Texte écrit sous le nom d'[i]Eliott M. Petit, en duo avec Darla-Raphaëlla De Ravin à Central Park)

"J'ai ma matinée de libre, j'ai un peu de temps devant moi."

Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir tout simplement acquiescer avec le sourire ? La jeune femme semblait.. étrange, un mélange de tristesse et de contrariété. Eloi était donc si lourd que ça ? Si elle ne voulait pas rester avec lui, il suffirait simplement de lui dire. D'ailleurs, voyant l'expression de Darla, il faillit lui demander si elle désirait vraiment rester avec lui ou si c'était simplement pour lui faire plaisir, mais il se retint, ne voulant pas passer pour encore plus lourd qu'il semblait déjà l'être. Il se contenta de continuer à marcher, et souligna, par une question assez personnelle, le fait le téléphone de la mannequin ne cessait de vibrer. Tout à coup, Darla se met à rire.. Certes, ce n'est pas une explosion de ricanements, mais juste un chaleureux rire moqueur. Ne voyant pas ce qu'il y avait de drôle dans sa phrase, le petit français n'esquissa qu'un petit sourire content mais qui, d'un autre côté, montrait clairement son incompréhension. Peut-être rigolait-elle parce que son père lui envoyer des textos alors que je prenais ce même envoyeur pour l'homme avec qui elle était en couple.

"Pas du tout "

Et un grand sourire pour Eloi, un ! Oui, monsieur était heureux car, si elle aurait eu un copain, ça aurait été bien mais que dans le cas où elle aurait voulu tromper celui-ci avec lui. Imaginez qu'elle soit fidèle.. Oui, aïe-aïe-aïe. Alors que là, elle était totalement libre, accessible à tous, et donc à Eliott également !

"Je pense que personne n'est assez fou pour sortir avec une fille comme moi.."

Et un sourire en moins pour Eloi, un ! Là, il s'intéressait un peu plus à ce qu'elle disait, car il redoutait le pire. S'il fallait être fou pour se mettre avec une fille pareil, c'est qu'en dessous son incroyable beauté devrait se cacher une obscure facette, ou alors une chose désagréable, tue-l'amour ou carrément, faisant fuir les hommes. En tournant ses phrases de cette manière, ça devenait un peu inquiètant, toute cette histoire..

"Et puis je n'ai pas le temps de m'occuper d'un homme.. Je prends déjà trop de temps."

Pourquoi devrait-elle s'occuper d'un homme ? Elle n'est pas maman à ce qu'on sache ! D'ailleurs, ce serait à son homme de s'occuper d'une femme semblant si fragile qu'elle. Eliott regarda la jeune femme, et pouvait presque décrypter une vie amoureuse désastreuse. Certes, il ne déchiffrait pas les messages oculaires, mais de son expression jusque dans ses paroles, rien ne montrait qu'elle avait, un jour, vécu une magnifique histoire d'amour. Est-ce que ça aussi, ça faisait parti de la rançan de la gloire ? Si oui, alors la gloire était vachement gourmande !

"Tu pourrais, toi ?"

"Heu.. Honnêtement, non. M'ocuper d'un homme, impossible que ça m'arrive.. Par contre, sortir avec une jolie mannequin américaine, parlant français, et en plus étant super gentille, je pense que je ne devrais pas avoir trop de mal !"dit-il en souriant.

Question bête, réponse bête. Mais bon, le jeune homme n'allait tout de même pas dire froidement, dès leur première rencontre, qu'il était légèrement homophobe sur les bords. Là encore, c'était à cause de LV, mais il n'allait pas en parler, il en avait fait le serment. Ah.. pourquoi faut-il que tout se rapporte à celui-là ?!
C'était bien beau, bien drôle tout ça, on sourit, etc.. mais la charmante Darla n'avait toujours pas précisé qui était l'auteur de tous ces messages envoyés.. Un concurrent, peut-être ? Mais ce fameux adversaire, avait-il découvert la personnalité de la jeune femme, ou du moins, le peu de la personnalité que Eloi-Martin avait découvert en une heure à peine ? Le petit français aurait pu s'arrêter au joli minois de mademoiselle et l'inviter au restaurant, mais non, à force de lui parler, celle-ci avait lentement retiré son armure et était devenue beaucoup plus.. gentille, ainsi qu'émouvante (bah ouais, son histoire de "je ne peux pas avoir de vie amoureuse", c'est tout de même triste, non ?). Mais finalement, tout ça vint chambouler l'esprit du jeune homme : quel est donc cette partie d'elle qui fait qu'on doit être fou pour se la faire à long terme ? Cette question trottait la tête du garçon depuis qu'il avait entendu les fameux mots "personne" - "assez" - "fou". Généralement, tous les fous meurent. Personne n'est assez fou pour défier la mafia russe.. Ceux qui le sont, décèdent. Mais oui ! Elle était de la mafia russe ! Difficile à croire, mais de nos jours, on ne sait jamais, n'importe qui peut être dans n'importe quelle magouille.. (ou peut-être qu'elle avait simplement des problèmes d'emploi du temps, comme elle l'avait dit précédemment..)

"Ce sont des.. amis. Une fille avec qui je travaille nous a vu depuis sa limo, et elle est très curieuse de savoir qui tu es.."

Elle lui avait, entre temps, montré une photo. Eloi avait arboré son plus grand sourire.. Si une de ses amies avait pu les voir, alors qu'en serait-il des photographes de journaux "people". Demain, c'était sûr, Eloi serait sur toutes les couvertures des magasines, et avec de la chance, ça parviendra jusqu'en France. Oui, car rappelons que monsieur était toujours au lycée ! Enfin, normalement. Il avait son bac à passer, et d'ailleurs, il ne tarderait pas à repartir en France pour une semaine ou deux avant de revenir s'installer à New-York.

"Ensuite, un autre type m'a annoncé une soirée au bord de la mer avec des gens.. comme nous, quoi. Rien d'intéressant en somme."

Rien d'intéressant ? Rien d'intéressant ?!! RIEN D'INTERESSANT ?!!!! Mais elle était folle ? Une fête sur le bord de mer, avec alcool, drogues, femmes, ça ne se loupe pas ! C'est un évènement immanquable ! Etait-ce ça, vivre comme un mannequin ? Enchaîner les fêtes mémorables et se faire photoshoter.. Si seulement Eloi était remarqué. Mine de rien, il avait le physique requis pour le mannequinat (enfin à peu près) mais c'est juste qu'il n'avait pas les bons contacts.. Ou alors, les bons diplômes. Le jeune français n'avait droit q'aux petits boulot et aux emplois précaires, rien de durable et rien de vraiment passionnant. Oui car on ne peut pas dire que servir des buvards en se faisant insulter était quelque chose de passionnant. Et puis, l'Aphrodisia était un endroit charmant.. mais lorsqu'on y venait pour y prendre du plaisir, voir les fillee danser. Lui, il y allait tous les jours, tellement que les strip-teases chorégraphiés ne faisaient plus aucun effet sur lui.

"Dis-moi, et toi.. Tu fais quoi ? Tu bosses dans quoi ?"

Super ! La question à ne pas poser. Vous le voyez dire "j'suis barman" alors qu'il a, en face de lui, une magnifique mannequin de renommée.. bon, nous ne dirons pas internationale, mais ça s'en rapproche. En plus, rien que le mot faisait penser aux gros baufs qui picolent durant leur service et qui mangent secrètement des donuts en mattant les filles bouger leurs derrières. D'un côté, donuts mis-à-part, c'est l'attitude qu'avait adopté Eloi lors de ses premières heures de travail à l'Aphro'. Heureusement qu'il tenait bien l'alcool, sinon imaginez le désastre.. De plus, il serait renvoyé immédiatement, le pauvre !

"Moi ?.. Bah.. J'bosse dans la restauration, les trucs comme ça, tu vois ?.."

Il termina sa phrase, et se mit à rire. Il n'en croyait pas ses oreilles, il avait sorti un mensonge tellement peu crédible qu'il en était devenu drôle. Il se demandait comment ferait-elle pour le croire s'il racontait des bobards à chaque question qui lui était posée. Tant qu'à faire, autant dire la vérité, maintenant qu'il était démasqué.

"En fait, je travail dans un.. lieu en tant que barman. Mais ça se compte dans la restauration, non ?"

Là encore, il avait rit, mais beaucoup moins longtemps que la première fois. Il avait dit qu'il était barman, pas la peine de dire que c'était dans une boîte de strp-tease. On voyait bien que parler de son travail l'embarrassait un peu, et Darla ne mettrait pas longtemps à comprendre qu'il avait honte de ce qu'il faisait alors qu'elle était payée trente fois plus que lui. D'ailleurs, ses quelques dollars par semaines ne suffiraient peut-être pas pour se payer une voiture descente, ainsi que le permis de conduire. Il en avait vraiment besoin, car prendre les transports puis marcher à pieds tous les matins de Staten island jusqu'au Bronx devenait vite fatiguant. Peut-être se mettrait-il lui aussi à vendre son corps, comme le font beaucoup de filles à New-York. Il pourrait se taper des vieilles et richissimes femmes, un bon gigolo bien docile qui exaucerait tous les désirs les plus fous tout ça pour se payer une voiture pour arriver plus rapidement à son lieu de travail.. si ce n'est pas ironique tout ça.
Soudainement, Darla augmente le pas. Elle se met à marcher beaucoup plus vite, et Eloi commence à se poser des questions. Finalement, elle veut rester ou non ? Ou pêut-être essayait-elle d'éviter une connaissance à elle. Machinalement, il regarda en arrière, mais rien de spécial. Quand il revint regarder devant lui, il la vit, marchant en arrière sans faire attention à ce qu'il y avait derrière elle.

"Je laisse mon portable et ma vie de cinglé dans mon sac, si tu acceptes de me revoir de temps en temps.. quand je suis libre."

Donc, en plus de vouloir rester avec lui quelques minutes de plus, elle désirait le revoir un autre jour.. Mais c'est excellent, tout ça !

"Et es-tu libre ce soir, ou demain soir ? Si ça ne te dérange pas d'être accompagnée d'un vulgaire barman, j'aimerais t'inviter quelque part.. Je ne sais pas où pour l'instant, mais je vais vite trouver.. Attention !"

Prenant la main de Darla, Eloi la tira vers lui et provoqua donc un contact. Ils étaient désormais collés l'un à l'autre, même si le sac hors de prix de la mannequin venant de chez Chanel s'était interposé entre eux au niveau du ventre. Puis, avec un grand sourire, le petit français s'exprima.

"Nan, j'plaisantais. Il n'y avait personne derrière, mais au moins, j'ai eu un semblant de câlin venant de toi, j'pourrai me la péter auprès de mes potes."

Il espérait qu'elle ne le prenne pas mal, ce n'était qu'une petite blague. Finalement, ils reprirent la marche, et arrivèrent bientôt à l'une des sorties du parc. Eliott était heureux, il avait passé une bonne matinée en compagnie de cette femme, alors qu'il était censé faire du repérage. Au moins, il connaîtrait une partie de Central Park maintenant ! A présent, ils devaient se quitter, c'était le deal, il l'avait accompagné jusqu'à une sortie. Le jeune homme s'arrêta donc, et regarda Darla dans les yeux, une fois de plus. Ses yeux n'étaient, en fait, pas désarmants, mais juste captivants. C'était drôle, car la scène faisait vachement film américain, quand les deux protagonistes se regardent avant de se séparer et tout se termine par un long baiser langoureux.. Mais c'est bien connu, Eloi est le genre de mec qui casse les mythes.

"Ca te dit de faire le chemin en sens inverse ?"

Il se mit à rire, encore une fois. S'ils refaisaient le chemin en direction d'une autre sortie, ça voudrait dire qu'ils resteraient ensemble encore un bon bout de temps. Central Park était un immense lieu, donc si la jeune femme n'avait pas vraiment beaucoup de temps, s'engager dans un retour serait mauvais pour elle.

"Enfin, si t'as le temps. Tu es sure d'avoir toute ta matinée ? Sinon, on peut toujours se voir à un autre moment.. ou je peux même t'accompagner à ta fameuse fête sur le bord de mer, si jamais ça peut la rendre plus attrayante pour toi."

Ah, la fameuse fête. Visiblement, il voulait vraiment y aller ! D'ailleurs, on voyait qu'il voulait légèrement profiter des relations de la charmante mannequin pour pénétrer dans les cadres V.I.P. Malin le petit Eloi-Martin, mais est-ce raisonnable de jouer ainsi avec la belle Darla-Raphaëlla ? (dis donc, c'est le bal des prénoms composés..).

OK. Par Evie