Une culture, une tradition faite par les hommes pour les hommes. Un héritage, une descendance, une manière de vivre et de choisir, d'apprendre et d'éduquer. C'est ce qui coule en chaque être, c'est ce qui définie encore plus les membres de la Mara Salvatrucha ; des expatriés, des êtres perdus dans les ghettos de tout un continent avec pour seul salut le crime, avec pour seul survie celui-ci face aux institutions, avec l'envie de se protéger mais aussi de prospérer, de s'étendre, d'aller loin mais avec un code, avec des lois et des règles. Etre femme dans ce domaine n'est pas chose aisée, être femme au milieu des hommes, être fille de dirigeant d'une cliquas de Los Angeles au milieu de la violence, au milieu du sang qui finalement devient habitude, façon banale de vivre, paysage commun et philosophie normale. Plus de mère abattue par son époux par manque de loyauté, pas vraiment de père, élevés entre deux nourrices et trois parrains de confiance, ballottée comme un trophée, comme quelque chose de précieux sans vraiment obtenir ce que les autres gosses ont de coutume à cet age là c'est ce que Luna a subis sans broncher, sans se rendre compte de la brutalité avec la simple et pure envie naïve de faire comme papa, de suivre les pas de ceux qui l'entourent pour finalement se faire tatouer les initiales du gang à l'age de 12 ans, pour se faire tabasser dans les règles de l'art et se faire marier à 19 ans. Se taire, servir, obéir, tenir le rôle de simple femme et d'une épouse parfaite dans une relation à sens unique aux premiers instants, se faire robot de gentillesse et de délicatesse, n'avoir que le contrôle sur son apparence et sa maison qu'elle maîtrise au millimètre près avant de laisser éclater ses sentiments refoulés avec la peinture. Luna est une mère, une épouse, une mariée de gang envoyée à New-York avec son mari pour redresser la barre d'une unité qui s'éparpille et se perd dans les méandres de l'indiscipline et des intérêts personnels. Luna est une fleur suave qu'il est difficile d’impressionner, qu'il est difficile de faire plier malgré la fragilité de ses avants bras, malgré la finesse de ses talons aiguilles. Une rose froide et de marbre qui ne laissera passer en surface aucuns sentiments si ce n'est un sourire de convenance, des pétales délicates qui s'ébrèchent au contact des épines cachées d'une empoisonneuse pleine de fierté, une carrure frêle mais droite, le roseau qui se plie face au vent dangereux et qui se relève en rajustant le tissus de sa tige.
...avec plus de détails
Définition de l'enfer et du paradis pour le personnage
Le pire cauchemar de Luna serait probablement celui de perdre son paradis déjà présent, tout ce qui a été construis jusqu'alors et ce sur tout les points; que ce soit en passant par sa famille ou bien pour la Mara entière: - Son peuple s'est battu, a souhaité passer outre les guérillas du Salvador en s'installant à Los-Angeles, en reprenant ce que les petits cartels de rue s'étaient évertués à faire de leur temps: s'enrichir avec de la drogue de premier choix venue de l'étranger à un prix cassant la concurrence, parfois s'égarer dans le trafique d'humain, de temps à autres prostituer mais toujours agir pour eux, pour le gang salvateur. Son père et son mari ont posés des briques à l'édifice et si le château de carte se mettait à s'effondrer sur eux la jeune femme ne saurait que faire pour les relever... - Son couple avec Salvatore est tout ce qu'elle possède, tout ce qu'elle chérie le plus au monde, tout ce pourquoi elle pourrait se battre corps et âme, ce pourquoi elle serait capable de tuer, d'arracher, d'étriper sans pitié, aucune. Elle est restée fidèle, a patienté pour qu'il perde sa fougue et sa bêtise propre à la jeunesse; elle a encaissé, à tenté par tout les moyens d'avoir ce qu'ils ont désormais de plus important à leurs yeux: leur fille. Si c'était à refaire elle n'hésiterait pas, elle redeviendrait cette jeune fille naïve, engrainée faisant les yeux doux face à son indifférence, elle se remordrait la lèvre de la même façon pour exprimer sa douleur après son passage à tabac, elle pousserait la même mèche de cheveux pleine de sang, elle passerait ses paumes autour de son visage afin de l'embrasser, afin de le remercier pour plus tard réitérer ce même geste devant l’autel. Elle redeviendrait cette jeune femme trompée avec ses coups mauvais, elle se replierait sans ciller à ses gifles vengeresses et à ses coups de colère, elle lui ferait face pareillement, elle défendrait toujours ses sentiments et ses envies de famille construite, de cette chose qu'elle n'a pas eut étant petite. Son pire cauchemar ce serait ça, ce serait de tout perdre, de n'être plus qu'une femme, plus une fille de, plus une femme de, plus une mère de. Sans eux elle ne serait rien.
Point faible et point fort du personnage
Le point fort de Luna est probablement son calme, ce petit quelque chose d'indomptable et de terriblement agaçant qu'elle possède dans le regard sans même à avoir à parler. Avoir été élevée dans le respect du silence féminin de rigueur l'a poussé à trouver d'autres manières de s'exprimer, d'autres façons de montrer ce qui l'anime, ce qui la torture et ce qu'elle est capable d'infliger sans même à avoir à le faire. Luna a le profil d'une empoisonneuse, pas d'une hypocrite non, de quelqu'un bien sous tout rapport, droit dans ses chaussure, correctement installé dans la bienséance et les conventions mais qui peut être capable du pire. Elle ne laissera son tempérament devenir feu ardent que très rarement, elle réglera toujours ses comptes à dose de sarcasmes prononcé d'une voix légère et sensuelle, elle se fera toujours comprendre à sa manière en posant un pot de mort au rat près du repas tout juste servie, en plantant un couteau de cuisine dans un fruit de manière équivoque ou bien en trouant un préservatif destiné à la rendre bafouée. Sa force c'est ce qu'on croit être une faiblesse, c'est ce qu'on croit être la fragilité et la timidité d'une femme, c'est ce qu'on pense n'être que des fanfreluches et de la dentelle alors qu'en dessous il peut s'y cacher la fiole d'un truc pas très net. Luna n'est choquée de presque rien, ne vous offrira pas le plaisir de perdre ses bonnes manières et son sang froid pour se contredire. L'élégance et la fierté sont parfois dangereuses et à contrario cela pourrait bien la perdre, faire perdre les pédales à n'importe qui jusqu'au point où elle ne puisse plus lutter, jusqu'au point où on pourrait s'en prendre à elle physiquement et qu'elle ne puisse riposter parce que sa force ne réside absolument pas dans ses petits muscles.
La plus grande honte du personnage
La fierté naturelle l'a toujours empêchée de pleurer sur son sort, de montrer que parfois elle pouvait haïr son statut, son sexe même aussi. Luna est de ceux qui ne disent rien mais qui n'en pensent pas moins, qui sont nés dans un contexte qui ne favorise pas ceux qui sont constitués comme ils le sont. Luna est une femme, une chose admirée mais pas souvent respectée, une chose convoitée mais pas spécialement écoutée. Se taire, se laisser détruire sans protester, endosser des cornes et un tablier, ignorer le monde au dehors et se faire enfermer entre quatre murs d'une maison à tenir. Si Luna a bien une honte c'est celle d'avoir été une femme, de ne pas avoir été assez belle, assez gracieuse, assez lubrique, assez libertine et érotique dans l’âme pour plaire suffisamment au premier regard à son mari, ne pas avoir été assez parfaite en somme pour le garder près d'elle et c'est un défaut immense qu'elle tente depuis des années de combler à dose d'une féminité exacerbé, presque maniaque et obssessive...elle tente.
Casier judiciaire
Si regarder sans sourciller le trafique de drogue, les passages à tabac, le trafique d'humain parfois même et se tenir droite aux côtés des hommes qui dirigent le tout est un crime, alors oui, Luna est coupable mais en ce qui concerne des faits de ses propres mains il n'y a rien à signaler.
Dis-nous tout !
Vous Emily, 20ans et pas toutes mes dents ^^" Où avez-vous connu le forum ? Ici depuis l'ouverture quasiment Connexion /7 4/7 Avez-vous signé le règlement? OUI Exemple de RP
Spoiler:
Les questions sont remises à plat sur la table du jeu qu'ils ont fini par construire ensemble. Sans accords de la part des deux parties, sans consultations préalables, sans grandes réunions pour déterminer le protocole à suivre, leurs points de ralliement, leur règles personnelles établies simplement dans le creux de leur crâne respectif. Ils ont pris la matière première ensemble, l'ont posé sans vraiment regarder l'emplacement, juste parce que c'était bien ainsi, qu'ils le sentaient, juste parce que c'était convenable, que ça les arrangeait chacun de leur côté. Ils ont travaillé main dans la main, façonné à leur manière, s'alliant sans un mot, s'unissant sans une parole. Pas besoin. Juste l'instinct, juste des coups d’œil, juste le plus pur langage du corps pour fonder coups après coups, échecs après échecs, relations après relations les règles de ce fameux jeu qui est depuis longtemps le leur, simplement à eux, seulement en leur possession. Ils se sont trouvés, des chemins différents destinés à se rejoindre, ont tout modelé, deux paumes qui n'auraient jamais dû se rencontrer, ont érigé à leur image sans qu'il n'y ait de défauts ou presque. Ils se sont divertis pendant très longtemps sans reconsidérer ce qui avait été édifié. Ils se sont perdu dans les méandres et les dédales des commandements de cet échiquier de perdition enfermé précieusement entre les quatre murs de cet appartement moisi et froid, les coupant définitivement du monde dégueulasse qu'ils ne supportent pas et ne supporteront probablement jamais. Et ici, le tapis sombre qui effleure le dessous de leurs pions de couleurs, qui leur permet de les poser sans que les autres n'identifient leurs cartes, sans que les soupçons ne s'éveillent sur ce qu'ils abritent comme distraction ici depuis qu'ils se sont croisés pour la première fois, se voit teinté encore une fois du rouge du sang de la rouquine. De petites perles luisantes à la lumière des bougies, de petites perles qui gouttent à nouveau mais plus de la même façon, plus pour les mêmes raisons. Il ne coule plus ici parce que les sangles entaillent la chair fragile et blanche des poignets soumis au supplice des mouvements répétitifs et saccadés. Il ne coule plus parce que le corps masculin la presse dans le vide, la force à s'arracher les épaules, à se déboîter presque les bras en étant suspendue à cette poutre infernale les jambes cramponnées à son bas ventre tortionnaire. Non il ne coule plus juste parce que cela fait partie du jeu, parce que c'est comme cela qu'ils s'amusent et pas autrement, parce que c'est comme cela qu'ils ont établi les choses, qu'ils les ont construites pour qu'elles perdurent. Il coule d'autre part, il coule du cœur, de l'esprit, de ce changement brutal des fondations, des institutions qui choque et effraie, de ce qui balisait le sentier broussailleux de leur vie commune. Il n'y a plus de repères, aucuns, plus de panneaux d'indications alors que la route semble paradoxalement se dégager pour la jeune femme. Le brouillard disparaît, s'évanouit au fur et à mesure que les heures passent emportant avec lui les songes et les fantasmes ancrés depuis l'enfance, ancrés depuis les premières évocations de princesses, de familles à grande maison, enfants et chien model. Il teinte les perspectives d'avenir rêvées de par l'acidité de sa réalité, tout s'efface, s'effondre, quitte la tête de la trentenaire pour faire place nette, nouvelle pour ne laisser que des pages blanches prêtes à être prestement souillées de l'encre du mercenaire. Il n'y a plus de table de jeu, elle est déménagée, relayée dans un endroit qu'ils n'iront plus jamais explorer après tout cela. Elle est dans un endroit qu'ils ne pourront plus aller voir de temps à autres pour se rassurer. Les pions tombent au sol, se perdent dans les rainures du parquet crasseux et le sang ne cesse de couler pour la purifier. Enfin. Et elle n'empêche rien, elle laisse tout faire aussi impuissante qu'encourageante. C'est nécessaire. C'est un mal obligatoire. Jade devient complice du crime qui est entrain de s'opérer en elle même, qu'Il est entrain d’exécuter avec l'arme que peut être son propre cœur de criminel, ce propre organe dont il n'use que trop rarement. Ces révélations sont encore immatérielles, imprononçables, inavouables parce qu'il est probablement encore trop tôt pour le prendre pour argent comptant, pour avouer même à demi-mots qu'ils se peignent autrement maintenant, que l'image qu'ils perçoivent de l'autre est en passe de changer, d'arborer des couleurs différentes, chatoyantes, un filtre plus beau, un grain plus agréable, des traits plus doux. C'en est résolument terminé de ce pauvre goût d'interdit, de cette simple saveur de transgression, de cette minable satisfaction d'être poussée à la faute, d'y être incitée et de ne rien faire pour que les conventions restent ce qu'elles se doivent d'être. Finis ce putain de manège dans lequel elle ne rentrait jamais à reculons, dans lequel elle ne pouvait rien regretter à par peut être le fait même de se servir de lui pour oublier. Stoppée cette danse n'ayant que pour but de faire flancher son adversaire, son compagnon, son camarade, au premier qui cédera et se laissera aller, entraînant l'autre dans sa chute, dans sa course effrénée contre la solitude. C'en est terminé de ne faire qu'admirer les muscles et chaque parcelle du corps pour qu'ils lui hurlent d'agir seulement, de prendre et se laisser posséder avec cette infime part de raison qui survivait jadis à la tempête hormonale, lui susurrant sournoisement de faire durer le plaisir, de manipuler l'envie, de faire pleurer les sens jusqu'à ce qu'ils n'en puissent plus, jusqu'à ce qu'Il ne cède, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que la passion à l'état brut et sauvage, le besoin le plus bestial, la nature la plus profonde de leur être. Lui dominant officiellement, elle encore plus à sa façon avec son costume de soumise. Oui. C'est terminé. Elle a voulu jouer une dernière fois, voir, jeter sur la lame qu'il enfonçait en traître déjà ses dernières cartes, ses derniers cavaliers ainsi que sa Reine pour ébranler son Roi. Elle a voulu décortiquer une à une les couches de sa personne, convaincue qu'il y en avait beaucoup trop pour toucher l'épicentre de son volcan, toutes celles qui restaient entre eux afin de mieux le mettre à nu. Elle a voulu prétendre à lui enseigner ce qu'il n'était pas censé connaître dans son puis sans fond de noirceur qu'il ouvre encore sous leurs pieds en ces instants. Voilà quel avait été son objectif lorsqu'elle s'obligea, aussi bien avec appréhension qu'avec joie, à donner à sa gestuelle une nouvelle lenteur, une nouvelle minutie tentatrice et douce, tendre et câline. Le but n'avait pas tant été de gagner son accord, il avait été question de s'imposer à lui dans ce domaine comme dans sa vie. Il avait été question de lui en donner pour son argent en ayant la prétention de le défier en lui accordant son grand rôle, de le faire mourir de désir pour Elle, de la rendre unique et impérieuse dans un lit qui voyait défiler un tas d'inconnues. Elle avait crevé d'envie de saisir l'occasion d'être le piment de son existence, d'être l'élément perturbateur parce qu'elle avait voulu exister aux yeux d'un homme qui ne l'avait pas regardé et qui lui avait donné l'envie de briller aux yeux des siens parce que, Lui, l'avait aidé à s'échapper. Quitte à perdre du temps, quitte à ce que la manœuvre soit refoulée violemment. Elle avait pris le risque et finalement creusé trop profond. Joué trop loin, tout bousillé, prise à son propre piège. Pas de retour en arrière de prévu, pas de reprise initiale de leurs positions. Elijah a désormais le centre de sa poitrine exposé comme dans une vitrine et elle contemple, émerveillée, fascinée, surprise d'une telle magnificence, de cette humanité palpable. Et elle ouvre elle aussi sa cage thoracique.
Et il y a comme un long silence, comme un flottement apaisant, seulement troublé par leurs gémissements légers qui passent leur respiration douloureuse. La pièce et le domaine qu'ils sont entrain de se construire à la place de leur jeu est entrain de se rendre plus impénétrable que jamais, de se fortifier au fur et à mesure que passent les secondes de l'étreinte encore chaste. Profitant de cette minuscule accalmie, l'oreille contre son torse, la pensée de l'infirmière s'accorde une percée à travers l'océan d'envies primaires qui dirigent quelque peu son esprit sulfureux par les actions précédentes. Elle est victime, oui, la sienne, celle qu'il saignera un jour probablement mais elle n'arrive pas à en avoir peur, l'élément perturbateur dans la conception du Bien s'enterre profondément quelque part, il ressortira peut être un jour. Qui sait ? Quand l'instinct de survie sera appelé à la rescousse, quand ses actions journalières pour racheter son absolution et la sienne ne suffiront plus. Quand une vie sauvée par ses mains ne vaudra plus le coup, ne lui donnera plus ce goût singulier, cette satisfaction d'avoir remplie consciencieusement un devoir important. Quand elle sera peut être enfin aux portes de la corruption, quand à la place de les sauver elle débranchera les machines, sortira son scalpel pour le planter dans leurs organes vitaux, les regardant souffrir, un rictus en coin. Peut être. Peut être quand il la gangrènera au lieu simplement de la combler. Mais en attendant la jeune femme sent quelque chose remplacer son sang perdu pour faire peau neuve, elle sent le besoin de lui appartenir, d'être enfin à quelqu'un, de le laisser fondre avec la rapidité d'un faucon sur sa proie, d'avaler chaque centimètre de vide tout juste récent par son avancée dans la brèche qu'elle vient d'ouvrir malgré elle, sans mesurer les conséquences. Elle veut à présent laisser se faire l'alchimie bouillonnante, l'équation de leurs sentiments révélés, la réaction de leur mélange, fulgurante, foudroyante. Il est l’étincelle, celui qui est entrain de mettre le feu aux poudres. Il est la flamme qui sert de déclencheur aux feux d’artifices les plus spectaculaires tout en pouvant aussi bien être celle à l’origine du plus dévastateur des incendies. Sentir feuler sous son tympan, caché dans son buste le prédateur et le retenir tout en lui laissant la nature entière pour s'exprimer et s'épanouir. Le dompter doucement et sûrement, n'avoir comme arme que sa gentillesse, que la passion qu'elle lui porte, que son admiration pour tout ce qu'il est, tout ce qu'il a, même de plus mauvais. Les barreaux ne sont pas pour lui, pas pour elle, et pourtant il l'emprisonne tout de même, plaque de sa forte poigne sa paume dans son dos dont le petit duvet se hérisse au contact. Sa peau entre en fusion. Il devient son point de fuite, son centre du monde et elle relève le visage en lui prêtant une attention méticuleuse dans l'attente de passer la nuit en sursit, comme deux noctambules prisonniers l'un de l'autre. Elle halète complètement mais un sourire étire tout de même les deux éléments charnues alors qu'il cueille des siens son cou tendu, offert sans concessions à ses crocs. Un simple coup de rein pour suivre ce qu'il lui impose physiquement de faire, pour abattre son coude presque au dessus de lui, pour que ses doigts s'enferment avec les siens juste sur son cœur battant la chamade. Elle comprend, se galvanise, crispe ses ongles dans les phalanges pour que la position perdure durant l'acte. Attente oppressante, pressante envie de lui, tout s'enchaîne et se mêle dans un superbe tourbillon qui déracine pour de bon, une bonne fois pour toutes, toutes les convictions alors qu'ils deviennent conscients du cataclysme qu'ils déclenchent. Brûlante, frissonnante, elle le laisse être le premier à parler sans les mots, à sceller ce tout nouveau pacte, ce tout nouveau monde. Elle se sent prendre son élan, décoller et... plonger. Dans le gouffre. Un plongeon merveilleux, oui, une chute dans son regard, flirter avec ses lèvres comme avec des abysses, se perdre dans son épaule, dans ses boucles brunes. Réellement liée à lui. Jade aimerait pouvoir parler, hurler ce qui crépite comme idées, pouvoir outre-passer ce besoin irrépressible de prendre l’air empoisonné qu'il pollue de son odeur alléchante. Elle voudrait taire ce besoin à s’en péter les poumons, à s’en déchirer les artères. Elle désirerait parler au lieu de gémir, même si c'est à la manière de ces gosses qui prennent leurs respirations trop rapidement, de ces enfants qui s’emmêlent les mots à vouloir dire ce qu'ils ressentent trop vite, avant même d’avoir ouvert la bouche, qui précipitent des phrases en pensant que ce sera la dernière. Elle aimerait lui dire ce qu'elle a, là, maintenant, à l'instant T comme folie, comme désirs, comme fantasmagories qui grattent les pages blanches de son avenir alors qu'ils bougent suivant la même longueur d'onde. Elle veut lui promettre qu'elle ne va plus courir contre tout désormais, fuir en se trouvant l'excuse du destin et du monde mauvais avec elle. Elle a la ferme intention de ne plus s'arrêter, de ne jamais s'arrêter, de ne plus traîner derrière elle le lourd traumatisme d'un anglais tenu par la main sans qu'elle ne puisse accélérer pour deux au risque que leur machine amicale ne s'emballe et ne s'arrête, ne laisse un trou béant au beau milieu de leur route. Elle n'est plus agonisante, elle est juste emportée dans l’Enfer dans lequel elle jette son masque forgé de sourires, de faux semblants et de mensonges. Elle est elle même, libérée, délivrée, elle voudrait lui montrer, le remercier pour ça. Lui demander sous l'euphorie de l'épouser même, de faire quelque chose de fou, d'aussi malades qu'eux finalement. Ils ont la vie devant eux, elle a juste à oublier qu'il est plus vieux et elle se dessinera longue, belle, conjuguée au pluriel. Elle veut lui demander de partir, de se tirer, de s'en foutre de ces autres qui ne les voient même pas ou plus. Peut être pas vivre d’amour et d’eau fraîche, elle n'est pas encore idiote, ni démente, mais au moins vivre, juste ça parce qu'ils ne savent pas, ne l'ont jamais su. Il lui apprendra alors comment se taire et elle lui apprendrait comment parler. Il lui apprendra à se reposer et elle à apprécier. Il lui montrera comment on accepte la mort et elle la vie. Ils se compléteront ce sera aussi simple que cela, ils ne seront plus l'ombre d'eux mêmes, ils dégageront leur ciel sombre en soufflant l'un sur l'autre, en se serrant l'un contre l'autre jusqu'aux premières lueurs de l’aube et même après encore. Les paupières battent, l'extase a piqué la fente de la bouche entre-ouverte, les yeux se referment au même rythme que ses expirations apaisées La belle s'endort sur la bête.
La pièce a des allures tristes, pathétiques et même tragiques. Il y a des souffleurs morts cachés dans les coins de la scène, dans des petits interstices qui se transforment très lentement en gouffres somptueux. Du noir teinté d'or, un mélange de beauté et d'horreur. Ces souffleurs murmurent un tas de choses, un tas de trucs qu'elle ne comprend pas dans un premier temps, des mots désarticulés qui se perdent dans les tympans internes, dans l'inconscience et ses méandres sans fins. Ils murmurent encore et encore, ne cessent ce brouhaha angoissant, pressant. Ça devient de plus en plus fort, ils accélèrent même, les paroles, les phrases, les constructions de sons tous plus pressants les uns que les autres, tous plus angoissants à chaque intonation sépulcrale qui s'élèvent de leurs antres cachées, au cœur même du théâtre qui constitue la petite tête rousse. Le parquet grince de manière sinistre sous ses pieds. Il est d'un froid si terrible qu'elle ne pourrait le qualifier, qui lui glace tout le cœur en passant par la voûte de son talon nu. Elle avance, écarte le lourd rideau carmin de ses doigts tremblants. Elle sait ce qui l'attend, elle sait qui est au milieu de la scène, quelle est cette silhouette en plein milieu de cette pièce du passé qui menace de s'effondrer à chaque instant. C'est imminent, les voix le lui disent, le lui rappellent qu'il y a quelqu'un quelque part ici, qu'il y a une ombre dont elle doit se méfier encore, un prénom qui se doit de subsister, qui l'attend, qu'elle a attendu pendant des années et des années sans un signe pour son salut, pour l'inciter à poursuivre ses efforts, à continuer d'être la personnification même de Patience, amicalement liée à Amour qui se joue d'elle encore, sans se lasser de tirer sur les ficelles de ses bras et de ses jambes désarticulés. Les murs s'effritent dans des craquements, laissent apparaître au fur et à mesure que les secondes passent, des fissures, des écailles de peinture qui s'effritent et lui rentrent dans la peau. Il est là, sous le projecteur d'une lumière glacée et brumeuse. Il est là de son mètre 90. Il est là et une expression victorieuse et malsaine s'étire doucement sur les lèvres pâles tout en découvrant des lamelles acérées d'ivoire. Il est là, composé d'une tonnes de voiles noirs qui volettent comme de la fumée, d'un nombre incalculable de petites bêtes terrifiantes de souvenirs, de mémoires qui construisent dans ses mouvements lents son perpétuel et habituel costume, ainsi que son irrémédiable nœud papillon. Il est grand, magnifique et effrayant à la fois. Plus sa rétine se fixe sur son être et plus le mal de tête l'oblige à reprendre sa position initiale, à se reculer, à se cacher derrière l’étoffe avant de se replonger dans la contemplation muette de cet être monstrueux et pourtant connu depuis l'enfance qui lui rappel étrangement la douleur qui lui parcourait les membres dans les plus mauvais moments passés par sa faute. C'est limpide, il tente encore de planter ses griffes dans son cerveau, il l'oblige à rester avec lui, à ne pas revenir dans le monde des vivants, à rattraper toutes ces pages écrites par lui, pour lui. Il ne veut pas laisser l'américain s'installer, élire son campement. Non, ce théâtre est le sien et chaque battement de paupières de la rouquine dévastée est plus rapide que le précédent. Prendre conscience du champ de ruines qu'elle est devenue par sa faute, de ces chaînes qui lui plaquent les poignets, de cette gorge entourée d'un anneau. Pieds et poings liés, elle panique, veut crier à l'aide mais il lui semble qu'elle n'est plus qu'un poids mort alors que les pas se rapprochent dangereusement. Où est-elle ? Pourquoi se sent-elle aussi... bizarre ? Lourde, empâtée, presque gluante. Et puis cette douleur. Pourquoi ? Sa propre impuissance la fait frissonner le long de sa colonne vertébrale et se perdre dans sa nuque, provocant une légère nausée. De la peur. Surtout de la peur. Et le final s'abat enfin en même temps que les bras du mercenaire sur son dos. Ses caresses réconfortantes remplacent le monstre qui disparaît dans une lamentation stridentes. Le fantôme de son Opéra, Elijah, il s'est installé. Enfin. Il ne partira pas.
La nuit les a avalée. Grande dame vêtue de noir dans son long fourreau, crachant ça et là quelques volutes de fumée épaisse pour masquer le bijou de son satellite qu'elle sait parfois arborer fièrement, à la face de tous, du monde entier. La nuit les a possédé entièrement et elle perdurera encore pendant quelques heures parce que l’église a repris le compte interminable et éternel de ses minutes et de ses secondes précieuses. La ville se remet en marche. Le vent nocturne se fait souffle, il passe au travers des interdtices des fenêtres de la chambre sombre, fait voler à peine les rideaux cloués littéralement au mur jaune et vient lécher de son froid les épaules ainsi que le dos de la belle agitée maintenant que par les mouvements de sa propre respiration tout juste redevenue calme. Elle se réveille doucement, les draps glacés sous son flanc qui plus tôt devait encore être glissé sur l'épiderme de l'homme qui n'est plus là. Elle cherche instinctivement, rapidement avec son ambre flou, parcours la pièce sans rien voir. Il doit être aux toilettes, sûrement. Elle se retourne donc sur le dos d'une manière féline, s’étire gracieusement pour remplir les douves de sa paresse fatiguée. Elle zyeute le plafond blanc de son regard cerné, renoue avec le son de la réalité, avec l'écho des voitures qui circulent en masse, avec les tourments rêvés qui renforcent son idée d'être sur le bon chemin en se retrouvant ici, dans ce lit qui deviendra un jour peut être sien. Elle renoue avec les sensations, avec son être plus qu'endolorie par le marathon amoureux, par les morsures bestiales de sa trachée qui l'empêchent de trop remuer le menton. Elle a accepté que son cœur batte correctement dans sa poitrine pour une fois, que cet organe qui fait galoper son sang dans ses veines soit le sien, à Lui. Elle ne se débat plus pour échapper à cet animal qu'était sa propre agonie, boulet de son passage sur terre. Jade pour la première fois depuis longtemps va bien. Définitivement bien et elle en soupire de satisfaction. Alors elle pense à un sujet plus fugace, à quelque chose de précis, d'important dans ces circonstances à offrir, même si la date est trop avancée, même si le sapin n'est toujours pas installé dans le salon. Elle y pense, veut voir sa réaction de suite, lui donner pour le remercier, pour simplement mettre la cerise sur le gâteau de cette nuitée, la touche de perfection manquante même si elle ne trouve rien encore à reprocher. Elle se lève donc d'un bond, enroule le drapé passé de mode et de fraîcheur autour de sa silhouette dénudée et s'en va, à petits pas rapprochés pour ne pas trébucher sur le tissus afin d'extirper de son sac à main la boite contenant un petit bijou déniché par son propre frère à l'intention du quadragénaire, un Colt Anaconda d'un acier profond, quelque chose destiné simplement à la collection comme il lui a précisé, comme il a tenté de l'en assurer pour qu'elle prenne l'objet en toute sécurité. Elle repart aussi sec dans la chambre munie du paquet orné d'une grande étiquette comportant son beau prénom, veut attendre sagement sur le matelas son retour, ce moment où elle pourra lui faire encore plus plaisir, lui signifier qu'elle le connaît, l'arpente, le dessine et l'imprime par cœur depuis un bout de temps déjà, bien avant cette soirée. Mais lorsque l'encadrement de la chambre est brisé par sa venue, lorsque les boucles rousses chatouillent les clavicules et les omoplates et qu'une mélodie déchirante s'élève du dehors, Jade s'arrête net, déchante et écarquille le faciès entier avant de déterminer l'origine du son. Le balcon. Plus elle s'en rapproche et plus il lui semble que sa nature profonde est ébranlée, secouée, tuée presque. On frotte, on arrache, on abîme des cordes, on les met au supplice, on les fait chanter pour traduire un langage plus silencieux, plus profond comme peut l'être celui de l'âme saccagée. La jeune femme le perçoit, le sent, s'en émeut plus que de raison et se rapproche comme Arthur devant le Saint Graal, comme l'archéologue devant la relique, malgré elle, se voulant calme mais tout de même hypnotisée par la musique qui lui ronge tout les sens. Ça lui arrache une complainte, une grimace, un haut de cœur quand elle passe son corps silencieusement sur le haut de cet escalier de fer sur lequel Elijah s'exprime et la touche en plein centre. Inimaginable, surprenant et surtout mortifiant, quelque chose en elle est entrain de vibrer à la vue de cette silhouette agile, torturée sous le clair de lune, déchirée et jouant de plus en plus fort. Lui si indestructible pour elle, lui si fort et si invisible. Une corde sensible effleurée, sans qu'il le sache peut-être, amplifiée lui faisant craindre de finir comme les vagues qui s'écrasent sur la coque des bateaux, comme ces montagnes qui disparaissent dans le creux des océans. Elle craint d'éclater, qu'il se perde dans une inhumanité aussi folle et saccadée que les mouvements de l'archer. Elle craint soudain que leurs fondations se fissurent, qu'il perde le peu de conscience qu'il conservait jusque là, le peu de bonheur qu'elle avait pu lui laisser quelques temps plus tôt. Il faut que cela cesse, qu'il parle peut être avec sa voix, avec ses cordes vocales harmonieuses et caverneuses, qu'il lâche cet objet symbolique d'une peine refoulée. Funambule, gamine sur un trottoir, chat sur une branche instable la sylphide casse l'écart avec le violoniste et stop gentiment la mélopée. La main se dépose juste comme un papillon sur une fleur, elle empêche le frottement. Le bois, ses reliefs, ses contours et ses creux. La sensation particulière du grain, du verni écaillé par les années, les légères petites alvéoles causées par les siècles qui ont façonnés l'arbre dont elle ne saurait déterminer précisément le nom, la catégorie. Les prunelles violentée de l'homme, le retour à la réalité dans les iris. Elle l'arrête, laisse le temps s'écouler un petit peu pour qu'il reprenne ses esprits avant de le protéger, le rassurer. Les bras s'élèvent, le draps grisé s'envole et se fait fantôme avant de se déposer comme une paire d'ailes immaculées sur le torse gelé dont les cicatrices ressortent avec ironie, la laissant elle et sa silhouette sans plus aucun apparat dans un contraste, blanche et à vif dans l'obscurité hivernale. Les doigts se perdent sur le visage, les cheveux, la bouche embrasse le front aidée par la pointe des pieds qui se hisse et s'enfonce sur le métal qui grince et ballotte.« Pas comme ça, plus comme ça maintenant.» C'est une promesse autant qu'une requête. Les temps changent maintenant et son long cadeau encore dans la main en témoigne en quelque sorte, mais elle préfère le glisser dans le creux de son coude avant de se coller à lui, avant de reprendre le bâton musical et l'inciter à jouer à nouveau, de manière plus joyeuse pour cette fois et pour toutes les autres.
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Multicompte(s) Nina R. Harris Un dernier truc à dire ?TDS est une superbe maison qui peut parfois s'écrouler un peu mais qui renaît toujours de ses cendres. Merci au staff d'avoir repris l'affaire et de nous permettre d'y rester. Une belle et grande famille <3
Dernière édition par Luna Ferrà le Mar 30 Juin - 18:49, édité 21 fois
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Sujet: Re: [TERMINEE] Luna Ferrà Ven 19 Juin - 22:20
Il était une fois...
Amar Es Sufrir
Histoire
La brosse à cheveux glisse lentement, calmement le long de la grande vague noire et de ses remous indomptés encore, pas remis dans la cage sombre de la chevelure soyeuse, pas encore dressés par le fouet de la chaleur du fer reposant désormais sur le coin de la coiffeuse au bois vernis, laqué, paré d'un blanc éclatant, pur qui s'accorde parfaitement avec les autres meubles ivoire de la chambre de l'hôtel coûteux du centre du quartier de Soho dans lequel ils sont arrivés la veille après avoir débarqué de Los Angeles, après avoir quitté pour toujours leur maison d'accueil, les leurs, les paysages et les contrées familières ainsi que l'empire construit à la force d'un millier de bras chers à leur cœur. Elle laisse, malgré elle, transparaître sur son dos de métal doré et ornementé finement de petits arabesques floraux ce maigre filet de lumière, ce reflet, ce rectangle chatoyant et distinctif de l'ampoule située non loin de là qui se meut le long de la surface de l'objet selon les gestes plus ou moins lents, plus ou moins soignés que la sylphide apporte par expérience, par maîtrise, par volonté de perfection tenace et intransigeante. La lampe de chevet au pied de marbre lisse renvoie ses derniers halos de clarté, ses dernières touches d'ocre et de jaune, juste avant de se voir éteinte, sur le long des murs au papier peint luxueux, aux reliefs de dentelle colorés d'argent et de nacre plongés dans la pénombre des lourds rideaux d'étoffe de lin clair que le jour, derrière les immenses fenêtres, transperce à peine. Celui-ci n'illumine seulement que d'un trait le lit double défait par une nuit mouvementée et fort plaisante dont les draps de soie coulent au sol, sur la moquette duveteuse recouverte encore de vêtements enlevés à la hâte, dans la précipitation de l'excitation brûlante de plusieurs baisés volés, qui ne tarderont pas à se retrouver dans leur sac de voyage avec pour but final de retrouver leurs collègues de tissus tous logés dans une armoire massive, dans une véritable chambre personnelle, dans une maison tout juste acquise qu'ils rejoindront enfin ce soir. Enfin. En attendant, la brosse tombe avec le bras maigre, épouse et s'octroie le loisir de suivre de près les courbes vertigineuses et dansantes de la masse de geai qui prend forme petit à petit, attentions après attentions, heures après heures sous les ordres silencieux, stricts et exigeants d'une femme peut être un peu trop coquette, un peu trop amie fidèle de Narcisse pour être sûre et certaine de ne pas perdre le peu de contrôle qui lui a été accordé par tradition, par sa culture, qui ne se tient qu'à sa demeure, qu'au sens de la famille et qu'à son physique fort heureusement avantageux ; pour être assurée de préserver sa jeunesse et sa beauté ses seuls gage de puissance, sa gloire et son anneau, sa famille et son sang, sa fille et son amant. Elle est là cette brosse, elle fait son travail habituel et quotidien; elle remplie sa besogne de donneuse de beauté à des boucles tout juste formées, accompagnée de doigts fins aux ongles rouge sang, de doigts fins et longs à l'épiderme pâle, translucide malgré leur origine solaire d'un de ces pays d'Amérique du Sud... Un de ces pays qu'on ne connaît que de nom, que de réputation, que pour ces touristes qui y vont quand ils ont un peu trop d'argent dans leur poche de travailleurs, qui s'y baignent et qui s'y saoulent avant de ramener quelques photos d'eux à leur entourage fièrement vêtus d'un short, d'un bob et de sandales aussi adéquates à l'élégance qu'un collier de nouilles en guise de couronne. C'est un de ces pays auquel ils ne comprennent rien, auquel ils ignorent tout de son histoire, tout de ses luttes et de ses combats, de ce qui brûle en chacun de ses résidents, en chacun de ses expatriés qui ragent de ne pas avoir pu rester pour terminer la bataille commencée il y a de ça presque 40 années maintenant. Elle aime à songer à son pays et à sa terre d'enfance située de l'autre côté du continent dans ce genre de moment là, dans ce genre d'instant récurant, classique et routinier plein de cette solitude d'une femme mariée et cantonnée à un foyer pour l'amour d'une origine, d'une éducation ancestrale qui a animé sa vie entière, sa triste et ennuyeuse vie entière. Le Salvador, Los Angeles, un de ces pays, une de ces ville qui lui manque profondément malgré les peines et les épreuves, qui lui arrache un soupire nostalgique entre des lèvres habituellement closes, dénuées de toute parole parce qu'en tant qu'attribues féminins elles se doivent de se fermer. C'est une terre qui lui laisse des regrets même si elle n'en a de souvenir que quelques briques, que quelques odeurs comme celles d'un plat qu'elle n'a plus goutté après être partie pour la terre des anges, qu'elle n'a plus une seule fois sentie se glisser le long de son palais délicat et qu'elle ne mangera probablement plus jamais parce que le nom lui échappe totalement aujourd'hui du haut de ses 35 ans, parce qu'il n'est plus qu'un mirage, qu'une goutte de mémoire dans l'océan d'une trentaine d'années bien remplies. Ce n'est qu'une bride qui lui redonne un peu l'espoir de dessiner derrière ses iris océaniques les traits qui composaient le visage de sa mère, le visage d'une dame qu'ont lui a arraché sans hésitation d'une balle dans le crâne à ses 4 ans en arrivant en Amérique après la guerre civile parce qu'elle avait voulu l'éloigner des conventions d'un gang naissant, d'une alliance de rue utile pour protéger les siens et s'enrichir sur un territoire pauvre et instable dont son géniteur était certainement le plus fier avec ses proches amis, dont il n'aurait certainement pas laissé une chica changer le fier destin de sa progéniture au visage plus que prometteur pour l'amour de son gang et de son cercle. L'innocence oubliée de la chaleur contre la peau, des petits pas sur le sable, des maisons bleu, rose verte et jaune, du langage hispanique, des nombreux oncles tatoués tournant autour d'elle pour la faire rire, la renforcer, laisser s'installer l'inconscience enfantine face à la perte de la douceur et des câlins d'une mère pour un peu plus tard laisser s'installer la conscience assassine des frappes, des coups, des mises à nu et à sang, à même le sol par tradition, par nécessité d'intégration dans ce petit gang devenu grand, devenu Mara, devenu Salvatrucha. Pas de fougue, pas de passion en apparence même si le caractère n'en reste pas moins bien trempé, bien acide mais caché, refoulé intelligemment pour ne pas avoir à se battre contre plus fort. La simple autorisation d'exposer sur son visage le sourire de la normalité froide d'une vie tracée, la banalité de la drogue, des ordres, des rires graveleux, des richesses étalées, amassées, des types abattu sans regrets, de la loyauté parfaite et indiscutable. Rester, tenir l'épaule de son père dans tous les moments, ne pas savoir ce que le mot liberté veut dire, ce que l'horreur et les chocs sont, ce que les autres filles de son age sont censées faire, ne pas avoir été à l'école trop longtemps, ne pas avoir vu autre chose que l’hémoglobine sur le carrelage, que les armes, que l’intérieur d'une demeure immense aux règlements de compte fréquents; avoir servie à panser les blessures, à cuisiner, à tenir, à s'exposer comme trophée d'un homme dirigeant. Ne pas baisser la tête mais tout de même se laisser tatouer sans broncher, parquer, se faire objet taiseux mais fort d'une famille importante pour un business en plein essor, se faire monnaie d'échange et d'alliance pour un homme qui se tient derrière elle à présent et ce depuis 16 ans, qui s'habille et rajuste la croix d'argent qui pend à son cou de futur Roi. Cet homme qui jette un regard en sa direction, qui contemple furtivement le reflet d'une dame qui pourtant l'a aimé naïvement dès le premier regard contrairement à lui, qui s'est pliée sagement aux règles et à la cérémonie grandiose mais forcée de son côté à lui parce qu'il avait juste voulu prendre soin d'elle après l'initiation musclée de rigueur, parce qu'il avait été le seul a avoir partagé sa vie depuis l'abandon de leur sol de naissance, à avoir son age, à être le seul homme de son entourage susceptible d'être attirant, d'être charmant, d'être parfait pour le cœur chaud d'une jeune fille aux allures glaciales n'ayant rien connu d'autre que lui. Ne rien dire, ne pas parler, ne pas s'exprimer, faire, obéir, récolter le respect des plus bas tout en subissant les grivoiseries des plus hauts. Ne pas travailler, entretenir, tenter d'enfanter même si la nature n'en a pas donné le droit entier. Et puis finir par supporter de moins en moins par observation des autres lors de sorties pour combler le délaissement, par modèle des couples conventionnels aimants et fidèles de la côte ouest, par exemple des autres femmes plus libres de penser, de dire, d'exprimer, de parler, de s'amuser, d'avoir des amis et des connaissances. Tenter de tenir difficilement sa place d'épouse avec la connaissance définitive de l'extérieur, d'housewife seule devant les méandres d'habitudes coutumières des salvadoriens. Ne pas relever les lignes blanches coupées à la carte de crédit au coin de la table du salon, ne pas essuyer d'un air mauvais la poudre restant aux arcades des narines masculines après l'ouverture de la porte d'entrée passé les premières heures matinales ; accepter les traces de rouge à lèvre sur le col des chemises, faire semblant de ne pas noter le numéro au marqueur sur la paume de main avant d'enfin laisser les veines pleines d'un sentiment bouillant d'origine déverser les sarcasmes calmes. Se mettre enfin à couvrir la statue de marbre gracile d'un voile de vengeance, de pics et de pointes acerbes mais volatiles, enfin laisser les reproches s'envoler dans une voix assurée mais tendre avant de les remplacer même parfois par une cuillère de mort-au-rat dans les plats le sourire raffiné et affectueux aux lèvres pulpeuses et colorées, les doigts joints, les pieds symétriques recouverts par une robe de mousseline légère surplombée d'un petit tablier. Sortir de plus en plus, se laisser baiser les phalanges par de parfaits gentlemans lors d'expositions, laisser éclater les maux et les sentiments, laisser un liquide parsemer une toile vierge pour se libérer, vomir toute une haine, tout le néant des malaises et des non-dits avec juste un pinceau avant de reprendre sa place mais de se ramasser tout de même les coups, les punitions bien mérités d'une épouse bafouée, trompée, désabusée mais toujours pleine de fierté... Fort heureusement les temps ont changés. Ce soir elle accompagnera un homme résolument juste, droit et qui la traite désormais comme un joyau. Ce soir elle scellera son destin à un autre roi que son père envoyé ici pour rétablir l'ordre et la discipline, forcé au voyage pour reprendre en main un nom qui tend à perdre ses lettres de noblesse. Une nouvelle erre, un nouveau pacte pour perdurer ce qui coule dans ses veines, ce qui l'a faite grandir, ce qu'elle sert fidèlement malgré les ressentis. La Mara dans le fond des os, dans le cœur des prunelles, dans la servitude jusqu'à la mort. Luna est une Perez de naissance, une Ferrà de mariage, un talisman volcanique dans un écrin angélique et discret, elle tiendra sa place de Reine silencieuse, perdurera les traditions auprès de sa fille tout en tentant de la protéger des manques qu'elle a connu. Elle guérira les plaies des hommes et aidera à la prospérité. C'est pour cela qu'elle est née.
Dernière édition par Luna Ferrà le Mar 30 Juin - 16:55, édité 15 fois
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Sujet: Re: [TERMINEE] Luna Ferrà Sam 20 Juin - 10:52
R'bienvenue
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Sujet: Re: [TERMINEE] Luna Ferrà Sam 20 Juin - 11:01
Merciiiiiiiii =D En espérant trouver un beau lien avec toi pour ce personnage ci
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Sujet: Re: [TERMINEE] Luna Ferrà Sam 20 Juin - 11:21
Rebienvenue!
J'espère que ce personnage t'offrira de bons moments!
August S. Lockhart
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Sujet: Re: [TERMINEE] Luna Ferrà Sam 20 Juin - 12:14
Luna Ferrà a écrit:
Merciiiiiiiii =D En espérant trouver un beau lien avec toi pour ce personnage ci
Avec plaisir on trouvera !
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Sujet: Re: [TERMINEE] Luna Ferrà Sam 20 Juin - 13:44
Re-bienvenue miss, curieuse de découvrir ces nouveaux persos que vous nous préparez
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Sujet: Re: [TERMINEE] Luna Ferrà Sam 20 Juin - 15:39
Rebienvenue et tu connais le reste et toute la maison
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Sujet: Re: [TERMINEE] Luna Ferrà Lun 29 Juin - 12:36
Bon courage avec ce nouveau perso !
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Sujet: Re: [TERMINEE] Luna Ferrà Mar 30 Juin - 18:16
Merciii <3
Je pense avoir enfin terminé ma fichette <3
Erika Stojanović
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Sujet: Re: [TERMINEE] Luna Ferrà Mer 1 Juil - 10:32
Bravo !
Tu es une future victime de la Fatalité
Très jolie fiche, toujours très imagée, poétique, j'ai pris plaisir à la lire ! On comprend bien son histoire, sa position. J'ai pas vu d'incohérence et ça se lit tout seul. Franchement bravo