Après s'être absolument ridiculisée en public, arrosée de champagne et l'ego au fond de ses hauts plateaux, Mary finit par rentrer à l'hôtel afin de prendre une douche et surtout choisir de nouveaux vêtements pour de nouveau sortir. Douche prise, elle resta longuement devant l'armoire mise à disposition de l'hôtel en concentration intense, et, après de longues minutes de réflexion, choisit une petite robe noire avec des escarpins Manolo Blahnik de la même couleur. Elle savait qu'elle devait faire quelque chose de valorisant pour rebooster son image personelle et par la même occasion remonter son humeur qui se trouvait à son point le plus bas. Finalement , la solution la plus adaptée à son problème vint comme une évidence, elle allait rattraper quelque chose qu'elle n'avait plus fait depuis longtemps: aller calmement au restaurant, puis se chercher de la compagnie là-bas. De la compagnie, que ce mot pouvait cacher des sens cachés, des déceptions ou des bonnes soirées. En arrivant à New York, elle avait tout de suite su où se trouver de la compagnie. Entre les célibataires qui fréquentaient les soirées vip et les hommes mariés cherchant à se distraire elle avait eu le choix et puis, la plupart des hommes lui payaient tout ce qu'elle voulait, donc raison de plus pour profiter de son charme si étrange. Elle n'était bien évidemment pas l'exemple même de la fille parfaite, du mannequin anorexique ou même de la peste superficielle. Elle n'était qu'un mélange. Et ça commençait sérieusement à lui poser problème même si elle s'assumait.

Lorsque son taxi l'arrêta devant la Freedom Tower, elle regarda tout d'abord attentivement les gens s'affairant autour de cette fameuse tour. A 23h, l'ambiance n'était pas vraiment au maximum. Allait-elle s'ennuyer ferme en prenant une coupe de champagne hors de prix au milieu de quelques couples fêtant leur 200ème année de mariage? Tout en espérant de tout coeur qu'il y aurait au moins quelques jeunes en quête d'un amusement dans le restaurant, les portes d'ascenceur se refermèrent doucement sur elle. Toujours dans l'ascenceur elle récolta un regard réprobateur d'une femme plutôt agée à cause d'une cigarette allumée avec désinvolture, cette dernière était certainement ultra friquée, et ne voulait probablement qu'une chose : se reposer de sa chirurgie esthétique qui lui avait permis d'acquérir un nouveau nez. Ce genre de personnes exaspéraient profondément Mary, si elle avait envie de se détruire les poumons et ceux de tous les inconnus qui l'entouraient, c'était vraiment son problème. Briquet Dupont, offert par Kemp de nouveau glissé dans son sac noir, elle entra dans la salle, où tournaient les serveurs. Quasiment toutes les tables étaient occupées mais exactement une attira son regard vert. Un jeune homme, absolument magnétisant et beau à souhaits, était installé seul à une table. Il ne donnait pas l'impression d'attendre quelqu'un -et même si, peu importait- Mary s'installa en face de lui, tirant toujours sur sa cigarette. Recrachant la fumée d'un air dépité, elle regarda longuement le beau brun dans les yeux avant de commenter:[/i]

"Tu n'attendais personne..."

C'était une affirmation et d'ailleurs même s'il attendait quelqu'un, elle aurait essayé de faire dégager sa charmante compagnie afin de se le réserver pour la soirée. Elle attendait ce moment depuis assez longtemps, trouver quelqu'un d'aussi détaché qu'elle peut être un peu plus égocentrique et égoiste d'après son regard calculateur. Enfin, elle se trompait certainement vu son agilité en interprétation (...) N'avait-il aucune idée derrière la tête en s'installant seul à cette table plus qu'exposée au regard de tous ces gens qui entraient dispersés, emplis de pensées macabres et suicidaires ou même demotivées. Enfin, il fallait quand même être plus que deprimé pour aller passer un moment dans un restaurant seul à New York, non? Comment, en étant aussi beau, pouvait-on refuser la compagnie de tous ces mannequins arborant les rues d'un air sûr d'elles, tout en attendant une invitation? Etait-il nouvel arrivant, ne connaissait-il pas encore les diverses ressources que pouvait offrir la capitale américaine? Ou était-il, comme elle le présumait, solitaire et depressif?

Tout en hélant un serveur elle lui demanda deux coupes de champagnes, et s'alluma encore une cigarette. Elle était plus que dépendante mais cette addiction ne la dérangeait pas de toute manière. Ce qui la préoccupait un peu plus était cette manie de tirer ses traits parfaits de coke après chaque soir en compagnie de quelques unes de ses 'amies'. Non que ça la dérangeait de prendre de la drogue mais c'était surtout les conséquences sur sa mémoire le lendemain qui l'inquiétaient. Elle ne savait absolument pas avec qui elle aurait passé la nuit, avec qui elle aurait bu encore et encore quelques verres d'alccols colorés distribués au comptoir. Enfin, elle avait eu ses vingt ans il n'y a pas très longtemps et n'aspirait qu'à une popularité croissante, et même si elle se bousillait la santé pour cette seule gloire et de jouissance personelle. C'était sa vraie nature. Aggressive, violente, désireuse et ambitieuse. Son caractère se résumait probablement à ces 4 mots, même si le personnage était tissé de plusieurs contradictions, de quelques traits de caractères plus intelligents. Ce que Kemp lui avait fait subir, en tant que degré de honte, était plus que dégradant pour son ego mais elle n'en avait pas tenu compte et avait continué à totalement s'assumer sans en prendre compte.

Derrière eux résonnait un air de jazz, la pensée que ce restaurant se donnait vraiment des airs luxueux effleura l'esprit déjà bien embrumé de Mary avant qu'elle ne prenne la coupe de champagne qui venait d'arriver en main. Pour l'instant, celui qui lui faisait face ne lui semblait pas désagréable en tant que compagnie, la situation pouvait-elle changer soudainement? Elle avait connu tellement de personnes étranges que même le fait que le jeune homme en question ait une réaction plutôt bizarre comme par exemple refuser le verre, ou partir en hâte ne la surprendrait même plus. Elle était habituée à parler calmement, sans prendre les choses trop à coeur car le risque d'une déception était toujours présent et elle n'avait aucune envie, à cause d'un type névrosé de se voir une soirée complètement ravagée et sans utilité. Elle sortait, tout le temps, c'était cela sa passion. Découvrir les quartiers les plus chics de New York tout en buvant des quantités irraisonnables d'alccol et en se faisant aborder par tout le monde, pourquoi pas?

OK. By LV.