Une petite sonnerie l’obligea à sortir une main de la couette. A tâtons, les doigts fouillèrent la table de chevet avant de se refermer sur le smartphone qu’il attira à lui. La luminosité de l’écran lui agressait les yeux alors qu’elle était réglée au minimum et il fallut quelques instants à Nash pour s’y habituer. La lecture du message était désormais possible. Celui-ci était très court et était une demande de produits. Le code employé était celui de l’oxycondin. Pas n’importe quel produit, difficile à se procurer pour une simple personne lamda mais facile pour un homme ayant un pied dans le système de santé.

Une main passa sur son visage, le massant rudement pour tenter d’émerger un peu avant d’entreprendre la relecture du message. Il s’agissait d’un de ses acheteurs réguliers mais la demande était faite pour un nouveau client. Nash n’aimait pas trop ça mais il avait besoin d’argent et rapidement. C’était là l’occasion de se faire quelques billets verts. Ses doigts pianotèrent un vague ok avant qu’il ne détourne les yeux en direction du réveil pour s’apercevoir qu’il était plus de midi. En arrêt depuis plus d’une semaine suite à l’incendie, le pompier était complétement décalé et avait un rythme de vie complétement décadent. La livraison avait lieu dans vingt minutes, il devait se bouger.

Après un grand soupir à l’a hauteur de l’effort, Nash sortit de sa couette et entreprit d’après quelques fringues avant de diriger vers la salle de bain et sa douche chaude. Quelques minutes plus tard,il était de retour dans la chambre pour fouiller un sac de sport sous son lit. Des bruits de boites s’entrechoquant se fit entendre avant que ses doigts ne se referment sur un petit tube orange rempli de gélules d’aspect rouge. Bingo.

Central Park n’étant pas la porte d’à côté, le garçon dut se mettre en mouvement en direction de la station de métro la plus proche. Ce serait laborieux d’y être dans dix-huit minutes, surtout avec le changement de ligne nécessaire mais il ferait de son mieux. A travers les vitres du métro, il put constater qu’il avait une sale tête, son teint était assez pâle et ses traits tirés. Les vacances forcées n’avaient rien de bon pour lui. Les soirées avec sa colocataire non plus. D’un geste de la main, il retira quelques traces de poudre blanche sur son avant-bras.

« Raa… fais chier.»

Le juron est lâché suite aux premières gouttes reçues. Nash s’empresse de se renfrogner mettant en place la capuche de son pull sur sa tête avant de refermer jusqu’en haut la fermeture de sa veste en cuir. Progressant en direction de la fontaine principale, il cherche des yeux son contact mais aussi d’éventuelles forces de police présentes sur les lieux. Il est en retard, peu importe. L’homme prend le temps nécessaires pour observer les gens présents mais aussi pour repérer son contact. Il a peu d’indices sur lui : mec, cheveux mi-longs, bruns, clope au bec. Le contact fut aperçu et lentement il se rapprocha de cette personne. Rester à s’assurer qu’il s’agissait bien de lui et d’entrer en contact. L’homme semblait détourner les talons. Nash l’interpella.

« Hey Monsieur.»

L’attention attirée, il pouvait provoquer le destin.

« Vous avez pas perdu ça ? »

Entre les doigts du jeune homme se dissimulait un cachet de couleur rouge qu’il laissa à vue quelques instants avant de le ramener dans sa poche. Si ce type n'était qu'un homme normal, il le prendrait pour un illuminé qui lui présente des cailloux de couleur rouge et au mieux ce serait son client. Rester à scruter sa réaction.

Des étoiles semblaient être apparues dans le regard de ce type l’espace de quelques instants avant qu’elles ne furent remplacées par de l’indifférence. Cela n’était pas grand-chose mais suffisait pour que Nash sache qu’il avait bien affaire à la bonne personne. Ce type «semblait aussi très bien maitriser ses émotions, passant de l’excitation à l’indifférence puis la méfiance en peu de temps. Peu était capable d’autant de maîtrise. Peut-être avait-il affaire à un politicien ? à un homme haut placé ? Certainement vu son allure globale, ses vêtements même si la coupe de cheveux était passé de mode.

L’homme se montrait méfiant, observant autour d’eux comme pour vérifier que les alentours étaient bien sûrs. A l’heure d’internet et des smartphones, personne n’était à l’abri d’une photo ou d’être épier. C’est sûr que la consommation d’oxycontin pouvait lui valoir de nombreux problèmes de justice mais surtout l’achat illégal de celui-ci était condamnable. Nash jouait gros aussi pour sa revente illégale de produit volé. Il perdrait son emploi et pas sûr qu’il parvienne à en retrouver un autre par la suite, personne n’appréciait les voleurs qui se servaient sur leur lieu de travail. Lui ne pouvait s’empêcher de scruter les gestes de son interlocuteur.

Celui-ci prend enfin la parole d’une voix grave avant de répondre directement à sa question. Nash se contente d’un geste positif de la tête pour confirmer l’ami commun. Mains dans les poches, celui-ci tient précisément la petite boite entre ses doigts, ne pouvant s’empêcher de l’enserrer fortement avant de relâcher son emprise avant de recommencer. Le garçon est nerveux, il aime que les transactions se déroulent rapidement. Moins de temps, il est sur place et moins il a de temps de se faire attraper. Il veut minimiser le danger mais l’autre semble préférer se mettre au sec.

« Marchons un peu… »

Sans attendre une réponse de son interlocuteur, Nash se met en route réajustant la capuche déjà humide de son sweat sur sa tête. Central Park est vaste, ils empruntent un chemin de terre menant en direction de l’un des nombreux points d’eau du parc. Malgré ce temps automnal, les allées sont empruntées par de nombreux newyorkais, certains les empruntant pour se défouler, d’autres pour simplement prendre l’air.

« 120mg. 28 gellules… »

La marche n’était qu’un prétexte pour pouvoir mettre en place la transaction, Nash s’exprimait d’une voix basse sans un regard vers son interlocuteur.

« 300 $. A prendre ou à laisser… Tu as 30 secondes pour te décider. »