Rainbow Ana Saint Goerges.
~ Tag line (= un petit slogan -si vous en avez envie-) ~

trois septembre mille neuf cent quatre vingt quatre, le début de la fin. Ce jour là, il pleuvait. Il pleuvait des cordes ce qui était plutôt rare pour cette saison à New York. Peut-être est ce un signe. Le premier jour de ma vie était un jour de pluie, comme tout ceux pendant lesquels il s'était passé un drame dans ma vie. Pourtant, j'aime la pluie, j'aime la sentir, fraiche, tomber sur mon visage même si je la sais messager de malheur. Je venais à peine de naitre que je n'avais déjà plus de parents. Je n'ai jamais su qui était mon père, si il était déjà marié ou si il s'agissait d'un simple drogué qui avait fait une overdose dans une ruelle sombre. Ma mère est morte en me donnant la vie. Pour que quelqu'un vive il faut que quelqu'un lui laisse sa place. A choisir, je lui aurais bien laisser la mienne, j'aurais bien passer mon tour... Mais la vie en avait décidé autrement. Aussi je suis né, me retrouvant seul. J'avais un frère d'un an de plus. Je ne me souviens plus de lui, je ne sais pas à quoi il ressemble. Il est parti, lui aussi... Les premières secondes de ma vie et la chance m'avait déjà tourné le dos, me laissant entre les mains du cruel destin. Le reste de ma vie ne fut pas plus heureuse que ce moment. Si vous vous attendiez à une histoire avec des gentils elfes verts, il doit sûrement rester des places au cinéma du coin. Le récit que je m'apprête à vous faire n'est pas des plus roses, au contraire... Il ressemble plus à un film des frère Cohen qu'à un conte de Grimm. J'ai toujours su que ma vie ne ressemblerait pas à un conte de fée, pourtant, je suis encore là. Rien ne peut arrêter la pluie de s'abattre sur la ville...

trois septembre mille neuf cent quatre vingt sept, le bonheur des uns fait les malheurs des autres. Le jour de mon troisième anniversaire. Il n'y a rien de bien joyeux à raconter avant cela. Un couple venait me voir de temps en temps. J'étais gamin, je ne comprenais pas. Ce jour là tout a changé... J'ai quitté l'orphelinat pour un superbe loft en plein centre de New York que je n'ai jamais plus quitté. Du jour au lendemain, je suis devenu un gosse de riche, un gosse avec un nom qu'on remarque, un gosse dont on voudrait prendre la place. Alors qu'à l'intérieur, j'étais qu'un gosse dévasté derrière une adoption qu'on me cachait. Depuis ce jour là, je suis devenu un St Goerges, un héritier de la grande chaîne d'hôtel. Je me suis souvent demandé ce que le sort m'aurait réservé si ma mère n'avait pas trouvé la mort le jour de ma naissance, si je n'avais pas été adopté... Enfin, avec des si on en ferait des choses... J'ai donc atterri dans le foyer de Timéo et Judith St Goerges. Ils étaient heureux, ou du moins arrivé à le faire croire à tout le monde. La carrière de Timéo était un succès alors que sa vie familiale un vrai désastre. Mais les premières années, tout allait bien, ne pressons pas les choses.

vingt deux novembre mille neuf cent quatre vingt onze, au village sans prétention j'ai mauvaise réputation. Sept ans, j'avais seulement sept ans quand les problèmes ont commencé. Je suis devenu un enfant à problèmes, du jour au lendemain. Je fréquentais une école privée, bourrée de gosse de riche, comme je l'étais. Un gamin, Nick ou Théodore un truc dans le genre, m'a balancé que j'étais un gosse adopté. C'est pas ça qui m'a dérangé, je l'avais appris un an plus tôt. (Timéo et Judith avait d'ailleurs eu le droit à une belle crise ce jour là...) Il a dit que ma vraie mère était une trainée... Je ne l'avais jamais connu mais j'imaginais qu'elle était une femme superbe, digne et respectable. Je me suis jeté sur lui. Tout le monde sait ce qu'il se passe quand des gosses se disputent dans une cour de récré, et ben j'ai pas échappé à la règle... Quand Tim' et Judith sont arrivés, j'ai compris qu'une tempête allait s'abattre sur moi. Heureusement pour moi, Vahina, ma petite sœur, avait cassé le vase de Chine du salon ce qui m'a permis d'échapper au pire de la punition... Toujours est il que depuis ce jour, on m'a catalogué dans les enfants à problèmes. Les St Gorges ont complètement déliré et ont voulu m'envoyer voir un psy... Un psy à huit ans... Et puis quoi encore ?! Avec le recul, je me suis souvent demandé ce qu'ils leur étaient passés par la tête...

dix neuf février deux milles un, être un adolescent, c'est pire qu'être un enfant parce que tu es conscient de tout ce qui t'arrive. J'ai compris à quinze ou seize ans que ma vie serait courte, que je n'avais qu'une vie alors j'ai décidé d'aller au bout des choses, au bout de mes pensées. Drogue, alcool, sexe, tout y est passé. Mon petit frère, Jason, a tenté de me suivre dans ma déchéance mais ce n'était pas bon pour lui, il allait trop loin. J'ai essayé de la stopper mais rien n'y a fait. Il était toujours dans mes pattes, ne voulant pas rester à la maison. Timéo était dur avec lui et j'ignorais pourquoi avant ce soir de février. Jay' était dans un sale état alors qu'il était à peine onze heures du soir. J'en avait assez, j'en pouvais plus de le voir dans cet état... Je lui ai demandé ce qu'il se passait pourquoi il était toujours après se mettre minable. Il m'a dit que c'était à cause de Tim', qu'il savait qu'il avait une maitresse, qu'il ne le disait pas à Judith, et que toutes les réunions, les voyages étaient des mensonges. Je haïssais Tim', parce qu'il n'arrêtais pas de s'en prendre à D. Mais quand j'ai appris qu'il trompait Jud', elle qui l'aimait tant, qui s'attachait à son amour depuis des années avait été trahis. On est rentré. Le lendemain, je suis passé voir Timéo à son bureau, chose que je ne faisais jamais, c'est sans doute pour ça qu'il s'est douté que quelque chose n'allait pas. Je lui ai dit qu'il fallait qu'il arrête de déconner, qu'il ne s'en sortirais plus aussi bien qu'avant, que Jason m'avait mis au courant. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans sa petite tête, mais en tout cas ça ressemblais à un gros bordel. J'ai pris une gifle dans la gueule. Je pense que ce qu'il l'a le plus énervé c'est que je me la ferme, que je ne dise rien après cela. J'ai fait demi-tour, je suis rentré à la maison et j'ai tout avoué à Judith. A ma grande surprise, elle m'a dit qu'elle était au courant de tout depuis longtemps, elle n'était pas idiote à ce point mais elle aimait tout simplement Tim'... Je n'en revenais pas.

vingt et un juin deux milles un, la fuite n'est pas la meilleure des solutions mais ça peut aider. Jason achetais de la coke tous les jours, sans jamais payé. Son dealer en a eu assez et l'a passé à tabac. Je ne pouvais pas grand chose pour lui. C'était mon petit frère, je devais le protéger, mais comment... Tim' n'accepterait jamais de lui filer l'argent, surtout quand il serait qu'il servirait à payer de la coke. J'avais bien une idée mais il n'avait pas 17 ans. Si il avait été engagé dans l'armée, il lui aurait foutu la paix... J'ai rien fait jusqu'au jour où ce pauvre type a menacé Vahina. Je ne supportais pas qu'on touche au moindre cheveux de la belle, elle était ma petite soeur adorée que nous faisions vivre dans un monde irréel. Je suis conscient que ce n'était pas bon pour elle mais elle ne serais pas là où elle en est aujourd'hui sans cela. Judith avait de la famille en Australie. J'ai proposé à Jay de partir là-bas et de convaincre Vahi de partir avec lui. Je n'avais pas peur de ces types. A vrai dire, je n'ai jamais eu peur d'un autre homme... Pourquoi quelqu'un m'impressionnerait-il alors qu'il est né avec les même capacités que moi ? Ils ont donc rejoints le pays des kangourous. Après leur départ, je me suis fait tatoué. Un V et un J sur le côté gauche. Même la distance ne pouvait nous séparer. Tim' n'a pas apprécié. Il en avait assez de moi, il voulait que je débarrasse le planche.

trois décembre deux milles trois, je marcherais pas dans la boue avec ces bottes. Voilà deux ans que je suis dans l'armée. La guerre d'Irak a commencé. J'ai été un élève difficile, qui ne voulait pas se plier aux règles. Mais ils m'ont gardé, "mon père" leur avait dit de me mater. Les premiers jours ont été infernales et puis avec le temps ont si fait. Je suis pas devenu un gentil petit mouton pour autant. J'ai compris que la seule solution pour qu'ils me foutent la paix c'était obéir alors j'l'ai plus ou moins fait, même si je contestais souvent les ordres. Je n'avais pas de famille a part Vahina et Jason, que je n'avais pas vu depuis bientôt trois ans, pas d'attache, pas de femme c'est pour ça que quand on m'a annoncé vingt deux jours avant Noël que j'allais rejoindre l'Irak ça ne m'a rien fait. Je suis même pas rentré à la maison avant de partir. J'ai pris mes affaires et suis monté dans l'avion sans un regard en arrière. Je pensais pas que l'enfer se trouvait sur terre. L'endroit était affreux, ont risqué notre vie au quotidien. J'avais peur parfois. On était dans un endroit où on provoquait une haine inouïe, n'importe quoi pouvait nous tomber sur le crâne, c'était sans doute ça le plus horrible. On nous a attribué des coéquipiers. Je me suis donc retrouvé avec Bonnie McGregor. Je me souviendrais toujours du premier regard qu'on a échangé. On savait que notre vie, ou plutôt notre survie se tenait entre les mains de l'autre... Je devais faire confiance à une inconnue qui, comme tout humain le ferais, n'hésiterais pas à protéger sa vie avant de penser à la mienne. J'ai décidé de tout faire pour la ramener en vie quand elle m'a dit qu'elle était ici pour que son fils fasse des études. Rapidement, on est devenu amis, en même temps on passait tout notre temps ensemble... Elle était quelqu'un de génial et faisait une mère extraordinaire. Elle m'avait souvent demandé pourquoi j'étais là, pourquoi je n'appelais jamais personne. Je ne disais pas que j'étais l'héritier d'un immense empire, je n'étais que St Goerges, comme il y en a des dizaines au pays. Tous le monde semblait si impatient de pouvoir rentrer, tout le monde sauf moi...

treize mars deux milles quatre, quand un seul être vous manque, tout semble dépeuplé. Bonnie et moi étions de plus en plus proches. On nous a envoyé sur un mission un matin. Pour nous, ce n'était qu'une mission comme une autre. On devait rentrer avant la tombée de la nuit, des gars sont venus avec nous mais nous devions ouvrir la marche. On est tombé sur une embuscade. Moi qui n'avait rien, absolument rien, ce jour là j'ai eu la chance de survivre alors que Bonnie... Elle a été touché en plein ventre. J'ai oublié les balles, j'ai oublié les fous qui me tiraient dessus et ceux avec qui j'étais venu jusqu'ici. Je l'ai tiré de ce coin dangereux et une voiture est venue en un rien de temps après que j'ai lancé le signal d'alerte. Elle a été transporté jusqu'à l'hôpital le plus proche où les médecins qui étaient avec nous l'ont opéré. Elle n'a pas survécu. Les derniers mots que j'ai eu pour elle étaient simples et beaucoup trop froid à mon goût. Je lui ai dit qu'elle ne pouvait pas abandonner, que Jeff avait besoin d'elle, comme moi, qu'elle n'avait qu'à me parler... Elle m'a dit qu'elle aurait aimé me connaitre ailleurs qu'ici, et de ne jamais abandonner... Elle m'a aussi dit qu'elle avait fait un paquet pour son fils, et qu'elle voulait que je lui donne. Je ne pouvais pas lui refuser. Quand j'ai appris sa mort, j'ai été dévasté même si j'ai refusé de le montrer. Je ne voulais pas revenir à New York, je voulais rester ici et continuer, faire comme si il ne s'était jamais rien passé. Mais les psy n'étaient pas de cet avis et ils m'ont fait renvoyé chez moi. Je n'ai plus jamais remis les pieds sur le sol irakien. Une semaine et demie plus tard, Bonnie fut enterrée? J'ai rencontré son fils et l'ai pris sous mon aile. Lui aussi n'a plus personne a présent, comme je le fut à une époque... J'avais que vingt ans à ce moment là et pourtant ont y est arrivé. Mon frère et ma soeur m'ont appelé, après avoir appris la nouvelle, je ne sais comment. Ils m'ont appris que Timéo et Judith avait quitté la ville pour Singapour. Le loft était toujours à nous, les clés étaient à la banque, je n'avais qu'à aller les chercher. Toujours est il que cette expérience m'a beaucoup endurci et m'a aussi poussé à me faire un nouveau tatouage. Je commençais plus à ressembler à un punk sorti tout droit de Camden qu'à un militaire.

trente mai deux milles quatre, doucement, la vie reprends son cour. Vahina et Jason ont décidé de rentrer à NYC. Cela fait à peine deux moi que Jeff et moi cohabitons et pour l'instant tout se passe bien. L'armée m'a proposé de suivre une formation pour devenir flic. J'ai l'impression qu'il ne me reste que ça à faire mais j'hésite encore... J'ai jamais vraiment aimé les policiers, un peu comme les militaires mais je n'avais pas eu le choix. J'suis parti les attendre à l'aéroport, Jeff était aussi là. Ils n'étaient au courant de rien mais il savait qu'il était trop vieux pour être mon gamin. Il avait dix ans, c'est sûrement ce qui faisait qu'on était proche. La seule chose qui nous liait, c'était sa mère qui avait fait en sorte que si il lui arrive quoi que ce soit, son gosse soit à ma charge si je le voulais. Comment aurais-je pu refuser ? Quand il l'on vu, ils n'ont rien dit. Ils se sont contentés de nous prendre dans leurs bras, je savais parfaitement ce qu'il ressentait à ce moment là. C'est pour ça que j'ai refusais qu'il assiste à nouveau à de tel événement. On est rentré et la vie à semblait reprendre son cours... Vahina était enceinte, Jason n'avait toujours pas de boulot. C'est moi qui devait lui filer de l'argent pour sa coke... Un soir, Vahina ne rentrait pas... C'était à peine deux mois après leur arrivée. J'avais trouvé un job en tant que vendeur dans un petit magasin du coin. Jay est entré, tout affolé, il avait laissé Jeff seul mais cela faisait déjà trois heures qu'elle aurait dû être à la maison. J'ai quitté mon boulot sur le champ pour la retrouver. Elle n'était nulle part. L'ex-dealer de Jay l'avait envoyé à l'hôpital... Il l'avait frappé à tel point qu'elle en avait perdu son enfant. Ce jour là j'en ai eu assez et j'ai foutu Jason à la porte.

quatre août deux milles quatre, la manque de nouvelles n'est pas toujours annonciateur de bonne nouvelle. Cela faisait trois semaines que nous n'avions plus vu ou entendu parler de Jason. Vahina ne sortait plus de la maison et gardait Jeff quand il était à la maison. Je bossais tous les jours. Un soir en regardant les infos, j'ai vu la photo de Jay. « Do you know John Doe ? » Je n'en revenait pas... Il était là sans vie. J'ai appelé la police et ai donné son identité. On l'a enterré quelques jours plus tard. Timéo et Judith sont venus. Je ne leur ai pas adressé la parole une seule fois, à l'inverse de Vahin'. Elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait. Je suis son grand frère mais je n'ai pas à décider de sa vie. Toute personne doit faire ses propres erreurs pour progresser. La mort de Jay' me faisait mal, la police n'arrivait à rien. Je l'avais mis à la porte, oui, mais je l'aimais. Il restait mon frère, celui qui j'avais fait tomber des balançoires en voulant voir si il pouvait voler, celui qui m'avait gagné un soir où l'on avait parié de séduire la capitaine des cheerleaders. C'est sa mort et l'inefficacité de la police qui m'a fait comprendre que je devais devenir flic. J'ai accepté la formation qu'on m'avait proposé quelques mois plus tôt. Je devais retrouver ces types et leur faire payer, comme j'aurais dû le faire des années plus tôt. J'ai supplié Vahina de partir, d'aller en France ou quelque part dans le genre en attendant que je les retrouve. C'était trop dangereux pour elle ici. Je lui ai demandé de prendre Jeff avec elle mais elle a refusé. Elle vit toujours ici, avec moi et Jeff.

vingt et un juin deux milles sept, après l'effort, le réconfort. Cela fait trois ans que j'ai commencé ma formation, trois ans que Jason nous a quitté... Je viens de finir ma formation et suis officiellement flic. Jeff grandit et Vahina a finalement trouvé un job en tant que maitresse de petite école... Je garde en tête le moyen de ma revanche et attends le jour où je leur mettrais la main dessus avec impatience... Mon premier jour au commissariat a été horrible. C'est gars là sont tous une bande de con ! Ils n'ont pas de but dans la vie. Si ils sont devenus policiers c'est soit parce que leur père l'était avant eux, soit parce que gamins, ils faisaient toujours le gendarme quand il jouait. Ils sont là sans vraiment savoir pourquoi, sont mous et bouffent des beignets. Et moi avec mes tatouages, mes oreilles percées je sort du lot. Oui, vous ne rêvez pas, le junkie du coin, avec son jean rentré dans ses Doc Martens, ses bracelets et ses cheveux en bataille est flic. J'pense que j'suis encore engagé parce que j'ai pas de mal à me fondre dans la masse. Les missions d'infiltration c'est mon truc, depuis le premier jour.

vingt sept septembre deux milles neuf, même en priant pour du soleil, la pluie n'arrêtera pas de tomber. Cela fait maintenant deux ans que je suis dans la police. Jeff est entré dans un collège privé, ma soeur est toujours prof' et je n'ai toujours pas retrouvé les enfoirés qui ont saigné mon frère. Mon boulot m'ennuie parfois, c'est pourquoi je travaille souvent pour des particuliers. C'est pas non plus passionnant mais au moins, ça rapporte. Depuis un an environ je joue dans un groupe en tant que bassiste. C'est plus pour l'éclate que pour autre chose. Je ne sais pas où la vie me mènera à présent... Tous les flics de la ville courent après ce Cash alors que je suis sûr qu'il est juste sous leur nez. Pourquoi tant d'hommes s'acharne sur ce mec ? Encore quelque chose qui m'échappe mais enfin bon... La vie continue, rien ne peut arrêter le temps... Rien à part la mort.