Méandres d'une vie chaotique...

« Grimace et juron à demi étouffé, je vois partir mon bus, le dernier de ma ligne. Exaspérée, j'en profite pour arroser joyeusement le conducteur de virulentes insultes tandis qu'une brulante bourrasque hivernale achève de me mettre totalement en pétard. Envolée blanche et vierge, mes feuilles de cours s'éparpillent lentement sur l'asphalte humide de la rue, ma vieille chemise venant tout juste de rendre l'âme. Mon regard morne regarde le désastre qui se produit en silence juste devant toi avant de me décider à m'agenouiller pour ramasser tout ce petit bordel. Douleur, mon genou écorché rencontre durement le trottoir tandis que mon collant déchiré s'imprègne de l'humidité du sol me faisant durement souffler, ramassant avec rage les feuilles de cours que je froisse sous le coup de la colère. Aujourd'hui était la fin de mon trimestre... j'aurais adoré aller fêter ces vacances bien méritées si seulement demain je n'avais pas mon boulot qui m'attendait dès six heures quarante-cinq. Au lieu de quoi et malgré l'heure plus qu'avancée pour avoir traîner à la BU, je me suis finalement décidée à rentrer à la maison, tout en m'activant pour prendre le dernier bus. Je l'aurais certainement eu si mon esprit s'était arrêté de s'éparpiller dans tout les sens et que je ne m'étais pas méchamment vautrée sur la chaussée, écorchant genou et collant neuf. Fallait dire ce que cette vieille peau avec son caniche prenait toute la place sur le trottoir !
Fatiguée, je me redresse après avoir tout ramassé, moite et essoufflée, tout en fourrant vivement mes cours dans le sac avant de reprendre mon ascension, silencieuse, le regard rivé sur le bout de mes chaussures. Toutefois, ma marche est rapide, ne désirant pas m'attarder plus que ça dans cette rue et ces ruelles sombres et quasi désertes. A vrai dire, je n'aime pas me balader seule dans les rues de la grosse pomme, toujours cette peur viscérale de croiser mon enfoiré de paternel au détour d'une rue, m'attendant pour terminer le travail. Toujours ces idées moroses, ça me fatigue et ne supportant pas le silence environnant, c'est avec un geste brusque que je sors les écouteurs de mon téléphone de la poche de ma veste, les glissants dans mes oreilles. J'ai toujours préféré la fuite à l'affrontement comme maintenant et souhaitant faire passer le temps en écoutant de la musique, j'augmente le son, m'occultant complètement les sens avant de m'engouffrer dans une ruelle, raccourcit me menant directement vers mon vieux appartement tout mité.
Créchant au dernier étage du vieux immeuble des années soixante, les murs sont aussi fins que du papier à cigarette. Toutes les conversations, confidences sont entendues de tous comme les jeunes mariés qui viennent d'avoir élus domicile juste à coté de mon appartement. Le pied. Chaque soir, j'ai droit au même rituel, le lit grinçant horriblement dans le silence de ton appartement. Et puis, il y a aussi le coin de la salle de bain qui à lui seul est un vrai désastre. Pas de lumière... obligée de me laver la porte ouverte pour voir ce que je fais dans l'obscurité environnante de ma minuscule salle de bain, d'ailleurs il n'est pas rare, moi la bordélique hyperactive, que j'inonde allègrement le sol, rendant la pièce encore plus humide et glissante. Pourtant, en travaillant au starbucks se situant dans ma rue, je pensais pouvoir un peu mieux subvenir à mes besoins... ouais, sauf que dans mon équation, j'ai quelque peut oublié d'inclure mes études qui, à chaque années acquises, me coutent un peu plus cher. Cette vie précaire et de merde, m'oblige alors à tremper dans quelques magouilles qui ne me plaisent pas vraiment, mais rien de très... méchant, enfin j'espère !
Allez, nicotine ! Tirant une cigarette de mon paquet complètement écrasée par ma journée et par pur crainte, mon regard passe par dessus de mon épaule, doucement, regardant durant un bref instant la ruelle vide que je viens tranquillement de traversée. Il faut absolument que je cesse de penser à mon père, arrivant par moment à le voir partout, à chaque coins de rues. Soupirant bruyamment, mon attention se reporte à ce qui se passe devant moi tout en allumant la cigarette, le regard rivé sur le bout incandescent que j'essaie de protéger du vent dans le creux de ma main. C'est à ce moment là qu'un obstacle décide de se mettre sur mon chemin, pourtant tranquille jusque là et que mon corps heurte violemment quelque chose de dur. Chancelant légèrement, lâchant le briquet que j'activais, ce dernier rebondit dans un bruit sourd sur le sol alors que mon regard effrayée, telle une biche prit dans les phares d'une voiture, s'accroche à cette sombre silhouette dont le visage ne m'apparait pas, ce dernier étant protégé par l'ombre d'un immeuble.

─ putain...

Dans la bousculade, ma cigarette est venue s'écraser contre mes doigts, me brulant méchamment mais pas le temps de m'attarder là dessus. L'angoisse vient tordre douloureusement mes entrailles tandis que, la seule façon que je connaisse pour cacher une once de crainte ou bien même de peur, est d'attaquer, ne laissant rien transparaître. Depuis longtemps j'ai compris que montrer ces peurs pouvait être fatale, aussi croisant durement son regard, je lui lâches une excuse froide et placide tandis que je le contourne rapidement, préférant déguerpir au plus vite. Erreur fatale car en lui tournant le dos, je ne vis en rien cette main venir s'enrouler autour de mes cheveux, brisant la fragile pince alors que mes lèvres viennent durement embrasser les briques du mur à la propreté douteuse. Douleur lancinante, personne pour me retenir dans ma chute, longue et silencieuse alors que mon regard fixe, ne semble ne décerner plus que l'obscurité de la nuit. Poupée de chiffon, marionnette à qui on aurait coupé les fils, la douleur me rend complètement aveugle m'amenant dans une douce et étrange torpeur alors qu'une main lourde et oppressante vient se longer contre ma trachée, appuyant doucement....
Game Over.

Je ne suis qu'une gamine perdue et effrayée. Je chancelle sur mes jambes, incapable de marcher correctement à cause de mes violents tremblements. Je tremble depuis que l'on m'a ramasser dans cette ruelle, incapable de m'arrêter et puis ce froid. C'est un homme, sortant de sa berling, qui avait bien faillit m'écraser qui m'a entraîner jusqu'à l'hôpital le plus proche. Perdue, complètement à coté de la plaque, je l'ai laisser faire, laisser m'assoir dans sa voiture à la chaleur rassurante . Dans ma tête, le blackout totale. Un maelström de sentiments tous plus contradictoires les uns que les autres, incapable de me souvenir de quoique ce soit jusqu'à ce que je croise mon regard dans le miroir. Je me trouve au service ambulatoire, seule, dans une chambre aseptisée, assise sur un lit d'un blanc immaculé tandis que mon regard s'agrandit légèrement au fur et à mesure que mon reflet, pareil à un électrochoc, me renvoie les images, des flash, de cette fin de soirée.
Silencieuse, mes larmes coulent, incapable de les retenir, défaisant un peu plus mon assurance. Je me sens sale, terriblement sale et j'ai l'impression de me retrouver des années en arrière lorsque le gyrophare d'une patrouille de police vient éclairé mon visage par la fenêtre de la salle de consultation. Je n'étais alors encore qu'une gamine lorsque la police était venue chercher mon père. Alertés par les cris de mes parents, les voisins avaient appelés la police, tandis que moi, cachée sous la couverture d'un rose pastel, j'attendais que l'orage passe. Si mes voisins n'avaient jamais appelé la police, ma mère serait certainement restée sur le carreau, étrangler par mon paternel, fou de rage d'avoir été bafoué. C'est à partir de là que ma cavalcade avec ma mère a commencé, souhaitant fuir cet homme qui s'était promit de tuer sa femme, cette traînée qui avait alors partagée bien plus qu'une simple étreinte amicale avec son amant. D'ailleurs... je ne connais rien de mon véritable père. Juste qu'il s'agit d'un vieil ami d'enfance de ma mère. Cette dernière n'a jamais voulu m'en parler, même sur son lit de mort, dans ce même hôpital ou je fais mes études d'auxiliaire médicale.
Les portes battantes de la salle d'auscultation sont doucement poussée et imperceptiblement je me tends. J'ai l'impression d'avoir de nouveau six ans et de me retrouver dans la chambre rose d'Alaska, la mienne, m'attendant à tout moment voir mon père y entrer, fou de rage, pour terminer le travaille. Une chevelure brune m'apparait alors et non blonde, comme la sienne. Un poids immense s'enlève de ma poitrine bien vite remplacer par une virulente douleur e lorsque l'inconnu me renseigne qu'il est là pour mon... viol. Une part de moi c'est brisé ce soir là, restée dans la ruelle. Je me sens amputée. Il me manque quelque chose, quelque chose qui avant, faisait que me assurance était sans faille. Maintenant, j'ai peur de m'a propre ombre, m'obligeant alors à me calmer avec des calmants, somnifères et autres cochonneries du genre pour essayer de vivre, correctement.

Mais même aujourd'hui, dans cette vie chaotique, des mois plus tard, je n'arrive toujours pas à retrouver le repos dans cette ville que j'ai, il y a bien longtemps, considérer, lors de mon arrivée en 2004, comme étant une seconde chance.... »

▬ La plus grande honte du personnage ; Cette sombre histoire. Celle qui façonne sa vie depuis, ce viol sordide, dans cette rue sordide. Elle n'en parle à personne, ne souhaite que personne ne connaisse cette sombre histoire à part quelques uns de ces amis proches, ceux qui ont remarqué son changement, brutale, lorsque sa drôlerie c'est arrêté pour devenir plus cynique. ▬ Définition de l'enfer pour le personnage ; Son enfer, ce sont ces jours, longs et nombreux qui se suivent, inlassablement. La vie n'a plus le même goût pour elle, la trouvant bien plus amer alors qu'elle essaie doucement de remonter la pente. Long chemin tortueux, loin d'être sans faille, Ana à du mal à sortir de cette enfer, son enfer. ▬ Définition du paradis pour le personnage ; Des amis... oui, ces personnes qui peuvent être là pour elle, ceux qu'elle arrive à considérer comme étant sa nouvelle famille. Ils sont peu nombreux, mais ça lui suffit pour lui rendre le sourire et constituer son propre paradis, certes fragile mais bien réelle. Ce paradis qu'elle agrippe et dont ces doigts n'arrive à lâcher, cette petite bouée dans sa tourmente qui lui permet de garder la tête hors de l'eau lorsque la mer se fait houleuse et dangereuse. ▬ Point faible du personnage ; Avant c'était son père, maintenant, ce sont aussi les hommes et son agresseur, celui qui court toujours. Cet inconnu dont le visage ne lui revient toujours pas. Les trois peuvent la faire doucement glisser dans la pente savonneuse de la dépression. Elle ne veut pas en parler, évitant le plus claire du temps le sujet. ▬ Point fort du personnage ; C'est doit bien être la seule chose qui lui reste, son caractère. Excentrique, d'un caractère bouillonnant et inflexible, sa force de caractère fait son point fort, cette façade qu'elle arrive facilement à ériger. Doté d'un étrange instinct de conservation, se laisser abattre, elle ne connait et ce, malgré ces quelques petits coups de blues, remontant toujours la pente, un rien pouvait égailler sa journée. ▬ Casier judiciaire ; Par la force des choses, Ana se retrouve à tremper dans quelques magouilles illégales. Travaillant et pratiquant ces études à l'hôpital du coin, vendre de la morphine et autre stupéfiant ne lui pose aucun problème. Elle a aussi passé une nuit en cellule de dégrisement avec une amie, ayant toutes deux un peu trop fêter le nouvel an dernier. Elles ont été retrouvée bien éméchés sur la voie publique, hurlant et criant comme si elles étaient les seules au monde. Incarcérées pour tapage nocturne, détenions d'alcool sur voies publiques et outrage à agent, leur nuit en cellule leur ont remis les idées en place... du moins, pour un certains temps.