▬ Une chanson pour commencer cette présentation ? ;

J'ai extrait deux chansons de ma playlist, pour vous laisser un petit choix sans flood ;D
The Piano Guys - Berlin
Rodrigo y Gabriela - Ixtapa

▬ Histoire ;

Vous connaissez sans doute déjà cette histoire, celle de la petite famille catholique du fin fond de la Louisiane qui reçoit en cadeau de Noël deux rouquines avec en option accouchement durant la messe de minuit et prières d'une église entière se réjouissant de la naissance de deux nouvelles adeptes. C'était en décembre 1986 et Eve est l'une des jumelles.

L'autre c'était Elie.

Mis à part l'extrêmisme catholique dans lequel elles furent élevées, les fillettes eurent une enfance normale et joyeuse, au milieu d'une des plus grandes fratries de la région. Dans l'ensemble, les sept enfants étaient très soudés. Il y avait quelques disputes parfois, mais lorsqu'il s'agissait de prendre la défense de l'un d'entre eux, ils étaient solidaires. Compter les uns sur les autres et s'entraider devenait une telle priorité que la petite Eve gardait pour elle ce qu'elle ressentait pour sa soeur.

C'était d'ailleurs une sensation qu'elle ne comprenait pas elle-même. Depuis le tout début de leur enfance, elle partageaient tout. Ca allait des vêtements aux jouets en passant par leurs histoires, jeux et apprentissages. Elles faisaient tout à deux et avaient une relation fusionnelle. Mais en grandissant, Elie devint la préférée des parents. Certes, elle avait des problèmes de santé, mais est-ce que c'était une raison pour délaisser Eve ? Sans même le vouloir - parce qu'elle adorait sa soeur - cette dernière commença à éviter sa compagnie. Elle crevait de jalousie et ne supportait plus qu'on lui parle de sa jumelle qui était si sage, si mignonne, qui chantait comme un ange et qui était si courageuse d'endurer ses crises d'asthmes. Eve voulait la protéger et en même temps qu'elle disparaisse et culpabilisait d'avoir ces sentiments. Alors elle se réfugia dans le dessin.

Elle avait commencé à dessiner comme tous les enfants dès qu'elle avait pu tenir un crayon. Sauf qu'elle n'avait jamais arrêté. Avant que sa soeur devienne le centre d'attention de tout le monde, ses dessins étaient assez innocents : des princesses, des maisons, des soleils... Le sujet n'était pas important, il s'agissait juste de s'amuser avec des couleurs. Après, ils devenaient tout un monde dans lequel elle se réfugiait. Et plus elle grandissait, plus Eve se renfermait sur elle-même. Il n'y avait qu'avec son grand-frère Jean (le plus grand) qu'elle s'entendait vraiment. Les autres, elle se contentait de communiquer avec de temps en temps, instaurant une distance assez insupportable avec sa jumelle. Lui, elle l'admirait, elle admirait son indépendance, elle admirait sa joie de vivre, elle admirait son calme absolu et ses réponses intelligentes sur tout. Il ne la jugeait pas et pourtant il était le seul à se préoccuper d'elle, peut-être parce qu'il se rendait compte qu'elle se sentait seule et qu'il avait toujours eu un très bon fond. Ses pensées à elle étaient moins honorables et elle était remplie d'un mal-être qu'elle s'acharnait à dissimuler. Surtout à sa jumelle. Par honte.

Son adolescence n'arrangeait rien et voir Elie pleurer déchirait le coeur d'Eve. Elle pensait à aller la voir, mais elle ne le faisait jamais, une partie d'elle était toujours là pour lui rappeler que tout le monde accourrait pour la consoler et que si elle était à sa place, personne n'en aurait rien à faire. Des pensées qui s'enlisaient et qui amenèrent la jeune-fille de treize ans qu'elle était à prendre la décision la plus irresponsable de toute sa vie : faire une très grosse bêtise qui la ferait enfin remarquer. Elle demanda à aller en vacances dans ce camp au Mexique. Loin de tout le monde. Elle aimait le Mexique, elle regardait souvent des reportages dessus, rêvant d'y vivre un jour, tout semblait tellement plus beau là-bas... Mais c'était plus pour être débarrassée de sa famille et surtout de sa soeur qu'elle insista pour partir.

Elle avait dans la tête de s'échapper de la colonie, disparaître quelques mois et revenir chez elle. Ou alors de se jeter d'un endroit pas assez haut pour mourir, mais suffisamment pour se faire bien mal et leur faire comprendre. Aucun de ces deux plans ne fut mené à bien. Non. Car elle rencontra un garçon, mieux : des garçons. Plus vieux qu'elle, ce groupe d'adolescent l'entraîna  dans des activités qu'elle aurait pu réserver pour plus tard.  Ils savaient qu'ils ne se reverraient jamais après ces vacances et elle avait matière à réaliser une grosse bêtise, une à laquelle elle n'avait jamais pensé. Oui, si elle y arrivait, ses parents seraient vraiment vraiment furieux.  Et au final, c'était même encore plus savoureux que de devenir leur principale source d'inquiétude.

Effectivement, cinq mois plus tard, Eve était jetée dehors et comprenait à quel point cette idée était pire que toutes les autres. Elle était enceinte et n'avait plus de foyer, ses parents la reniaient, ce qui était légèrement plus dérangeant qu'une grosse punition. Pourtant, à cet instant où elle se faisait crier dessus et priver de foyer, elle eut l'aide la plus inattendue qui soit : Elie. Leur chère petite Elie se plaçait de son côté, espérant peut-être qu'elle aurait assez d'influence pour les faire changer d'avis. "Si elle doit partir, ça ne sera pas sans moi !" disait-elle, et au final quatre enfants quittèrent leur maison. Leurs deux grand-frères les accompagnaient dans cette grande aventure qu'allait devenir leur vie et Eve comprit à ce moment là qu'elle avait gâché toute son enfance à avoir de la rancoeur envers celle pour laquelle elle comptait le plus et qui comptait le plus pour elle. Cet instant où elle avait cru être séparée d'Elie pour toujours et celui où sa jumelle s'était rebellée furent révélateurs et elle se promit de plus jamais être aussi horrible avec elle qu'elle l'avait été.

New-York était leur nouveau foyer et malgré le coût élevé des soins ici, Eve parvint à mettre au monde sa petite Thalie sans trop de difficulté. Dès qu'elle posa les yeux sur sa fille pour la première fois, Eve ne ressentit plus aucun regret, plus aucun doute. Alors qu'auparavant elle s'en était voulue d'avoir gâché la vie de ses frères et soeurs, maintenant elle regardait ce bébé magnifique. C'était sa fille, son trésor. Elle aurait peut-être pas la meilleure vie du monde, mais accompagnée des jumelles et de leurs grand-frères, elle aurait une éducation bien plus saine que celle qu'ils avaient reçu. Eve se persuadait de ça tout en se disant que s'il n'y avait pas eu les autres, les parents n'enverraient pas de l'argent pour les aider. Elle avait toujours ce goût amer d'enfant mal-aimée et elle se promit d'aimer sa fille plus que  tout. New-York, c'était pas le Mexique, mais c'était une ville intéressante : beaucoup de musées et de galeries, des artistes de rue et des quartiers animés et vivants aussi bien le jour que la nuit. A présent les deux soeurs étaient inséparables, Eve s'employait à rattraper le temps perdu et Elie l'aidait beaucoup dans les tâches parentales. Elles reprirent aussi le chemin de l'école ensemble et finirent leur scolarité dans la même classe, à la seule différence qu'Eve suivait des cours d'arts plastiques et Elie avait réussi à reprendre le chant. Leurs frères faisaient leur vie et celle de Luc était moins pure que celle de Jean mais il rapportait de quoi subvenir à leurs besoins, alors tout allait bien.

Au lycée en revanche, tout n'était pas si rose. Dès qu'un élève l'aperçut avec un bébé dans les bras, les minutes qui suivirent, tous les adolescents s'employèrent à faire ce qu'ils savaient de mieux : colporter des ragots. Eve passa des années de harcèlement par ses petits camarades et malgré quelques amis ou petits-amis, elle n'avait que sa soeur à qui se rattacher. Heureusement, celle-ci ne la laissa jamais tomber. Lorsqu'elle eut son diplôme avec une note moyenne, reflet de son manque de travail dû à ses obligations familiales et de sa faible motivation à aller en cours pour voir tous ces gens détestables qui ne cessaient de se moquer. Elle ne décrocha pas la bourse qui lui aurait permis d'aller en école d'art et chercha un travail qui ne lui plairait pas en se disant qu'elle offrirait à sa fille toutes les études qu'elle voudrait, même s'il fallait qu'elle économise toute sa vie pour ça. Elie, elle, était en école d'infirmière et Eve se retrouvait plus souvent seule mais cette fois, sans une once de jalousie envers sa jumelle dont elle espérait qu'elle accomplisse ses rêves. En recherche d'un emploi, Eve avait beaucoup de temps libre pour peindre et s'occuper de sa fille. Elle présentait ses travaux aux galeries du quartiers et parfois, elle arrivait à en exposer un, ce qui rapportait quelques dollars, mais surtout beaucoup de relations. Elle décrocha finalement un job de photographe pour mariages et autres événements et alors qu'elle ne s'était intéressée à la photo que dans le cadre de ses cours, elle développa une deuxième passion en exerçant son travail qui était de loin le meilleur qu'elle aurait pu trouver.

Ses relations artistiques devinrent des amis avec qui elle sortait et parfois, Eve traînait aussi dehors avec sa soeur. De moins en moins. Elie adorait passer du temps avec Thalie, mais elle était triste, Eve le voyait. Elle se mit à imaginer que sa soeur lui en voulait de l'avoir poussée à choisir entre leurs parents plus leurs autres frères et soeurs et elle. Elie déprimait et Eve ne savait pas comment la rendre heureuse, alors elle fit ce qu'elle savait faire de mieux : elle s'effaça. Elle se noya dans son travail de photographe et dans ses peintures, elle s'occupait de sa fille et elle voyait ses amis. Un jour Elie évoqua un homme qu'elle avait rencontré. Elles avaient vingt ans et elle devait tomber amoureuse toutes les semaines. Mais celui-ci était "différent", ça allait durer, elle le disait. Pour une fois, elle ne se trompait pas : leur relation dura trois ans. Trois ans durant lesquels Elie était heureuse et Eve non. Eve était jalouse, comme d'habitude. Jalouse d'Elie pour avoir trouvé l'amour de sa vie, jalouse d'Aaron de rendre sa jumelle heureuse alors qu'elle en était incapable. Evidemment, elle gardait ce sentiment pour elle et quand ça devenait insupportable, elle disparaissait quelques jours ou quelques semaines : elle prenait sa voiture et partait sans savoir où elle allait. Dans ces moments-là, elle avait besoin d'oublier un peu sa soeur mais pas seulement. Sa fille, aussi. Pour quelques jours, elle pouvait devenir l'adolescente insouciante qu'elle aurait été si elle n'avait pas eu d'enfant. Pour quelques jours, elle n'avait plus aucune responsabilité, elle pouvait faire des bêtises. Pour quelques jours, elle était libre. Un jour, elle se fit renvoyer du studio photo qui l'employait : elle avait manqué trop de rendez-vous. Elle resta sans emploi un moment, son frère Luc - dont le commerce de substances illicites marchait à merveille - gagnait largement de quoi nourrir sa famille. Malgré l'illégalité de cette activité, et les risques que son frère encourait, Eve était soulagée de pouvoir se reposer dessus. C'était probablement immoral d'en profiter autant, mais elle n'était plus à ça près. Puis c'était son problème à lui... Elle passa beaucoup de temps avec sa fille à ce moment-là, elles peignaient, dessinaient, sculptaient toutes les deux. Thalie n'avait que huit ans, mais qu'est-ce qu'elle était douée ! Intelligente et créative, et certaines de ses oeuvres dévoilaient déjà une vision particulière des choses, Eve était si fière de sa fille...

Luc fut arrêté. Sombre histoire à laquelle était directement mêlé le copain flic d'Elie, Aaron. C'était d'ailleurs fini entre eux, ce qui ne ravissait pas Eve. D'accord, elle avait mal pris cette relation, mais elle ne voulait pas voir sa soeur recommencer à déprimer. Ce qui arriva. A vrai dire, Eve aussi déprimait. Voir son frère enfermé était dur, mais elle devait tenir, rassurer Elie et Thalie, avoir l'air forte. Même si Luc avait pris les précautions nécessaires pour continuer à subvenir à leurs besoins en cas de pépin, Eve dut recommencer à travailler pour que leur situation redevienne confortable. Un petit boulot insignifiant, même pas à plein temps, mais qui ré-instaurait une routine, routine oppressante et renforcée par la déprime ambiante. Insupportable. Et quand ça devenait insupportable... eh bien, vous savez. Durant ses escapades, elle rencontrait beaucoup de monde mais il y avait cette fille. Grace. Grace était texane et avait organisé une fête mémorable dans le ranch de ses parents. Légèrement plus jeune qu'Eve (qui avait vingt-quatre ans à l'époque), elle était passionnée de photographie et d'équitation. Elle ne cessait de dire qu'un jour elle allait partir à cheval et filer vers le Sud, au hasard, partir à l'aventure. Eve tomba amoureuse cette nuit. Non pas de Grace - même si leur soirée avait pris un tournant très intime - mais de cette image de liberté. Tout quitter, partir pour de bon, se lancer vers l'inconnu. De retour chez elle, la jeune-femme se rendit compte à quel point elle avait horreur de l'ambiance déprime à la maison, de cette routine, de cette vie. Jean était bien parti, lui. D'accord, ce n'était pas exactement la même chose. Il gardait contact avec eux, c'était bien organisé et surtout c'était pour la bonne cause. Mais il parcourait le monde et à côté elle était coincée ici. Elle étouffait. Thalie se remettrait de son départ. Après tout, elle adorait Elie et Elie ferait une bien meilleure mère qu'Eve.

« Je m’en vais. Ne cherchez pas à me retrouver. Je ne reviendrai jamais. »
C'était un peu sommaire, mais Eve ne se voyait pas se lancer dans de longues explications sur son mal-être. Il valait mieux juste se faire oublier. Elle prit sa voiture et quelques affaires et se mit en route vers le Mexique puis, plus tard, le reste de l'Amérique du Sud. Les premiers mois furent un enchaînement de fêtes et d'aventures : Eve ne s'installait jamais et vivait dans l'insouciance la plus totale. Jobs d'une semaine, rencontres lors des soirées, rien n'était fait pour durer. Elle partait ailleurs, visitant des endroits tous plus intéressants les uns que les autres. Lorsqu'elle ne faisait pas la fête et qu'elle ne travaillait pas, elle allait en ville ou dans la montagne ou à n'importe quel endroit qui pouvait l'enrichir culturellement et nourrir sa liberté. Elle pouvait aller n'importe où et c'était cette sensation qui l'animait et qui lui faisait oublier tout le reste, son passé, sa famille. Elle était en accord total avec elle-même et dans une période très inspirée : elle entassait les toiles dans sa voiture, elle ne cessait de créer et sa tête débordait d'idées. Parfois elle arrivait à vendre des tableaux sur le marché et parfois elle les recouvrait juste d'idées encore plus fortes qu'elle devait exprimer sous peine d'imploser. Mais qu'est-ce qu'elle aimait ça !

Après six mois à vadrouiller, elle s'arrêta dans une petite ville péruvienne et fut hébergée par Lucia, une jeune-femme de son âge qui l'avait invitée quelques semaines plus tôt, alors qu'elles étaient au nord du pays. Eve prévoyait de ne pas rester longtemps, comme à son habitude et pour ces deux semaines, Lucia lui proposa de travailler en tant qu'animatrice de travaux manuels dans l'orphelinat qu'elle dirigeait. Deux semaines où Eve apprenait à ces enfants à réaliser des petits projets artistiques. Au début, elle était au moins aussi réticente qu'eux, mais passé quelques jours les orphelins commençaient à l'apprécier et à la réclamer de plus en plus. "Tu verras, au final, c'est toi qui ne voudras plus partir." lui avait dit Lucia, malicieusement. Eve n'aurait jamais cru qu'elle s'attacherait autant, mais au bout des deux semaines, lorsque sa nouvelle amie lui proposa de rester, elle accepta. Elles devinrent très vite plus que des amies. Eve avait fréquenté des hommes et des femmes mais n'avait jamais connu l'amour, pourtant elle comprit qu'elle venait de tomber amoureuse. Amoureuse au point de se poser, d'arrêter de voyager, de faire sa vie ici avec Lucia, d'aller tous les jours faire un même travail auprès de ces enfants auxquels elle s'était liée. Elle faisait non seulement office d'animatrice, mais aussi de professeure et, mieux, de confidente. Elle s'occupait d'elle comme s'ils étaient ses propres enfants...

Oh...

Elle ne se rendit compte qu'au bout de quelques mois de ce qu'elle avait fait à sa famille, à sa fille. Les orphelins lui parlaient de leurs peines et elle, elle était responsable de celle de Thalie. Ici, personne ne savait qu'elle avait une fille et il valait mieux qu'elle continue de garder le secret. Elle se préservait de l'opinion des autres mais ne pouvait pas stoper son sentiment de culpabilité qui grandissait en elle, à juste titre. Pour compenser, elle donnait le meilleur d'elle-même pour ces enfants, elle était une petite-amie exemplaire auprès de Lucia et rendait service aux gens de la ville qu'elle croisait. Ce qui n'effaçait pas ce qu'elle avait fait. Elle pouvait toujours retourner à New-York mais elle n'était pas certaine qu'après huit mois d'absence, elle soit bien accueillie alors qu'ici, elle commençait une nouvelle vie. Avec Lucia. Qu'elle aimait. Alors elle resta avec pour seules confidentes, ses oeuvres d'arts, reflets de ce qu'elle ressentait. De sa fille, elle n'avait de nouvelles que via son blog et les réseaux sociaux, qu'elle parcourait presque en cachette, un peu frustrée de voir que Thalie dévoilait autant sa vie sur internet.

Deux semaines s'étaient transformées en presque deux ans et Eve était plutôt devenue bonne au jeu de faire semblant. Tout le monde l'adorait pour sa joie de vivre et le bonheur qu'elle amenait aux enfants, ce qui était assez ironique. Il y avait des jumeaux de onze ans à l'orphelinat. Une fille et un garçon. Pas spécialement exceptionnels dans l'atelier d'arts platiques, mais ils attiraient l'attention d'Eve car elle s'identifiait à eux, dans la façon dont ils parlaient et agissaient entre eux, ils lui rappelaient sa soeur et elle. Un jour, la fille tomba très malade et fut amenée à l'hôpital. Quelques jours plus tard, elle décédait. Le chagrin gagna tout le monde. Eve, comme les autres. Le garçon était inconsolable. Eve avait le coeur déchiré, comme s'il s'agissait de sa fille. Sa fille... Sa soeur...
Elie... Thalie...
Comment avait-elle pu les abandonner ?
Frappée par cette révélation qui venait de ressurgir, Eve décida de retourner sur New-York. Elle quitta Lucia en larmes et embrassa tous les orphelins avant de partir, une pointe au coeur. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même, elle n'aurait jamais dû faire ce choix, elle n'aurait jamais dû s'échapper.

Eve prit un chemin un peu détourné pour son retour. Il fallait qu'elle passe à l'école de Thalie.  Elle n'avait aucune idée de la façon dont allait l'accueillir sa fille, juste l'espoir désespéré qu'elle soit si heureuse de la revoir qu'elle lui pardonne sa disparition. Mais ça restait trop irréel pour qu'Eve puisse en rêver. L'angoisse qu'elle ressentait à l'idée de la réaction de sa fille se justifia au moment où elle lui adressa la parole. Thalie ne la laissa pas parler. Elle lui cria dessus toute la haine qu'elle avait envers elle et lui ordonna de ne plus jamais la revoir. Elle les avait abandonnées, à cause d'elle, Elie avait fait une dépression, à cause d'elle, elle avait passé les deux dernières années à se demander ce qu'elle avait pu faire pour être ainsi délaissée. Aujourd'hui qu'elle tournait la page, sa mère venait mais elle n'était plus rien. Plus rien pour Thalie qui lui disait ses derniers mots. Elle avait voulu sa mort. Plusieurs fois. "Maintenant va-t-en." Et Eve partit.

Sanglots et crises de colères la dominèrent tout le long du trajet vers New-York.

Une semaine qu'elle loge chez un ami à New-York et pour se changer les idées, Eve démarche auprès des galeries pour être exposée et se faire connaître. Désespérée, elle veut juste retrouver sa soeur, mais angoisse à l'idée d'une discussion aussi violente que celle qu'elle a eue avec Thalie.

▬ La plus grande honte du personnage ;

Il n'y a qu'une chose que la conscience d'Eve ne peut pas supporter c'est le fait d'avoir abandonné sa famille. Elle passe des heures et des heures à se ressasser ce qu'aurait pu être sa vie si elle n'avait pas fait cette erreur. Plus pour avoir gâché complètement la relation qu'elle avait avec sa fille et sa soeur que pour enlever les moments passés depuis, elle aimerait revenir en arrière pour changer les choses. Aussi, elle se garde de dévoiler à quiconque sa situation familiale, ne sachant pas comment expliquer, comment se justifier. Car pour elle aussi, c'est incompréhensible. Pour le reste, la jeune femme n'a honte de rien, au contraire, son esprit provocateur la pousse à montrer les facettes les plus horribles d'elle-même. Quant au ridicule, il ne tue pas il paraît.

▬ Définition de l'enfer pour le personnage ;

En toute logique, que sa famille ne lui pardonne pas. Eve a toujours craint la solitude et l'exclusion. Tous ses actes, réfléchis ou non, ont été fait sous le coup de cette sensation de rejet. C'est sa plus grande peur car c'est une peur réaliste, et penser à quel point elle peut se concrétiser l'angoisse encore plus. Se retrouver livrée à elle-même, sans espoir de se faire pardonner, pour elle ce serait l'enfer. C'est justement cette lueur insensée qui la fait vivre, la faire disparaître serait insupportable.
Enlevons la préoccupation première de ces dernières années, enlevons toute cette rancoeur qu'elle accumule depuis l'enfance, il y a autre chose qui la fait angoisser. L'enfer serait qu'en plus du reste, elle n'ait plus aucune inspiration, ne soit plus rien capable de produire artistiquement parlant. Ses travaux, ses oeuvres, et la capacité de les faire et de toujours trouver des idées, toujours s'exprimer par ce biais, et le semblant de reconnaissance qu'elle en retire, c'est peut-être tout ce qui lui reste. Lui enlever serait lui porter le coup fatal.

▬ Définition du paradis pour le personnage ;

Dans l'absolu, avoir le pouvoir de revenir en arrière pour corriger son erreur tout en conservant sa prise de conscience pour ne pas la répéter, ce serait le Paradis. Reprendre sa vie telle qu'elle était avant, tout en sachant qu'elle n'était pas si mal, que ce sentiment d'étouffement n'était rien comparé à cette solitude qu'elle subit à présent. Mais ce genre de choses est impossible. Alors tout ce qu'Eve demande c'est que sa soeur se rende compte de sa sincérité lorsqu'elle exprimera ses regrets et que sa fille finisse par lui pardonner avec le temps. Retrouver la même force dans leurs liens semble trop peu réalisable pour espérer en rêver, mais avoir un semblant d'amour de la part de ses proches serait déjà très bien.
Il y a quelques années, elle se surprenait à désirer gloire et célébrité, à présent qu'elle a d'autres problèmes et qu'elle réussit à vivre de son art, aller plus loin lui importe peu. Cependant, imaginer un monde sans aucune situation familiale compliquée permet d'ajouter cette facette pour le rendre parfait : réaliser des chefs d'oeuvres reconnus dans le monde, partir exposer dans tous les continents, expliquer ses démarches aux autres et être appréciée.
Mais surtout, toujours garder l'inspiration, toujours pouvoir se dépasser sur le plan artistique, réaliser des travaux qui lui plaisent avant même de plaire aux autres.

▬ Point faible du personnage ;

Sa jalousie, sans aucun doute, a toujours été son gros point faible. Le point de départ de tout, probablement un reflet d'un manque de confiance en elle profondément enfoui. Eve a toujours voulu se donner l'image de quelqu'un de détendu et on lui attribuait une force qu'elle n'avait pas.  Dans une position assez inconfortable vis à vis de sa jumelle à la santé fragile, elle estime à la fois ne pas avoir à se plaindre, tout en étant frustrée de recevoir moins d'attention. Ce malaise est son gros point faible, ce paradoxe d'amour et de haine qu'elle ressent envers sa soeur est ce qui la dérange le plus. Si qui que ce soit le remarquait, elle aurait du mal à le supporter, mettre le doigt dessus est la pire chose qu'on puisse lui faire. Même à elle seule, y repenser longuement finit toujours par la rendre folle : mieux vaut détourner ses pensées par tous les moyens possibles.

▬ Point fort du personnage ;

L'inspiration, l'imagination, la réalisation d'oeuvres d'art. A la base, un moyen de se détendre, de laisser libre cours à ses émotions, de sortir tout ce qu'elle avait en elle, de pouvoir enfin s'exprimer, ses travaux artistiques ont l'avantage d'être en plus de ça agréables à regarder et intéressants pour les autres. Peinture, sculpture, photographie, installation, voire un mélange de tout ça, elle touche à beaucoup de domaines car peu importe la technique, l'essentiel c'est de sortir ce qu'elle a en elle et le résultat est toujours très personnel. On aime ou on n'aime pas ses productions, mais on ne peut pas nier l'originalité de ses oeuvres. Le domaine où elle a la meilleure maîtrise technique reste la peinture, premier medium qu'elle a adopté. Que ce soit au niveau de la texture ou des couleurs, elle arrive parfaitement à matérialiser ce qu'elle imagine.

▬ Casier judiciaire ;

Casier vierge. L'abandon de sa fille adolescente n'a pas été dénoncé, de même que les délits mineurs qu'elle aie pu faire au cours de sa vie (boire avant l'âge, squatter des propriétés privées ou publiques, dégrader  "mais non c'était de l'art" les biens publics, consommer des substances illicites...).

▬ Prénom ; Laura
▬ Âge ; 21 ans
▬ Où avez-vous connu le forum ; Ca remonte à loin donc je ne sais plus, vraiment. Je suis du genre à cliquer de lien en lien quand je suis sur le net et à arriver à des endroits improbables.
▬ Connexion ;  Lecture 7/7 ; Ecriture 2/7 (mais c'est très variable ^^ )
▬ Code du règlement ;

Spoiler:

▬ Avez vous signé le règlement ; [X]OUI ; [] NON (Cliquez ICI pour signer le règlement)
▬ Exemple de RP ; Me parlez pas de niveau sinon je vais avoir des boutons... Eventuellement, vous pouvez visualiser mon "style" avec cet exemple de RP qui date du moment où j'ai repris, il y a quelques mois. C'est un personnage très léger évoluant dans un monde fantastique.

Spoiler:

▬ Célébrité sur l'avatar ; Lauren Ambrose
▬ Multicompte(s) ; /
▬ Un dernier truc à dire ? ; C'est assez ironique quand on y pense. Eve doit se faire pardonner d'avoir abandonné sa famille et moi d'avoir déserté le forum (je jouais Thalie à l'époque). J'espère que mon retour va mieux se passer que le sien ;D
Oh et j'ai failli oublier : si mon personnage vous intéresse (on sait jamais) et que vous ne l'avez pas fait auparavant, je vous conseille de lire la fiche d'Elisabeth. J'ai pris beaucoup de plaisir à développer le point de vue de mon personnage alors qu'il s'agit à peu de chose près de la même histoire.