les mains. C'est la première fois que tu fais ce genre de bêtise Julian, n'est-ce pas ? » Un sourire vient étirer ses lèvres sèches et il relève vers elle son visage anguleux, ses pommettes saillantes et ses iris électriques. Il pourrait faire le fier, lustrer sa fourrure. Mais c'est pas son genre. La gloire, l'or, la reconnaissance du monde, très peu pour lui. Il préfère être dehors. « Evidemment. C'était juste pour essayer. » Il se tourne vers le flic, cherche sur le bureau une bible, qu'il trouve un peu plus loin. Sur le petit bouquin, il abat une main ferme, fait claquer sa paume sur le livre de Dieu, et sourit de toute sa jeunesse arrogante. « Je jure devant Dieu que j'recommencerai pas. »

C'est quoi Dieu. C'est quoi une Bible, un psaume et une prière, une religion autre que celle de la rue, un mode de vie autre sur la survie. Ses doigts colorés caressent les pages cornées, sous le regard dégoûté du commissaire (il transpire, enfin, remarque Julian). Lorsqu'il retourne poser ses omoplates contre le dossier de la chaise, l'homme en face de lui pousse un soupir long, terriblement fatigué. « Ça vous amuse de te foutre de la gueule des gens ? Mais c'est la Loi, gamin, et un jour tu... » Il y a un blanc, le flic braque son regard sur la maquerelle. « Un jour vous, vous serez rattraper par la Justice. »

Mais pas ce soir. C'est le sous-titre, l'astérisque, le petit caractère sous la belle formule. Ce soir, il s'en sort. Il y a un blanc, ou alors une confrontation entre Anja et le flic, Julian ne sait pas trop, entre temps il s'est penché en avant, les coudes sur ses genoux et il s'est remis à son grand nettoyage, grattant de ses ongles la peinture qu'il a partout, phalanges et avant-bras, y'en a plein son pantalon et son t-shirt, ses cheveux et même sur une de ses joues. Comme si le gosse avait plongé dans un rêve psychédélique liquide. Tout d'un coup Anja se lève, et le brun la suit, avec un peu de frénésie, un petit côté de papillon de nuit, qui s'agite comme un épileptique autour de la flamme dansante, brûlante, sur ses talons hauts. Il s'accroche à ses chaussures, la suit comme son ombre, étouffe un bâillement derrière son bras. A l'accueil, ses affaires l'attendent sur le comptoir et il récupère tout, sans un mot, pour ne pas causer plus d'ennuis à sa marraine ; pourtant le sourire qu'il adresse au flic de garde en dit long, et il hésite à lui adresser un clin d'oeil complice. En se dirigeant vers la sortie, il regarde autour de lui – il quitte sa seconde maison après tout, sa demeure de campagne. Enfin, il pousse la porte, la tient à Anja, et retourne respirer l'air, pas frais, pas pur, non, l'air pollué et goudronné de New York. Tout de suite plongé dans une semi-obscurité reposante, Julian soupire de bien être et enfile sa veste, puis fouille dans ses poches pour sortir son tabac. Tranquillement, il commence à rouler une clope. « Du coup j'ai pas trop suivis... J'te dois combien ? » Il regarde enfin sa marraine, et lui lance un sourire un peu amoureux, un peu désolé, et amusé. « J'y tiens. Y'a pas longtemps y'a une gosse de riches qui s'est intéressé à mes graffitis. J'vais pt'être me faire du fric, qui sait. » Il lèche le papier blanc, puis sort son briquet. En descendant les marches du commissariat, il demande « T'en veux une ? » Une clope. En attendant qu'il puisse la rembourser. « Oh attends... » Le brun fouille dans les poches de son manteau et en sort une petite pile de pièces, qu'il compte méticuleusement en descendant les marches grises et sales. Avec un sourire triomphant, il déclare « Pile poil pour un café ! »
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Anja Malkovski
Reine des Glaces
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MessageSujet: Re: visions nocturnes - pv anja    visions nocturnes - pv anja  I_icon_minitimeSam 6 Juil - 22:51

C'était son tour d'attendre. Attendre de voir si Julian allait la suivre et assurer n'avoir jamais fait de graffiti auparavant pour s'en tirer sans trop de dommages ou si son envie de reconnaissance allait prendre le dessus et le faire frimer et revendiquer ses délits passés. Elle ne pensait pas, cela dit, qu'il opterait pour la deuxième solution. Elle savait que ce n'était pas forcément son but, contrairement à elle : la gloire et le pouvoir. Il se fichait bien de tout cela, ne faisant que suivre son instinct. Et elle aimait cette partie de lui qui n'agissait pas par intérêt mais par pure passion. Elle aimait sa spontanéité et sa simplicité et ne souhaitait pour rien au monde qu'il se mette à être plus calculateur et manipulateur. Il était très bien comme ça, parfait dans la beauté de sa jeunesse et sa liberté embrassée. Et puis, s'il l'avait appelée elle pour le sortir de là, elle doutait qu'il aille à l'encontre de ce qu'elle lui conseillait. Elle n'était pas venue pour faire tapisserie ou juste faire jolie mais bien pour le sortir de là le plus vite possible. Comme elle savait ses motivations, elle savait aussi qu'il ne supportait pas l'immobilisme et l'enfermement. Alors elle était venue ouvrir la porte de sa cage, quitte à venir défier les matons qui le gardaient enfermé. Après tout, cela faisait partie de son quotidien presque, aller contre l'autorité qui régissait cette ville. Si elle le faisait pour elle, elle ne voyait pas pourquoi elle ne pourrait pas le faire pour Julian.

Au moment où il releva son visage vers elle et où ses yeux croisèrent l'espièglerie des siens, elle sut que c'était gagné et qu'il la suivait. Alors, à partir de cet instant, c'était dans la poche et il avait pratiquement déjà mis un pied dehors. Ne manquait plus qu'elle paye son amende pour qu'il puisse mettre le deuxième. Confirmant ce qu'elle venait de lire sur son visage, le petit brun déclara que c'était effectivement la première fois qu'il utilisait des bombes de peinture, "juste pour essayer". Anja s'était également tournée vers le policier, pour faire front avec Julian, retenant un sourire de fierté qui aurait pu s'avérer victorieux. Ils venaient de gagner mais il était inutile de titiller plus encore le commissaire en lui exposant son échec. Ils n'auraient fait qu'y perdre des points. Gardant un visage neutre, elle eut néanmoins une lueur désapprobatrice quand elle vit le jeune homme attraper la Bible et jurer sur celle-ci. Les sourcils de la maquerelle s'étaient à peine froncés, mais déjà elle s'appliquait à effacer sa contrariété. Elle avait beau le soutenir et être là pour lui, il y avait des choses sur lesquelles elle n'était pas d'accord avec lui. Ce n'était pas un scoop, Anja était croyante. Elle avait même chez elle, une petite chapelle dans laquelle elle faisait parfois venir un pasteur pour se confesser. Ses parents l'avaient élevées depuis toute petite dans la religion orthodoxe et, même si elle avait fini par remanier la religion à sa sauce et ne plus réellement considérer son Dieu comme celui des autres croyants, elle n'aimait tout de même pas beaucoup que Julian s'en moque. Le regard teinté d'une légère sévérité, son attention fut reprise par l'homme de loi qui, las, rappelait que la loi était la loi au jeune adulte, ne manquant pas de se tourner vers elle pour tenter de lui rappeler, à elle aussi, qu'elle finirait par être rattrapée. Oh, pitié, qu'il lui épargne ses sermons. Il n'était pas le premier à la menacer de la faire tomber et ne serait pas le dernier mais pour l'heure, elle était toujours debout, droite, fière et provocante. Pas trop toute de même. Encore une fois, elle n'était pas venue pour ça aussi se contenta-t-elle d'un sourcil légèrement arqué et d'une mine polie, feintant de ne pas voir de quoi il parlait. Elle resta une seconde à le fixer ainsi, faussement narquoise. Puis, voyant que personne ne bougeait.


    « Ce sera tout ? »

C'était effectivement tout. Elle aurait pu négocier et vouloir baisser le prix de l'amende puisqu'il était accusé pour cette unique prise et non pas pour récidive mais elle n'avait pas envie de batailler plus, également pressée d'en finir et de sortir d'ici. Elle n'aimait jamais beaucoup trainer dans le commissariat. Puisqu'ils n'avaient plus rien à faire là, Anja finit par se lever, aussitôt suivie par Julian, ne se retournant pas un instant vers le commissaire désemparé qui restait assis à son bureau. Elle s'arrêta à l'accueil pour régler l'amende, sortant quelques billets en grosse coupure pour régler le montant le temps que Julian ne récupère ses affaires. Une fois son argent ramassé par le policier, elle se dirigea sans plus attendre vers la sortie, précédée de Chouchou qui devait être pressé de quitter ce bâtiment. Ses talons résonnèrent une dernière fois dans le calme du commissariat, tintant comme un dernier pied de nez à cette liberté toujours acquise pour elle comme pour son protégé. Dehors, il faisait plus frais. La porte à peine franchie, elle resserra doucement son manteau autour d'elle, dévisageant Julian comme il lui demandait ce qu'il lui devait. Pardon ? Avait-elle bien entendue ? Mais oui, le voilà qui persistait et insistait. De une, elle ne voyait pas avec quel argent il pourrait bien la rembourser, étudiant qu'il était. De deux, ce serait bien un comble qu'elle accepte de l'argent venant d'une personne à qui elle tenait. Mieux même, ça lui faisait presque plaisir de payer pour l'avoir sorti de là et de cautionner ses envies de rébellion.

    « Tu me dois rien du tout. Tu me rembourseras le jour où t'auras rien d'autre à penser financièrement parlant, en attendant je veux pas de ton argent, j'en ai bien assez comme ça. Tu ferais mieux de t'acheter du shampooing pour retirer toute cette peinture ! »

Inutile de dire que la discussion était close et qu'elle n'accepterait rien de lui tant qu'il ne serait pas devenu millionnaire. Illustrant ses propos, elle glissa une main légère jusqu'à une mèche de ses cheveux, tentant d'emporter avec ses doigts les résidus de peinture mais ceux-ci restaient collés à ses cheveux bruns. Abandonnant le combat, elle retira sa main, acceptant la cigarette qu'il lui proposait, de même que le café. Elle ne voulait pas de son argent et des 2000$ qu'il voulait lui rembourser mais elle pouvait accepter un café. Fourrant ses mains dans ses poches comme elle descendait les marches à sa suite, elle regarda rapidement autour d'elle mais la rue était assez calme en cette nuit. Seuls quelques passants y flânaient, rentrant probablement chez eux ou rejoignant un endroit précis.

    « Ils font des cafés à emporter juste en face. »

Le "à emporter" n'était pas tout à fait innocent et Julian le découvrirait bien assez vite. Même s'il était également vrai qu'elle n'avait pas particulièrement envie de s'asseoir à une table, entourée par d'autres personnes. Elle n'avait pas envie de voir les autres ce soir, ces autres qu'elle supportait assez à longueur de journée. Traversant la rue tout en allumant la cigarette que Julian venait de lui tendre, elle passa la porte du café sans se soucier d'entrer avec sa cigarette allumée. S'arrêtant devant le comptoir, elle commanda un décaféiné, laissant Chouchou demander ce qu'il voulait et, une fois le serveur parti chercher leurs commandes, elle se tourna vers le brun avec un sourire, une petite étincelle dans les yeux.

    « Tu me montres une de tes œuvres après ? Que je vois au moins de mes propres yeux pourquoi tu m'as fait sortir en pleine nuit. Et sur le chemin, tu pourras peut-être m'expliquer pourquoi tu t'es fait prendre aujourd'hui ? »

Et dans le fond de sa voix résonnait une gentille moquerie, de même que dans son sourire complice et son regard amusé.
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MessageSujet: Re: visions nocturnes - pv anja    visions nocturnes - pv anja  I_icon_minitimeJeu 25 Juil - 18:42

Elle accepte.

La clope, de le sortir de taule ; d'être une marraine, une mère, une copine, un porte-monnaie, une porte de secours, un refuge. Elle accepte comme toujours, avec un brin d'humour emmêlé dans ses mots de velours et ses faux reproches. Dans la lumière tamisée, jaune que leur renvoient les lampadaires, elle a presque un petit air irréel. Une fée, toute vêtue de noir et dont la chevelure électrise l'ambiance. Et pourtant elle ressemble autant à la bonne fée du conte, que Julian ressemble à Cendrillon. Lui qui préfère voyager en citrouille qu'en carrosse, elle qui préfère vendre des filles plutôt que de les sauver – mais il dit ça, il en sait trop rien en fait, peut-être qu'Anja les sauve, oui, les sauve de la rue et d'une mort certaine, d'un oubli dans les égouts. Elle accepte, donc, comme toujours, Julian lui tend la clope qu'il s'est originellement roulé pour lui-même. Il s'en roule une deuxième – quelle différence ? Ça doit être la millième depuis le début de journée. Il a les poumons en cendres, les alvéoles pleines de goudron et la nicotine s'est incrustée si profondément en lui qu'un bain de désinfectant ne servirait à rien. Il est foutu, comme elle, et pourtant ils remportent les batailles ensemble. C'est pas la même arrogance qui fait danser la flamme au fond de leurs regards, mais c'est toujours cette petite fierté, qu'ils n'osent pas avouer à voix haute. Hé, on a encore niqué ces cons de policiers.

Il essaye de pas penser au fait qu'il se soit fait prendre. Pourquoi, pourquoi cette fois ? Il ne veut pas y penser. Ça ne lui plaît pas trop, d'avoir dû appeler Anja au milieu de la nuit, même si la revoir ça lui fait toujours plaisir ; non, quand même, il n'est plus un gosse, plus un morveux que la Russe doit couver et sauver. Pourquoi cette fois ses ailes n'ont pas étaient suffisantes, pourquoi il s'est brûlé, pourquoi il y a laissé un peu trop de plumes, pourquoi. Ça résonne au fond de son crâne douloureux, les restes du crack sont toujours désagréables. La bouche sèche comme le désert de Namibie, les yeux rouges et fatigués, la tête lourde qui roule sur des vertèbres qui craquent, il a du sable dans les articulations et  de l'acide lactique dans les muscles. C'est en faisant quelques pas qu'il se rend compte qu'il a mal aux genoux. Et quand il se penche, l'air de rien, pour voir ce qu'il y a, le brun se rend compte qu'il est écorché. De partout. Au travers du trou de son jean, de ce tissu déchiqueté, on aperçoit le sang et les gravillons plantés dans la chair déchirée. Il se redresse, et observe ses avant-bras : pareil. Surtout sur le bras droit, sur toute la longueur de l'avant bras, il manque une couche de peau. Le goudron a tracé des petits sillons dans son épiderme blanc et tendre, et le sang  séché, coagulé, a noircit et craqué, faisant des croutes éphémères qui ont déjà commencé à se fissurer. Ça va pisser le sang, bientôt. Avec la drogue, il a même pas senti. Mais Anja est déjà partie, quelques mètres devant lui, et lâche « Ils font des cafés à emporter juste en face. ». Parfait ? Oui parfait.

Il a la bougeotte, ses jambes blessées le démangent et il sait que la lumière néon des cafés du Bronx sont agressives, pour en cerveau en rémission de dope. Alors autant marcher. L'adulte aux allures d'adolescent enfonce ses mains bariolées au fond de ses poches et fume sa clope sans la toucher. Les petits nuages de fumée qu'il crache s'évaporent dans l'air frais, comme tant d'espoirs, tant de rêves que toutes ces bonnes gens ont un jour espéré voir se réaliser. Il nage en plein fleuve, celui des soupirs avortés et du bonheur oublié. Le courant est pas fort, tous ces espoirs, ils sont morts, et ils n'opposent pas de résistance – car c'est comme ça que le garçon se voit, quand son cerveau est trop abîmé pour former des idées consistantes, comme un rescapé qui a les pieds qui baignent dans des rêves dont les gens se sont séparés. Dans le café, rien d'anormal. Le jeune homme observe cette population quasiment morte, en réanimation, qui noie la solitude dans un gobelet en carton plein de liquide noir. Il y a peu de gens, et il se rend compte que si Anja fait tâche ici, avec ses talons aiguilles et son manteau griffé, lui, pas. Il a le même air que toutes ces personnes, ce regard désabusé et ce petit cœur fatigué. En se grattant la nuque, il commande à son tour, une grande tasse de café avec du lait. Sur le comptoir, il dépose toutes ces petites pièces, qui roulent et cliquètent sur le lino, le vernis écaillé. Il remarque la serveuse ; elle est jolie, derrière sa casquette ridicule. Elle a des tâches de rousseur et elle a les cheveux coupés courts, des mèches hirsutes et folles s'échappent du chapeau et semblent dire merde à la bienséance. Elle lui sourit avec un air un peu timide, troublant, avant d'aller préparer les commandes. « Tu me montres une de tes œuvres après ? Que je vois au moins de mes propres yeux pourquoi tu m'as fait sortir en pleine nuit. Et sur le chemin, tu pourras peut-être m'expliquer pourquoi tu t'es fait prendre aujourd'hui ? » Un petit rire amusé lui échappe et, par dessus son épaule, il lui lance un regard brillant. « C'est pas des œuvres, j'suis pas un artiste. » La rousse revient avec leurs commandes et les lui tend avec ce même sourire. « La rue a pas besoin d'artistes. » Brusquement il soupçonne cette fille de faire ce sourire de petite souris à toute la clientèle. Il se vexe. Ne lui rend pas son sourire et, en tendant la tasse à Anja, tourne les talons en agitant sa chevelure pleine de peinture. « Toi mieux que quiconque sait de quoi elle a besoin, il ajoute en souriant à sa mauvaise fée avec une douceur amère, elle a besoin de rêves. Des filles, des graffitis, de coke. C'est la même chose pour eux. Maquereau, dealeur ou graffeur, on est dans le même panier. Enfin. Presque. » C'est peut-être les dernières remontées de drogue qui parlent, mais il termine sa tirade par une longue gorgée de café au lait.

Il l'attend sur le trottoir, attend qu'elle soit à sa hauteur, pour lui sourire – combien de fois il lui a sourit déjà ? - et, après avoir avalé une autre gorgée, lui demande d'une voix douce et grave de le suivre. Il fait tomber les cendres de sa clope, tiens son gobelet de café, dans lequel le nuage blanc latté s'est doucement dissout et emmène sa maquerelle dans les rues sombres du Bronx. La route est plutôt silencieuse, de ce que le brun se souvient. Mais pas un silence gêné ou imposé, juste un silence, plutôt léger et agréable, pendant lequel les deux âmes noircies sirotent tranquillement le breuvage noir. Le jeune homme pense aux talons aiguilles d'Anja, à l'asphalte plein de trous et aux ruelles défoncées dans lesquelles il compte la traîner. Au bout d'une petite dizaine de minutes, il recommence à parler. « J'suis allé graffer avec un ami, fallait que quelqu'un m'aide sur ce coup-là. Le mec qui m'accompagne d'habitude a pas pu v'nir, j'ai donc pris un pote, pas forcément habitué... Alors quand les flics nous sont tombés dessus, il pas été assez rapide. C'était lui ou moi. Et lui, il a des parents chiants, des études sérieuses, c'est, c'est un type bien. » C'est étrange, dans sa bouche. Julian prend des allures de délinquant, de môme qui gâche sa vie, un gamin sans avenir, un orphelin aussi vaporeux qu'un nuage d'opium. Même si la suite paraît logique, il s'obstine : « Il peut pas s'permettre un casier. Quand j'ai voulu l'aider, enfin j'sais pas, attirer les flics de mon côté... j'me suis ramassé. De toute façon c'est pas lui qu'ils veulent, ces enfoirés. » Il avale une gorgée et gronde, la voix sombre : « C'est tellement plus simple de s'en prendre à des types qui disent tout haut ce que toute la rue pense tout bas, rongée par la peur, plutôt que d'aller chercher des noises aux vrais salauds, aux dealeurs, mafieux et autres corbeaux là. » Une seconde passe, il sursaute et ajoute, dans la précipitation « J'dis pas ça pour toi hein. Mais... tu m'connais. Tes copains, j'les aime pas trop. Ils en ont tué tellement, de mes copains à moi. » Un sourire aussi faible que la lueur des lampadaires vient étirer les traits juvéniles de son visage.

Il est désolé, mais y'a des choses sur lesquelles ils seront jamais d'accord. Des sujets qu'ils ne pourront jamais aborder, des trucs qu'ils pourront pas partager. Parce que le brun a vu trop de gosses plonger à cause de la mafia. Trop de d'enterrements, d'habits noirs, à cause d'un règlement de comptes, d'un gamin qui a pas bien fait son travail, et que le dealeur a fait payer au prix fort. Trop de putes chialer en recollant le talon cassé de leurs escarpins bon marché. Trop. Beaucoup trop.
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Anja Malkovski
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MessageSujet: Re: visions nocturnes - pv anja    visions nocturnes - pv anja  I_icon_minitimeDim 4 Aoû - 16:14

Le café offert dans une main, la cigarette presque terminée dans l'autre, la trentenaire marchait en silence et les seuls bruits qui le troublaient provenaient de ses talons qui martelaient le sol, du tissu de sa jupe qui se froissait et se défroissait au rythme de ses pas ou encore des mèches de ses cheveux qui se frottaient doucement contre son manteau dans un balancement régulier. Le silence n'était pas tout à fait hasardeux, Anja songeait, réfléchissait aux mots que le brun qui marchait à côté d'elle avait prononcés juste avant qu'ils ne quittent ce café décidément trop lumineux. Elle n'avait pas aimé ces néons qui les mettaient en scène, lui et elle. La marraine et son protégé. Elle avait vu quelques têtes se tourner vers eux, avait remarqué, l'espace d'une seconde, le regard de la serveuse quand elle devait se demander ce qu'ils pouvaient bien foutre ensemble. Le problème n'étant pas qu'on la regarde, non ça, elle en avait l'habitude, mais plutôt que des yeux inquisiteurs cherchent une explication à la relation qui les liaient, Julian et elle. Elle se fichait bien des autres et de ce qu'ils pouvaient penser mais elle n'avait pas envie qu'ils s'immiscent. Et le simple fait qu'ils les observent, c'était comme s'ils s'incrustaient. Alors la nuit, la rue, les lumières tamisées des réverbères, c'était très bien pour ce Chouchou qu'elle n'avait, à l'heure actuelle, pas envie de partager.

Elle repensait à ce qu'il avait dit. Qu'il n'était pas un artiste. Mais elle était sûre du contraire. Il ne lui avait jamais montré l'un de ses graffs et elle était certaine que, quand elle en verrait un - d'ici quelques minutes en somme -, elle le trouverait artistique. Ca se voyait, il le portait. Elle ne le voyait pas faire des gribouillis ou juste marquer un nom, une signature, une connerie que les jeunes peuvent parfois noter juste pour vouloir laisser une trace. Elle était convaincue, sans savoir pourquoi, que Julian faisait de vrais dessins et, même s'il ne voulait pas de ce mot, de l'art. Autrement, elle ne voyait pas comment quelqu'un aurait pu s'intéresser à ce qu'il faisait au point qu'il y ait de l'argent en question. Et même sans cela, il en avait la dégaine. La peinture sur les doigts, les fringues, dans les cheveux. Il avait été jusqu'à s'écorcher vif pour son art, sa passion. Bien sûr, elle les avait vu, sous les lumières criardes du café. Ces traces de sang, ces entailles, ces abrasions et les vêtements déchirés. Elle n'avait rien dit, s'était retenue de lui proposer d'aller se désinfecter chez elle : il n'était pas un petit garçon mais un jeune homme qui savait très bien ce qu'il faisait. Ca la démangeait, parfois, de le materner. Mais elle préférait le laisser faire et vivre. Ce n'était pas à elle de panser ses bobos, du moins pas ceux-là. Sauf s'il le lui demandait, mais il était trop libre pour ça.

Elle avait retenu sa langue encore quand il avait parlé de la rue. Non, elle ne savait pas ce qu'il fallait à la rue. Il se trompait. Parce qu'elle, ce n'était pas la rue qui l'intéressait. Elle visait plus haut. Il n'y avait pas assez d'argent, dans la rue. Sa clientèle n'était pas habituée à tirer un coup vite fait dans une voiture ou au coin d'une ruelle, il lui fallait un certain confort. Une suite de luxe, un jacuzzi, une limousine... Les péchés restaient les mêmes, dégoûtants, répugnants, naturels, violents, brutaux. Mais ils étaient saupoudrés de paillettes dorées et argentées. Les apparences, au fond, c'était ça son vrai métier. Ses filles restaient de vulgaires putes, mais elles passaient pour des femmes du grand monde, bien habillées, bien apprêtées, bien maquillées. Alors qu'au final, on en revenait toujours à la même chose : elles finissaient par se faire prendre par des pervers ou des salauds pour la majorité. Mais chez elle, ça payait mieux que dans la rue. Parce qu'en plus du sexe pur, il y avait surtout toutes ces informations récoltées qui valaient littéralement de l'or. Le quotidien d'Anja, c'était ça. Elle ne satisfaisait pas la rue mais ceux d'en haut, ceux qui vivaient dans les immeubles et qui toisaient la rue alors qu'ils ne valaient pas mieux que ceux qui restaient en bas. La seule différence, c'était l'argent.

Quelques mètres plus tôt, la cigarette de la brune avait fini écrasée au sol, achevée par son talon. Et maintenant, c'était son gobelet de café vidé qui finissait dans la première poubelle qui passait. Elle venait de le jeter quand Julian reprit la parole, pour finalement lui expliquer comment il avait atterri au commissariat. Ce n'était pas lui qui était plus fatigué que d'habitude, c'était qu'il avait voulu protéger un de ses amis et qu'il avait préféré prendre à sa place plutôt que de s'enfuir alors qu'il le pouvait. Parce que l'autre garçon, c'était un type bien. Sous-entendu : lui ne l'était pas assez, ou pas autant, et méritait plus de finir derrière les barreaux que son copain. Les mains bien enfoncées dans ses poches, le visage d'Anja se tourna vers celui du brun et ses yeux se mirent à le scruter, de ce regard perçant qu'elle utilisait chaque fois qu'elle devinait quelque chose que l'autre n'avait pourtant pas clairement dit. Elle resta silencieuse pourtant, le laissant terminer. Il trouvait injuste que les flics s'en prennent à lui, à eux, ses copains, plutôt que d'aller pêcher les gros poissons. Autrement dit elle, et ses copains. Ca aurait pu la blesser. Quelque part, peut-être que ça la touchait oui. Mais elle ne lui en tenait pas rigueur et comprenait son point de vue. Elle savait qu'il n'aimait pas le milieu dans lequel elle trempait et ceux qui l'entouraient. Elle l'avait bien compris, depuis le temps. Alors, même s'il ne disait pas ça pour elle, elle se sentit inclue dans le lot. Parce que oui, elle en faisait partie. Elle lui offrit un petit sourire désabusé, haussant vaguement les épaules, avant de se remettre à regarder droit devant elle.


    « C'est pas si simple Julian. Ils aimeraient bien, venir nous chercher des noises comme tu dis. Mais on leur en laisse pas l'occasion. Ils ont rien, pas de preuve, alors pour être quand même payé à quelque chose, ils s'en prennent à vous, à toi. Parce que c'est plus facile, vous êtes plus directs, plus francs. Nous on est plus vicieux, on se cache alors que vous vous faîtes ça avec plus de candeur. Mais vous avez peut-être moins à y perdre aussi. Je me fais pas d'illusions, tu sais... Un jour, comme il a dit le flic, ça va me tomber dessus. Ils finiront bien par trouver quelque chose pour m'avoir, je pourrais pas y échapper éternellement, aussi maligne que je sois. Mais ce jour-là, crois-moi, ils tomberont tous avec moi, copains ou pas. Alors fais-moi plaisir, le jour où je plonge, profite. Va dessiner tout ce que tu peux parce que même si tu te casses la gueule, y aura personne pour te courir après. Ils auront bien assez à faire avec tous les corbeaux qui essayeront de s'envoler... »

A cette pensée, elle eut un petit rire. A la fois serein et désenchanté. Parce qu'elle le savait, que ça finirait par arriver. Elle retardait au maximum ce jour-là du mieux qu'elle pouvait, mais elle était trop lucide pour se bercer de mensonges. Mais pour le moment, elle était toujours là, libre. Et lui aussi. Alors autant qu'ils en profitent. De l'autre côté de la rue, une indienne peinte sur une porte de garage la dévisageait. Elle désigna à Julian le graffiti d'un mouvement du menton, son sourire ayant perdu toute amertume.

    « Il est joli celui-là. »

Ce qui était moins joli en revanche, c'était les gémissements et les cris de douleur qui leur parvenaient. Un regard lui suffit pour apercevoir, quelques mètres devant eux, trois silhouettes qui en tabassaient une quatrième. Son visage resta cependant de marbre. Elle s'imagina une histoire de drogues, peut-être. Ou des règlements de comptes. Ou une fille ? Celui qui était à terre avait peut-être regardé de travers la copine de l'un des trois autres. Allez savoir. Les histoires de rue, ça n'intéressait pas Anja... Sans vraiment s'en préoccuper, occultant totalement les cris étouffés qui brisaient le silence de la nuit, elle se tourna vers Julian.

    « Tu me racontes ? Comment tu vas. Ce que tu fais. Tes dernières bêtises. »

C'était sa manière subtile de savoir comment il se sentait. S'il s'était remis. Parce qu'il n'y avait pas si longtemps que ça qu'elle l'avait ramassé à la petite cuiller. Elle voulait juste s'assurer qu'il allait mieux, que son petit coeur se remettait. Parce que l'adolescent à côté d'elle serait toujours mille fois plus important qu'une simple bagarre de rue...
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