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| | [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up | |
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Auteur | Message |
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| Sujet: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 1:22 | |
Identity Card Feat "Nikolaj COSTER-WALDAU"(c) HFB |
Mon nom est Roman Serguei Kandinski, mais les intimes, les compatriotes prompts à la condescendance et à la longue, tout le monde, m'appellent Roma. Comme vous l'aurez deviné, car je vois que vous êtes tous remarquablement vifs et cultivés, je suis portugais. Oui, je me fous de votre gueule, j'éviterai de recommencer à l'avenir. Je suis bel et bien issu de la patrie du caviar et de "Kalinka", le pays des dirigeants en "-ine" et en "-ev", de la répression et de la vodka. Le concept de l'âge me parait terriblement terrestre, mais puisque l'heure est au pragmatisme, j'ai récemment soufflé mes quarante-deux bougies (c'est une métaphore, je ne fête pas mes anniversaires, car je n'y vois rien qui soit digne de célébration). Je suis né à Moscou, au sein d'une de ces familles privilégiées qui consituaient la Nomenklatura soviétique, et j'ai grandi en profitant des meilleurs aspects du bolchevisme, avant qu'un train n'en décide autrement - on y reviendra plus tard, au train, et à l'URSS. De Moscou à Kharkov, d'Odessa à New York, j'ai tour à tour été zonard, poète, délinquant, traducteur, squatteur, passeur à tabac qualifié... les petits boulots classiques, en somme. Aujourd'hui, suite à une obscure histoire de dettes et services rendus, je possède un bar très apprécié par mes camarades de Little Odessa, dont je prête le sous-sol à la Mafia Rouge pour diverses réunions ou petits meurtres entre amis. Je suppose que, du coup, on pourrait objectivement me qualifier d'hors la loi, mais le fait est que mes positions et mon code de l'honneur sont relativement flexibles - je ne suis ni pour ni contre la loi, mais avec le plus offrant. J'aime les femmes, mais elles m'emmerdent. Il y a longtemps, j'en ai aimé une - je suppose qu'aujourd'hui, elle continue de tapiner en espérant un jour toucher du doigt son rêve de gamine imbécile. Enfin, je ne devrais pas être aussi sévère - au fond, moi aussi, je suis un genre de pute.
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Wanna know more ? ▬ La plus grande honte du personnage ;
Si vous saviez... je n'ai pas de plus grande honte, pour la simple et bonne raison que la Honte avec un grand H, comme un fox-terrier en chaleur, me colle aux basques depuis des années, qu'il neige, qu'il pleuve ou qu'il vente. Et pour ne rien gâcher, elle se trimballe toute une rimbambelle de chiots: la honte d'avoir atteint quarante ans et de ne pas être le grand homme sur lequel on écrira des livres que je me suis promis de devenir, la honte d'éprouver un certain plaisir à battre des traitres comme plâtre, la honte d'éprouver si peu de scrupules à trahir moi-même, la honte d'avoir abandonné ma femme à ses emmerdes, la honte de m'en foutre. Parfois, je lance un os à cette joyeuse bande, et ils me foutent la paix un instant... mais ils reviennent invariablement, la queue dressée et la langue pendante. ▬ Définition de l'enfer pour le personnage ;
Quand j'étais jeune, je croyais que l'Enfer, c'était Kharkov, mais j'ai compris aujourd'hui que c'est bien plus complexe que ça. Oh bordel, "quand j'étais jeune..." C'est abominable, de parler comme ça, comme si j'avais déjà un pied dans la tombe. Je ne sais pas ce qui s'assimilerait le plus à l'Enfer à mes yeux: stagner pour l'éternité, ou bien arriver au sommet et me rendre compte que j'en tire aucune satisfaction. Enfin, là, je vous donne ma vision de l'enfer dans mes moments philosophes. Le reste du temps, l'enfer c'est les écureuils de Central Park, et les putes asiatiques qui tentent de mettre les Rouges à la retraite. On voit bien que Dante n'a jamais vécu à New York. ▬ Définition du paradis pour le personnage ;
Vous savez, je crois que je ne suis pas quelqu'un de très heureux, au fond. Alors, sincèrement, imaginez ce qui me rendrait dingue de bonheur... Des fois, je me surprends à rêver d'une vie rangée, tranquille, d'une vie que j'aurais pu avoir si je ne m'étais pas tourné vers la Mafia en arrivant à New York. J'écrirai des poèmes ou des romans autobiographique au bord d'une plage des Hamptons. Une femme, une pipe un pull. Et un môme, aussi. Je vais peut être vous paraître niais et incohérent, mais j'aimerais vraiment avoir un gamin. Mais je suis vieux, seul, et surtout bien trop dangereux pour un enfant. Peut être que je pourrais en voler un, cela-dit. A Central Park, il n'y aurait qu'à tendre la main pour se servir. ▬ Point faible du personnage ;
Avec le temps, je commence à me dire je suis particulièrement aveugle dès qu'il s'agit de ma personne. Je n'accepte ni l'échec, ni la moindre remise en question. Et peut être que par orgueil, je m'affuble de qualités et de compétences que je n'ai pas. Peut être que je me rêve puissant, mais que je suis, en réalité, tout aussi minable que mon oncle. Peut être que si j'ai abandonné Tania à son triste sort, c'est tout simplement parce que je n'ai pas supporté la blessure narcissique qu'elle m'a infligée, et à plusieurs reprises, mon tempérament sanguin m'a poussé à commettre des bassesses que je regrette. Mon point faible, c'est aussi, dans un sens, mon ambition démesurée pour lequel je serais prêt à faire tous les sacrifices et prendre toutes les mauvaises décisions, pour un résultat final généralement bien loin de mes espérances. ▬ Point fort du personnage ;
Je suis un caméléon, voilà ce qui m'a toujours tiré d'affaire et qui m'a jusqu'ici empêché de sombrer. Sans difficulté, je suis capable d'adapter ma personnalité à loisir en fonction de mon auditoire et de la situation. S'il le faut, je peux être le plus agréable des hommes - enjoué, cultivé, poli, intelligent et gentil. Le gendre idéal. Je suis un animal sociable: parler aux inconnus, m'intéresser à autrui, entretenir une conversation, tout ça ne m'a jamais posé problèmes. Après, faire de même en étant sincère, c'est une autre histoire. Mais quand le contexte l'exige, je peux être d'une froideur implacable, violent et sans pitié. J'impute cette propension au retournage de veste à un instinct de survie particulièrement aiguisé. ▬ Casier judiciaire ;
EN UKRAINE: - Trafics en tous genres - Revente de livres interdits - Dégradation de biens publics - Entrée par effraction - Ivresse sur la voie publique
AUX ETATS-UNIS: - Insulte à agent - Association de malfaiteurs - Complicité et responsabilité de meurtres - Passages à tabac - Chantage et intimidation - Financé par la Mafia Rouge.
Behind the screen... ▬ Prénom ou pseudo ; Celle qui rit de tout cela, qui veut plaire et s'en tenir là, c'est moiiiii, c'est moi Nina ! ▬ Âge ; L'age des pierres. ▬ Où avez-vous connu le forum ; Oh, c'est un beau roman, c'est une belle histoire, c'est une romance d'aujourd'hui. ▬ Connexion ; 5/7 ▬ Code du règlement ; - Spoiler:
OK par Anja ▬ Avez vous signé le règlement ; [x]OUI ; [] NON ▬ Exemple de RP ;
- Spoiler:
«Bien, bien, tout ça est très intéressant, mais… si nous essayions d’aborder quelque chose de, disons, d’un peu plus profond?»
Je lève vers Mr Winter, psychologue diplômé au bord de la crise de nerfs, des yeux implorants. Presque la moitié de la séance s’est déjà écoulée, et jusque-là, j’ai brillamment réussi à éviter tout sujet intime ou important. Plus volubile que jamais, je l’ai noyé sous un flot d’anecdotes du boulot, de joyeuses scènes familiales, bref, un vrai petit Mr Bonheur. Le psy a souri, quelque fois, mais ses yeux ne mentaient pas. Son regard en disait long sur ce qu’il pensait réellement de ma logorrhée : il s’en tamponnait l’aisselle avec une quetsche et n’attendait visiblement qu’une chose, qu’on en vienne à l’oncle pervers qui me matait sous la douche quand j’étais petit. Je comprenais bien son irritation, mais comment lui expliquer que si j’étais là, allongé sur son divan, c’était uniquement pour faire plaisir à ma voisine ? Depuis un an qu’elle m’invite tous les dimanches pour me remercier d’avoir réparé son lave-vaisselle, la veuve Doyle connait à présent ma vie en détail. Du coup, «forcer Andrew à consulter » s’est directement placé en troisième position sur la liste de ses activités préférées, juste après manger des asperges et me stigmatiser en évoquant la Shoah à tout bout de champ, la mine grave. Elle m’a eu à l’usure, et je me suis retrouvé dans ce cabinet étouffant, alors que je n’avais pas la moindre envie de me faire triturer le cerveau. «Quelque chose sur votre femme peut être ?» Je pousse un soupir contrit. Après tout, puisque je suis coincé ici pour encore une demie heure et que je vais de toute façon claquer une somme exorbitante, c’était peut être tout aussi bien de jouer le jeu. Sous le regard insistant de Mr Winter, je me renfonce un peu sur le divan et me lance finalement à l’eau. «C’est bon, vous avez gagné. J’avais vingt et un ans quand j’ai rencontré Lily. C’était… à une soirée, sûrement, je me souviens que je faisais le con pour amuser la galerie, comme d’habitude. Elle faisait la gueule dans un coin, on aurait dit un pitbull en robe pailletée.» Cette image m’arrache un sourire attendri. Ce n’était peut-être pas l’idée du siècle de me lancer sur Lily. Je pourrais en parler pendant des heures, en bien, en mal, qu’importe. Ironie du sort, moi qui m’étais juré de survivre à cette séance sans aborder quoi que ce soit de personnel, voilà que je crains soudain de ne pas avoir assez de temps pour tout dire, alors que les mots se bousculent contre la barrière de mes lèvres. Rapidement, les images d’un passé plus heureux me submergent. Lily dans sa robe moulante, fusillant du regard l’hurluberlu qui osait perturber sa soirée de déprime passagère. Ses yeux alourdis par un trait de khôl maladroit, ses cheveux blonds coupés court à la Edie Sedgwick, ses chaussures un rien trop grandes. Elle paraissait comme débarquée d’une autre époque, et elle m’avait attiré dans sa toile sans avoir à lever le petit doigt, sans même en avoir envie, d’ailleurs. Ce soir-là, j’ai décidé que ce serait elle, et pas une autre. Les nanas du campus ne m’intéressaient pas, je ne voulais que cette fille, la seule qui trouvait le moyen de tirer la tronche à une soirée baptisée «Tequila Falls». Pendant des mois, je lui ai fait la cour, revenant inlassablement à la charge chaque fois qu’elle m’envoyait balader, j’ai senti les barrières se fissurer quand elle me sourit pour la première fois, et le barrage s’effondrer finalement quand elle vint frapper à ma porte un soir de Mai. Je me tourne vers Mr Winter, pour reprendre contact avec la réalité, manquerait plus que je chiale, tiens, ce serait un comble. J’y peux rien, pourtant. Depuis que je suis à New-York, je parle très peu de Lily, comme si ne pas prononcer son nom revenait à renier son existence, et toutes les émotions qui vont avec. «Vous savez, je me suis toujours foutu de la gueule des mensonges d’Hollywood, qui nous fait croire que la trivialité, c’est romantique. Je t’aime parce que tu beurres bien les tartines. Je t’aime parce que tu fais toujours un double nœud à tes lacets. Pourtant, c’est comme ça que j’aimais Lily, pour ces petites manies, ces petites imperfections» J’étais tout simplement dingue d’elle, même si elle était incapable de cuisiner sans foutre du paprika partout, même si elle faisait la gueule pendant trois jours lorsque je la trainais au ciné pour voir un film coréen, même si elle prenait un soin maniaque à faire le lit avant d’y envisager tout rapport sexuel. Deux ans après le début de notre relation, j’ai obtenu un poste de pigiste au Chicago Tribune, ce qui était assez incroyable pour quelqu’un d’aussi jeune que moi. Lily avait accepté de me suivre à une condition : qu’on se marie. Déjà à l’époque, faire le grand saut me paraissait prématuré. Je voulais passer ma vie à ses côtés, bien sûr, l’épouser, lui faire des enfants, et tout le bazar, mais pas si vite. Et pourtant… Mr Winter note quelque chose sur son calepin, mais à en juger par les mouvements de son stylo, j’ai plutôt l’impression qu’il dessine un bonhomme. Il lève les yeux, fronce les sourcils, et j’ai l’impression qu’il pense déjà que je suis un sacré couillon. «Mais pourquoi, alors» me demande-t-il d’une voix douce et posée, comme s’il s’adressait à un enfant de quatre ans, «pourquoi vous êtes-vous lancé dans la grande aventure du mariage si vous ne vous sentiez pas prêt ?» Je hausse les épaules, je me sens con soudainement. «Parce qu’elle y tenait vraiment, je suppose. Parce que j’étais fou amoureux, que je tenais pas à choisir entre ce poste et elle, et que je la baisais trois fois par jour … Je rêve ou vous avez levé les yeux au ciel ?» Il ignore superbement ma remarque et m’enjoins à développer d’un geste de la main. Je n’ai pas envie de continuer, pas envie de ressasser les mauvais souvenirs qui m’attendent au tournant. Les yeux rivés vers la fenêtre, je me surprends à évaluer quelles seraient mes chances de survie si je m’évadais en sautant dans le vide. Il n’est pas trop tard. Et puis les mots sortent tout seul, sans même avoir la décence de me demander mon avis. «C’était une erreur de se marier si jeunes, je le sais bien. Mais comment j’aurais pu prévoir que lui passer la bague au doigt serait le début de la fin ?» Bon, eh bien, on va continuer à parler, visiblement.
Je lui raconte un peu nos débuts à Chicago, du coup, la joie de voir mes premiers articles publiés, mon ascension fulgurante au sein de la rédaction. A vingt-cinq ans, j’étais l’un des plus jeunes reporters de l’équipe, et sans vouloir me la jouer, j’héritais la plupart du temps des sujets les plus intéressants. Parfois, le rédac’ chef, mon nouveau meilleur ami, m’autorisait à enquêter sur le sujet de mon choix, tant que je lui rapportais de l’inédit, de l’extraordinaire, ou du révoltant, bref, du sensationnel. Armé de mon reflex, je passais les rues de Chicago au peigne fin, traquant l’info sans relâche, sans m’autoriser une minute de répit. J’interrogeais la vieille dame qui hantait les parkings du lac Michigan, le groupé indé qui montait dans les charts, le leader démocrate qui venait d’être impliqué dans une sordide affaire de mœurs, le syndicaliste furibard. Quand je n’étais pas occupé par une interview, j’arpentais les bas-fonds, mon appareil habilement dissimulé, ou bien je restais au bureau jusqu’aux aurores, perfectionnant un article à paraitre. «Honnêtement, je n’ai jamais été aussi heureux qu’à cette époque. Mais plus je m’épanouissais, plus ma femme s’éloignait de moi. Je… quand j’y réfléchis maintenant, je crois que je lui faisais honte.» Les nouvelles amies de Lily étaient très différentes de celles qu’elle avait à la fac. Ses collègues étaient élégantes et raffinées, la plupart jeunes mamans, elles avaient épousé des avocats, des cadres, de beaux partis, quoi. Elles menaient une existence carrée, sans faute de gout, sans imprévu. «Et Lily, qu’est-ce qu’elle avait à la maison ? Moi. Un mari hyperactif, toujours par monts et par vaux, qui s’enthousiasmait pour tout et n’importe quoi. Elle faisait semblant d’être heureuse pour moi, mais je la sentais comme… déçue, comme si elle se sentait inférieure à ses amis. Elle n’arrêtait pas de répéter que le journalisme était une lubie, que ça me passerait, que je devais envisager de trouver un métier plus sérieux.» Ainsi, peu à peu, elle se refroidissait à mon égard. Je ne la faisais plus rire. Elle ne me lançait plus le regard attendri que j’aimais tant quand je lui racontais mes périples urbains. J’étais marié à un vieux quarante-cinq tours qui grinçait en boucle. Face A, le grand tube de Lily, ‘je ne sais pas si tu as remarqué, mais on évolue dans un monde d’adultes maintenant’, et sa non moins célèbre face B, ‘il serait temps que tu atterrisses et que tu te trouves un vrai métier.’ Je refusais d’affronter la vérité, d’admettre qu’elle m’étouffait en tentant de me modeler à sa guise, jusqu’à ce que je devienne l’homme dont elle serait fière. Elle rêvait d’une maison en banlieue, d’une pléiade d’enfants, et d’un époux en costume, tout ce que je n’étais pas capable de lui offrir. Et peu à peu la Lily de la fac qui brûlait les pancakes et voulait devenir illustratrice me paraissait à des kilomètres de l’inconnue qui partageait mon lit. Mais comme à mon habitude, je me persuadais que ce n’était qu’une mauvaise passe, qu’on allait être heureux comme avant, et que son mépris se changerait en fierté avec le temps. «Je me souviens qu’elle répétait tout le temps que reporter était un métier dangereux, qu’un jour il allait m’arriver quelque chose. Que j’étais un égoïste, que je me fichais de la laisser seule. J’en riais, et je la rassurais de mon mieux. Le problème, c’est que un coup de malchance a fini par lui donner raison.»
Ce que j’appelle le premier incident a eu lieu un soir de janvier, en 2009. Le rédac’ chef m’avait chargé d’écrire un article sur la hausse de la prostitution russe dans la banlieue ouest de Chicago, et pour ce faire, j’avais décidé de jouer la carte de l’infiltration : me faire passer pour un client, et une fois suffisamment à l’écart des oreilles indiscrètes, interroger les prostituées elles-mêmes. Celle qui m’avait emmené dans la chambre d’un motel glauquos, Tanya, ne pouvait malheureusement pas bouger le petit doigt sans l’autorisation expresse de la petite frappe qui lui servait de mac. Armé d’une batte qui ne me rassurait pas franchement, le type s’était posté à l’extérieur de la chambre, prêt à intervenir en cas de besoin. Je n’avais pas prévu ça, et sa présence rendait l’exercice plus délicat. Tanya, malgré la peur d’être découverte, avait accepté de me raconter la misère de son quotidien, mais ce qui devait arriver arriva. Au bout de dix minutes, suspicieux de n’entendre ni les gémissements ni les halètements qui accompagnent généralement la copulation, le mac a ouvert la porte à la volée. Il a vu le dictaphone, et s’est rué sur moi comme un taureau gorgé de vodka. Avant qu’il puisse me frapper, j’ai eu le réflexe de me jeter sur le côté et, par je ne sais quel miracle, j’ai réussi à sortir de la chambre sans me faire défoncer le crâne. Je courais comme un dératé, dans la cage d’escalier, puis dans la rue, suivi de près par le bruit lourd de ses pas qui se rapprochait, les insultes qu’il braillait en russe me vrillant les oreilles. Je sens que Mr Winter a arrêté de dessiner, la tournure James Ellroy que prend mon histoire l’intéresse visiblement plus que mes déboires amoureux. «Je n’ai même pas eu conscience que je traversais la route, je voulais juste lui échapper. Après, tout s’est enchaîné très vite. Cette voiture a déboulé sur la gauche, je me souviens de la lumière aveuglante des phares, de m’être envolé pendant quelques secondes, et puis la sensation des éclats de pare-brise qui s’enfonçaient dans mon dos.»
Les médecins m’ont répété une bonne centaine de fois que j’avais eu une chance incroyable. Je m’étais réveillé après quelques semaines de coma, avec pour toutes séquelles une collection de points de sutures et une douleur lancinante tout le long de ma colonne vertébrale. Après la rééducation, j’ai pu rentrer chez moi, avec trois boites d’antidouleurs, auprès d’une Lily certes éplorée mais au fond ravie de pouvoir me prouver qu’elle avait raison. Je la revois encore, lovée contre moi, me murmurant qu’il était peut-être temps que je l’écoute, à présent, que je me réoriente vers une carrière qui ne m’enverrait plus à l’hôpital, que c’était mieux pour moi comme pour elle. Encore une fois, mon cœur m’a dit mauvais plan, ma tête m’a dit d’écouter ma femme, et ma tête a gagné. Dès que j’ai pu reprendre le travail, j’ai demandé au directeur du journal de me déplacer dans la section ‘économie’ du Tribune, ce qu’il accepta finalement, à son grand désarroi. «Alors là pour le coup, Lily était aux anges : plus d’adrénaline, plus de danger. J’écrivais des articles barbants sur la chute de la bourse, j’étais plus souvent à la maison… Elle rayonnait littéralement, pendant que moi je m’enfonçais dans une spirale infernale, en me bourrant d’antidouleurs pour mon dos et pour oublier que j’étais malheureux comme les pierres.» Je tentais de me convaincre que c’était mieux ainsi. J’avais enfin un métier respectable aux yeux du cercle d’amis de Lily qui pouvait enfin parler de moi sans avoir honte, ma femme se rapprochait à nouveau de moi, j’étais mieux payé et je n’étais pas mort, de quoi je me plaignais ? Pour continuer à entretenir cet énorme mensonge, je me suis mis à gober de plus en plus de cachets, c’est dire si j’étais heureux tiens. Bientôt, les médicaments prescrits ne me suffirent plus. Ce n’était plus mon dos, le problème, mais ma vie. Alors je me suis mis à acheter mes pilules auprès des dealers locaux, antidouleurs pour chevaux, kétamine, j’en passe et des meilleurs. Ils m’abrutissaient ou m’euphorisaient suffisamment pour m’empêcher d’admettre que mon couple était une grosse blague, que Lily semblait se délecter de me voir errer du salon à la chambre comme l’ombre de moi-même, et que je détestais mon nouveau job.
Et puis, comme si tout ce bordel n’était pas suffisant, il y a deux ans et demi maintenant, la bombe est tombée. «Lily était enceinte» Je n’étais pas prêt à être père, pas du tout. Au lieu de paniquer, puis d’en discuter calmement avec elle, j’ai doublé les doses d’antidouleurs et j’ai fait mine d’être ravi. Autour de moi, tout le monde s’inquiétait : mes amis, mes collègues. Prends des vacances, Andrew. T’as mauvaise mine, Andy. Tout va bien, mon pote ? Je balayais ces inquiétudes d’un revers de la main, oui oui, j’étais aux anges, c’était la vie dont j’avais toujours rêvé, le paradis sur terre, mensonge sur mensonge. Mr Winter toussote pour m’interrompre et jette un œil à son carnet. «Excusez-moi, mais… tout à l’heure vous avez parlé du premier incident. Je suppose donc qu’il y en a eu un second ?» Je hoche la tête en silence. «Mr Rothstein, est ce que c’est cet… incident qui vous a conduit à New York, sans femme ni enfant ?» Je jette un coup d’œil et réalise que la séance touche bientôt à sa fin. Merde merde merde. Moi qui étais venu à reculons, voilà que je n’ai plus assez de temps pour déballer ce que j’ai sur le cœur, ironie quand tu nous tiens. J’inspire un bon coup et je mette à l’eau avec le débit d’une mitrailleuse. «Ce que j’appelle le deuxième incident, oui. C’était il y a deux ans, Lily était enceinte de cinq mois, et je me berçais toujours d’illusions quant en fait que je tournais en rond dans ma carrière comme dans mon mariage. Sur le chemin du bureau, il y avait un chantier depuis quelques temps, un immeuble, enfin on s’en fout. Un monte-charge soulevait des blocs de béton. Là encore tout s’est passé très vite. Un type a hurlé, j’ai senti quelque chose me frôler le crâne, et un bloc s’est écrasé à mes pieds. J’ai failli en faire une crise cardiaque. A deux centimètres près, j’étais mort. » Moue de Mr Winter. «Vous êtes un vrai miraculé, dites-moi ! Que s’est-il passé ensuite ?» «Les gens se sont précipités, est ce que j’allais bien, appelez une ambulance, etc. Je me suis enfui, loin de la foule, et j’ai atterri dans un bar. En enchainant les whiskys, j’ai médité sur ce qui venait de m’arriver, et tout est devenu limpide. Je vivais un mensonge, ma femme m’étouffait, je ne voulais pas être père, et j’étais à deux doigts de devenir timbré. Ce bloc qui avait failli me défoncer la boite crânienne, c’était un signe du destin. Tout comme l’accident de voiture, seulement je l’avais mal interprété. On avait épargné ma vie, deux fois qui plus est, alors il était temps que je la reprenne en main.» Lily passait le week-end chez sa mère. Je ne l’ai pas appelé, je ne lui ai pas laissé de mot. J’ai laissé l’impulsion du moment guider mes gestes, sinon je savais que je ferais marche arrière. Je suis repassé chez moi, j’ai fait mes valises, et je suis parti, tout simplement. J’ai abandonné ma femme, mon futur fils, ma vie entière, en quelques heures, sans même me retourner. J’ai pris l’avion pour New York, et voilà deux ans que j’y vivote tant bien que mal. Grâce à un coup de pouce de mon ancien patron, j’ai réussi à me faire embaucher par le Daily News, où j’essaie peu à peu de retrouver l’ancien bonheur que me procurait le journalisme. Lily a cru pendant un bon moment que j’étais mort, ou parti avec une autre, jusqu’à ce que je l’appelle au bout de six mois. Depuis, elle attends que je revienne, en utilisant notre enfant comme moyen de pression : elle m’interdit de le voir, et m’envoie des photos en espérant me faire craquer. «Mr Rothstein, pardon de vous interrompre encore une fois, mais la séance est terminée.» Non, non, non! Il y a encore milles chose dont je voudrais lui parler, ma culpabilité, mon nouveau patron qui me déteste, mon incapacité à retrouver une vie sentimentale, ses putains d’antidouleurs qui me bouffent ma paie… Il semble lire le désespoir dans mon regard et, l’espace d’une seconde, ses lèvres esquissent un sourire victorieux. Et un converti de plus, un ! Je dépose le chèque sur son bureau, lui serre la main et quitte le cabinet avec la désagréable impression que si sa bouche a dit «à la semaine prochaine », ses yeux ont dit «grâce à toi et tous tes problèmes, je vais pouvoir m’acheter une villa à Miami. Bingo !» ▬ Célébrité sur l'avatar ; Nikolaj amé 203, Nikolaj 2Pierre, Nikolaj Coster-Waldau ▬ Multicompte(s) ; Nope, nope. ▬ Un dernier truc à dire ? ; Je vous aurais bien chanté une dernière chanson, mais je vois les tomates dans vos mains crispées, alors je m'en vais.
Dernière édition par Roman S. Kandinski le Jeu 13 Juin - 13:33, édité 14 fois |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 1:23 | |
Once upon a time... ▬ Une chanson pour commencer cette présentation ? ;
queen | i want it all ▬ Histoire ;
MOSCOU
Je suis né d'un mensonge, mais au moins, je suis bien né. Mon père, Svenka Levine Kandiski, était un capitaine de petite envergure qui, suite à la mort de l'un de ses camarades de bataillon, a endossé son insigne, ses médailles, et son identité. Oui, l'absence de remords coule dans la famille. Devenu gradé respectable, et fervent membre du Parti – ce qui était facile, lorsqu'on en accaparait tous les privilèges – il s'est fait une place au milieu de la Nomenklatura moscovite, allant jusqu'à séduire et épouser Darla Karénina, la fille d'un technocrate haut placé. Le 16 janvier 1972, je fis mon apparition. Mes parents et moi vivions dans un appartement toute somme basique, mais sacrément luxueux selon les standards soviétiques, au cœur du quartier des officiers. Je ne garde bizarrement de cette époque que des bribes de souvenirs. L'uniforme rutilant de mon père, ce héros de guerre, que je portais aux nues et qui me racontais, avec force enjolivements, ses exploits dans les Balkans. La voix douce de ma mère, et surtout, les soirées qu'ils donnaient, la lumière des bougies, les boutons dorés des invités paternalistes qui m’ébouriffaient les cheveux, les rires et les chants russes qui résonnaient jusqu'à tard dans la nuit. Visualisez Anastasia avant la révolution. Ma révolution, elle, a pris le train. Mes parents sont morts quand j'avais onze ans, bêtement, dans un accident de... train, bravo, il y en a qui suivent. Un des petits plaisirs dont jouissait la classe supérieure était de pouvoir voyager librement à l'étranger, et mes parents ne s'en privaient pas. Leurs corps furent pulvérisés par la violence de l'impact, et à l'église orthodoxe, je refoulai mes larmes devant des cercueils vides, et j'en ris presque immédiatement, comme un fou, parce que c'était tragique et ridicule. Il fallut finalement me sortir du lieu saint manu militari. Je n'ai plus jamais foutu un pied dans le train. La seule famille à laquelle je pouvais être confié était mon oncle, posté à des kilomètres de Moscou, en Ukraine, dans la proche banlieue de Kharkov.
KHARKOV
Comme je devais rapidement le réaliser pour ne plus jamais changer d'avis, mon oncle Youri était un minable. J'avais beau chercher, l'observer à la dérobée pendant des heures, j'étais incapable de trouver la moindre ressemblance entre mon père et ce petit homme, malingre et veule, officier sans ambition au nez duquel passaient toutes les promotions, incapable de réussir quoi que ce soit. Il était gentil et me traitait correctement, certes, mais c'était un perdant – et pas le genre de loser magnifique sur lequel on écrit des livres, non, un vrai perdant bien pathétique. Très vite, je vouai à cette ville où j'avais atterri, à ces habitants frustres et à cette vie qui n'était pas censée être la mienne, une haine viscérale. Si ce n'était pour ce stupide accident de train, j'aurais été promis à un avenir brillant – après avoir fréquenté les meilleures écoles moscovites, j'aurais sûrement fait mes études à Cambridge, je serais revenu au pays auréolé de prestige, et j'aurais pu me consacrer à l'écriture, comme Tolstoï, Dostoïevski, et même ce traître de Nabokov. La mort de mes parents ne m'avait pas seulement poussé du haut de mes privilèges, elle m'avait aussi privé du futur sans tâche qui m'était dû, j'en étais convaincu. D'enfant en colère, je devins un adolescent blasé, dans cette banlieue grise et appauvrie, où rien n'était permis que d'y croupir et où l'on avait accès à strictement rien. J'étais doué pour les études, mais l'enseignement prodigué au lycée de Kharkov ne me satisfaisait pas. Avec mes nouveaux amis, Alexei et Konstantin, nous passions des heures à lire les romans de Jules Verne et d'Alexandre Dumas, et nous jurions de parcourir le monde en aventuriers, de devenir des héros modernes. Malheureusement, l'Ukraine soviétique laissait peu de place aux rêves, surtout pour le prolétaire que j'étais à présent. Notre trio était le fruit étrange d'une union entre aspirants poètes et petites frappes de seconde zone. Nous lisions Brodsky et vandalisions des trains. Nous volions à l'étalage, nous cambriolions des appartements où il n'y avait rien à prendre, et mettions en place des trafics divers pour nous payer de belles sapes et nous donner l'illusion de faire quelque chose de nos vies. Ces frasques m'ont valu d’atterrir un nombre incalculable de fois en garde à vue, mais j'échappai toujours à la prison car il semblait que j'étais le seul en URSS à mépriser mon oncle avec autant de virulence – les autorités de la ville l'estimaient et l'appréciaient, si bien qu'ils finissaient toujours par me rendre ma liberté.
Quand Gorbatchev, en démissionnant, a mis un terme à près de cinquante de guerre froide, le 25 décembre 1991, j'avais dix-neuf ans. Le bloc soviétique explosait, la foule hurlait de joie et agitait des drapeaux, et c'est tout à fait perplexe que j'observai cette débauche d'émotions devant la télévision de mon oncle. Je ne voyais pas matière à se réjouir, et je regardais l'URSS se disperser dans un silence empli d'appréhension. Qu'est ce qu'ils croyaient, ces imbéciles? Que parce que Bush et McDonald's nous tendaient la main, nous allions tous miraculeusement sortir de la misère dans laquelle nous croupissions? Que l'argent et les opportunités allaient nous tomber tout droit dans le bec? Mais la misère ne nous lâchait pas, elle luttait et s'accrochait avec l'énergie du désespoir. Peu à peu, je vis mes amis, Alexei, Kostia, et les autres tomber entre ses griffes et creuser leurs propres tombes. Ils prirent des postes à l'usine, et puisqu'ils avaient été suffisamment idiots pour engrosser les truies castratrices qu'ils baisaient parce qu'à Kharkov, il n'y avait que ça à se mettre sous la dent, ils les épousèrent. Horrifié, alors qu'ils s'éloignaient de moi, je vis leur regard s'éteindre, leurs dos s'affaisser, et quand il arrivait que je les croise au bar, leurs yeux ternes lançaient des appels au secours qui me firent prendre conscience que si je ne voulais pas finir comme eux, j'avais tout intérêt à prendre la fuite.
ODESSA
A ma grande déception, Odessa, c'était comme Kharkov, mais en moins crade et en plus peuplé. Je n'avais pas abandonné mon désir de vivre de ma plume, aussi risible qu'il était, et j'avais emporté dans mes bagages mes poèmes et le journal que j'avais tenu toute mon adolescence, au ton acide et sans concession. Mais depuis que le bloc s'était définitivement dissous, il ne servait plus à rien d'être irrévérencieux et dissident – le temps était à la nostalgie et aux regrets de pacotille. De squats en squats, je m'intégrai rapidement au cercle d'écrivains bohèmes de la ville, qui organisaient des soirées ouvertes où chacun lisait ses meilleurs écrits. Je trouvai la plupart très mauvais, et ces gens, rebelles quand il n'y avait plus de raison de l'être, m'irritaient, mais j'étais nourri et logé – que demander de plus? Je découvris que j'avais un don rare: celui de me faire aimer avec une facilité déconcertante. Les écrivaillons d'Odessa appréciaient ma jeunesse, ma fougue, mon franc-parler, ma prétention de jeune con qui s'assume. Je me suis ainsi fait entretenir pendant quatre ans, au cours desquels j'ai beaucoup écrit, continué mes trafics pour arrondir les fins de mois, et rencontré l'amour de ma vie, l'unique. Tania évoluait dans ces cercles arty mais ne faisait rien de ses dix doigts. Elle rêvait d'être actrice, et en attendant, elle errait dans les salons enfumés, une cigarette aux lèvres et les yeux rêveurs. Elle était grande, presque aussi grande que moi, et malgré sa maigreur, elle était d'une beauté qui vous foudroyait sur place lorsque ses yeux gris perçants croisaient les vôtres, comme par erreur. Tout le monde la voulait, et c'est moi qui l'ai eue, vous pouvez croire que j'étais fier comme Artaban. Tania fit exploser mon capital sympathie – nos protecteurs nous adoraient. Nous étions les amants terribles, beaux et impulsifs, nous nous déchirions pour mieux nous retrouver. Ils étaient témoins de nos violentes engueulades comme de nos parties de baises, bref, nous étions de la chair à roman inespérée. Et puis, un jour, Tania exprima le désir de s'envoler pour cette terre promise qui avait été si longtemps notre ennemi juré: les Etats Unis. «Il n'y a plus rien pour nous, ici, Roma.» J'étais on ne peut plus d'accord: elle ne deviendrait pas une star en Ukraine, et personnellement, j'en avais ma claque de jouer les amuseurs domestiqués pour le bon plaisir d'une bande de vieux hippies. L'ex URSS ne nous apporterait que déception et regrets. Pendant quelques mois, je multipliai les plans très moyennement légaux pour mettre de l'argent de côté – j'ai revendu de la coke, j'ai dépouillé des amis qui nous étaient pourtant venus en aide à maintes reprises, et autres petits délits. Visas en règle et économies en poche, nous sommes envolés vers la Grande Pomme avec la certitude que le reste de notre vie commençait enfin.
NEW YORK: PART I
Une fois passé l'émerveillement initial de se retrouver perdus au milieu des gratte-ciels, paysage fantasmagorique pour nous qui n'avions pas été exposés aux films américains au cours de notre enfance, Tania et moi avons constaté avec amertume qu'à New York, où la vie filait à cent à l'heure, personne ne nous attendait. Pendant un premier temps, grâce aux recommandations de nos amis d'Odessa et à l'efficacité redoutable de notre pouvoir de séduction, nous vivions aux crochets d'un couple de quinquagénaires qui nous présentèrent du beau monde. A Tania, divers photographes qui lui firent miroiter gloire et richesse, à moi, un type qui me dégota un job de traducteur qui consistait à retranscrire les nouvelles en russe pour un journal communautaire. Notre opportunisme assouvi, nous quittâmes ces lieux qui empestaient la vieille Russie et la naphtaline pour un appartement minuscule et délabré à Little Odessa. Là bas, je plongeai tête la première dans un univers qui m'était alors inconnu – celui de la Mafia rouge. Notre immeuble était peuplé de types louches, petits proxénètes et gros poissons. Puisque je n'avais pas satisfait mes ambitions par le biais de l'écriture, et parce que j'étais jeune et con, je décidai que mon destin s'accomplirait dans le crime, par pur goût du risque. Si les gorilles lobotomisés qui squattaient ma cage d'escalier pouvaient le faire, il n'y avait pas de raison que j'échoue.
Igor Brodsky, caid local qui gérait des deux mains quelques putes et un trafic d'armes, portait le nom du poète, mais la ressemblance s'arrêtait là. Il me fit servir un verre de vodka que je bus aussitôt pour me donner une contenance, car je devais bien l'avouer, il m'intimidait. J'avais obtenu un entretien par le biais de Seymon, son homme de confiance, qui m'aimait bien et avec qui il m'arrivait de faire la tournée des bars. Brodsky alluma un cigare et m'observa longuement. «Tu as déjà tué quelqu'un?» Cette simple question me déstabilisa et je m'agitai sur ma chaise, honteux d'être si peu avancé sur la route de la criminalité. «Pas encore, mais...» «Qu'est ce que tu sais faire, exactement, Roma?» J'ai toujours eu horreur qu'on me coupe. Mais bizarrement, je ne me sentais pas trop de lui faire remarquer. Je haussai les épaules. «Eh bien, je suis un peu écrivain, j'écrivais beaucoup en Ukraine, et...» «Impressionnant.» J'eus un sourire modeste, flatté comme toujours, et puis je vis que ses yeux, en contradiction avec ses lèvres, étaient d'une froideur polaire. Il poursuivit, doucereux. «Non, c'est vrai, ça te sera vraiment utile. Quand tu te feras choper par un flic, un cadavre fumant à tes pieds, et qu'il faudra réagir vite pour sauver ta peau, tu lui balanceras des alexandrins à la gueule.» Mortifié, je restai mutique, et il partit d'un grand rire qui me cloua sur place avant d'agiter la main dans ma direction comme pour chasser un insecte. Il ne me regardait déjà plus. «Allez, rentre chez toi, boychick. Il n'y a pas de place pour un poète, ici.» Il m'aurait frappé à dix reprises avec un tisonnier brûlant, je n'aurais sûrement pas été plus blessé qu'à cet instant. Jamais je n'avais ressenti une humiliation plus cuisante. Rouge de honte et furieux contre le monde entier, mais surtout contre moi-même pour avoir été aussi naif, je quittai la pièce en trombe.
Je vécus les mois qui suivirent dans un état fébrile, agité par une colère sourde, qui me bouffait de l'intérieur. Pas seulement parce que Brodsky m'avait rabaissé plus bas que terre en quelques mots, mais également à cause de Tania. Elle sortait tous les soirs, prétextant qu'elle y était contrainte, que c'était pour sa carrière – mais quelle carrière, Tania, quelle carrière? Elles sont où, tes photos, ton putain de book? - et ne revenait qu'au petit matin, camée jusqu'à l'os. Lorsque j’amorçais le moindre geste tendre, elle se raidissait, me repoussait et s'endormait comme une masse. J'en devenais malade. Nos engueulades devinrent de plus en plus violentes, et nos réconciliations, de plus en plus rares. Qu'est ce qu'elle croyait? Que j'étais stupide? Que je ne savais pas qu'elle passait ses soirées à quatre pattes, à sucer des soit-disant producteurs qui, ils le lui juraient, allaient lui obtenir un contrat, bientôt? Un soir, alors que j'écumais les bars de Little Odessa à sa recherche en compagnie de Seymon, je la trouvai à moitié dévêtue, dans une allée sombre, un homme suant collé contre elle. «Reste calme» me glissa mon compagnon. Facile à dire, mais j'essayai. J’agrippai le type par l'épaule, tandis que Tania étouffait un cri de surprise. «Je ne sais pas ce que tu cherches, mec, mais tu le trouveras sûrement pas entre les seins de ma femme.» L'autre m'invita à aller me faire foutre, et je l'allongeai au sol d'un uppercut bien placé. Seymon, intuitif, s'est occupé d'éloigner Tania et de la coller dans un taxi. La rue était déserte. Alors j'ai laissé libre cours à toute la colère, toute la frustration que j'avais accumulé pendant des mois, et à force de coups de pieds, j'ai réduit l'homme à l'état de pulpe sanguinolente. Il respirait encore quand je pris la fuite, mais je n'en aurais pas mis ma main à couper. «Je ne comprends pourquoi elle fait ça, pourquoi elle croit que se faire sauter comme une pute lui donnera du travail.» confiai-je plus tard à Seymon après avoir éclusé les trois quarts d'une bouteille de gin. Il poussa un soupir et me resservit. «L'amour t'aveugle, Roma. A Odessa, c'était peut être une bombe, mais ici, elle vaut pas un kopeck, ta femme.» Et il avait raison. Je le voyais bien, elle était gauche, maladroite... paysanne, comparée aux New Yorkaises élégantes qui descendaient les grandes avenues. Je me démerdais plutôt bien en anglais, elle baragouinait à peine. Elle n'avait aucune chance. Selon Seymour, si je voulais qu'elle s'en sorte, j'allais devoir allonger la monnaie. Et comme tout coïncidait, il avait justement une proposition à me faire. «Je sais qu'Igor t'a rembarré, mais moi, je pense que tu peux nous être utile. Tu as besoin d'argent, et nous on a besoin de quelqu'un comme toi, qui cogne dur et qui sait se taire.»
Voilà comment je me retrouvai, au moins une fois par semaine, à pousser la porte d'une cave qui puait la mort où m'attendait, menotté sur une chaise, une taupe, un flic trop curieux, un gêneur, ou encore un traître. Qui aurait cru que la Mafia avait tant de mauvaise graine à éradiquer en son sein? On me payait pour leur défoncer la gueule, tout simplement – il s'agissait généralement de leur passer l'envie de récidiver mais il arrivait que la mort soit leur sentence finale. Seymon s'en chargeait la plupart du temps, traînant leurs corps meurtris par les pieds pour les achever tranquillement ailleurs. Je pensais que j'y verrais un certain problème éthique, toucher un chèque pour exploser le nez d'inconnus, mais bientôt, je ne ressentis plus aucune empathie pour mes victimes. Voir le sang gicler et les sentir ramollir sous les coups me défoulait, et j'y pris à la longue un plaisir vicieux. Quelques fois, il me laissa les battre jusqu'à ce que mort s'ensuive. On fait tout un pataquès comme quoi, tuer un homme, c'est comme arracher une parcelle de son âme – personnellement, j'ai vite dépassé le traumatisme. Mais les pulsions violentes que déclenchaient mes activités nocturnes devinrent rapidement incontrôlable. Je finis par foutre Tania à la porte, suite à une dispute qui avait dérapé au delà du réparable. Tu es un raté, une merde, qu'elle répétait, gorgée de coke. Elle jouissait de se faire sauter par tous ces autres types, elle ne m'avait jamais aimé. Alors j'ai balancé toutes ses affaires par la fenêtre et je l'ai traînée dehors, sans autre forme de procès. Abasourdi par la dureté de mon geste, je restai prostré chez moi pour le reste de la semaine. Je ne l'ai plus jamais revue. On raconte beaucoup de choses à son sujet – certains qu'elle tapine, d'autres qu'elle a quitté le pays, et d'autres qu'elle est morte. Je ne souhaite pas connaître la vérité, pour tout vous dire.
NEW YORK: PART II
Le temps a passé, j'avais déjà trente cinq ans et ma vie s'éloignait de plus en plus du fantasme que j'avais nourri pendant des années. A Little Odessa, Seymon semblait avoir supplanté Brodksy, tyrannique et bien trop gourmand – donc imprudent. En plus de mes passages à tabac régulier, il se mit à me charger de responsabilités minimes, mais variées. Chantage, intimidation et racket de partenaires criminels, patrons de boîtes ou trafiquants récalcitrants à payer leur tribut. Il m'apprit à me servir proprement d'un flingue et m'emmenait à l'occasion avec lui lors de transactions délicates, au cas où les choses tourneraient au vinaigre et qu'il faudrait se résoudre à cogner. Et un soir, alors qu'il s'apprêtait à m'ouvrir la porte du sous-sol où je me livrais à une violence bestiale sur de pauvres hères qui réclamaient leurs mères, il arrêta son geste et posa sa main sur mon épaule, un sourire inquiétant aux lèvres. «Celui-là, considère le comme un petit cadeau de ma part. Je m'en serais bien chargé, mais je me suis dit qu'il te ferait plaisir.» Seymon tourna les talons, je poussai la porte et sur la chaise du condamné, nul autre que mon vieil ami Igor Brodsky. Un frisson nous parcourut tous deux, mais pas pour les mêmes raisons. Il m'adressa un sourire crispé, comme s'il pouvait occulter le tremblement compulsif de ses membres. «Roma... boychick...» J'eus un sourire carnassier et m'approchai à pas lent, savourant ce moment unique. «Roman, Brodsky. C'est Roman.» Le diminutif condescendant s'appliquait peut être au jeune homme idéaliste que j'étais il y a des années, celui qu'il avait humilié et rétrogradé au rang de moins que rien sans trop y penser, mais plus à celui que j'étais à présent, qui avait tué, volé, blessé, et foutu sa femme droguée et paumée à la porte par pur égoisme. Je tendis la main vers la batte que j'utilisais pour commencer et caressai le manche d'un air pensif. «Tu vois, je t'aurais bien balancé quelques alexandrins à la gueule...» Il déglutit, ne prenant même plus la peine de cacher sa peur, et je lui adressai une moue faussement désolée. «... mais tu avais raison, ce truc est beaucoup plus efficace.» Et j'ai frappé, frappé, frappé jusqu'à ce que le sang gicle sur le mur et mes vêtements, jusqu'à ce qu'il ne respire plus. Bye-bye, Brodsky.
Le coup d'état de Seymon était un succès sur toute la ligne. Après s'être assuré que personne ne contesterait plus son autorité, il entrepris de me remercier pour mes années de bons et loyaux services, en m'offrant un genre de sinécure. «Je viens de racheter un bar, dans le coin, et j'ai besoin de quelqu'un de confiance pour le gérer.» Je fronçai les sourcils. «Pourquoi, tu tiens à ce qu'on serve à tes hommes des mojitos de qualité, avec la petite ombrelle et tout le bordel?» «Ne fais pas l'idiot.» En réalité, ils avaient besoin d'un nouveau lieu où se réunir en toute discrétion. Le NYPD avait repéré l'un de leurs QG, et il se trouve que le bar qu'il avait acquis était muni d'une porte dérobée, à l'arrière d'une allée déserte de jour comme de nuit. Je n'aurais pas de loyer à payer, tous les bénéfices me reviendraient – la seule chose qu'on me demandait, c'était de faire tourner le bar pour ne pas éveiller les soupçons, de leur ouvrir ma cave et surtout, de ne jamais poser de questions. «C'est dans mon domaine de compétences, j'imagine.»
Voilà donc où j'en suis aujourd'hui. La situation s'est considérablement améliorée depuis mon arrivée à New York, j'imagine qu'il est difficile de le nier. Je vis confortablement, bien que financé par le crime, le bar marche plutôt bien et je suis en bonne santé. On a vu pire. Mais je commence à me lasser d'être l'homme à tout faire de Seymon. Roma, ouvre moi ta cave, on doit parler de quelque chose dont tu ne sauras rien. Roma, on a un mec à liquider, on sera là dans dix minutes. Roma, tu veux bien aller tabasser ce type pour moi? Roma par-ci, Roman par-là. Je me rêvais roi, moi voilà larbin, mais attention, larbin en chef. Mais je ne suis pas encore mort et enterré, et je compte bien tenter de retourner la situation à mon avantage tant qu'il me le sera permis. Si je ne peux pas monter en grade, je me tournerai vers les autorités qui commencent à loucher sur mon bar. Un changement d'allégeance, tout au plus. J'ai réduit suffisamment de traîtres en purée pour avoir une idée des erreurs à ne pas commettre. Dieu, ou n'importe qui, me soit témoin, je m'imposerai dans ce monde, en héros ou en truand.
Dernière édition par Roman S. Kandinski le Jeu 13 Juin - 14:27, édité 14 fois |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 1:24 | |
Re-bienvenue |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 1:25 | |
doahfeuzhgvnfneaufohvrzghrzg; cet avatar. Je crois qu'il va nous falloir un lien avec ma petite Autumn, quel que ce soit ce personnage. Je te souhaite bon courage pour ta fiche et pour ta validation ! |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 1:28 | |
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| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 1:29 | |
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| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 2:25 | |
Tellement ma bouche a fait *0* en voyant ton choix d'avatar que mes mâchoires ont craquées ! (Oui je suis douée) J'ai bien rigolé en lisant la première description, j'aime beaucoup ce style d'écriture ! Si j'ai bien compris, t'es pas nouveau/nouvelle donc re-bienvenue ! O/ P-S : GAME OF THRONES AU POUVOIR ! Bon courage pour le reste de ta fiche ! |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 2:50 | |
Il rentrait chez luiii là hauuuuut vers le brouillard, elle descendait dans le midi, le midiiiiiiiiiiiiiii !
Rebienvenue ! Tu connais la maison, bon courage pour ta fiche ! |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 7:55 | |
MERCI TOUT LE MONDE It's good to be back <3 |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 8:26 | |
Rebienvenuuue. |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 8:34 | |
Gnihihihihiiiiiih, rebienvenuuuuue lamaaaaaaa Hâte de voir ce que tu vas faire avec ce nouveau perso' |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 9:11 | |
Bon retour sur le forum et bon courage pour cette fiche ! |
| | | Reine des GlacesGott weiss ich will kein Engel sein MESSAGES : 14152
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| Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 9:47 | |
Re-bienvenue ici Un russe né à Moscou et qui aide la mafia, je crois qu'on aura des choses à se dire toi et moi ^^ Bon courage pour ta fiche ! |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 12:06 | |
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| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 12:25 | |
re Bienvenue! |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 12:34 | |
Merciiiiii, j'ai une de ces envies de vous balancer un escadron de poneys sur la tronche, la vie de ma mère @Anja, oh que oui en plus je n'ai jamais RP avec toi quand j'étais ici, donc on va rattrapper ça. |
| | | Reine des GlacesGott weiss ich will kein Engel sein MESSAGES : 14152
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| Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 14:27 | |
C'est vrai, on remédiera à ça J'ai validé ton code règlement |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 17:12 | |
Merci ! J'essaie de finir ma fiche ce soir ou demain et désolée d'avance mon histoire va faire dans les 56 000 mots vous me connaissez |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mar 11 Juin - 17:24 | |
gnnnnnn (je savais que j'aurais dû faire un TC féminin ) Re-bienvenue |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mer 12 Juin - 15:50 | |
Merci toi (on verra quand tu feras un QC uhuhu) |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mer 12 Juin - 17:44 | |
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| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mer 12 Juin - 19:07 | |
Oooh rebienvenue ! <3 |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Mer 12 Juin - 23:38 | |
Re-bienvenue Kandinski comme le peintre à une lettre près^^. |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Jeu 13 Juin - 11:21 | |
J'ai finiiiiiii Merci d'avance à qui lira mon pavé |
| | | Reine des GlacesGott weiss ich will kein Engel sein MESSAGES : 14152
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| Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up Jeu 13 Juin - 12:29 | |
Je lis ta fiche dans l'après-midi si personne n'a le temps avant |
| | | | Sujet: Re: [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up | |
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| | | | [TERMINEE] Roman + my life's gotta be like this, it's got to keep going up | |
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