Une manette dans la main Et PAF ça fait des chocapics
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Sujet: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Dim 26 Jan - 18:53
Muse - Unsustainable
A cette heure de l'après-midi, normalement je devrais être tranquillement au boulot, derrière mon PC ou une manette dans les mains. C'est ce que je me suis dis quand le bus s'est arrêté et que les coups de feu ont été tirés en l'air : qu'est-ce que je fous là aujourd'hui ?! Sérieusement, j'aurais pu faire ça un autre jour. Le pire, c'est que je vais jamais à Staten. J'ai rien à y foutre là-bas. Sauf aujourd'hui. Je dois aller rencontrer le créateur d'un nouveau jeu pour une interview pour mon 2e job. Normalement, je fais jamais ça. Moi, je fais juste les critiques dans un magazine après avoir testé les jeux. C'est pas moi qui fait les interviews. Mais le mec qui s'en occupe habituellement est malade et le créateur repart demain en Europe. Alors si le magazine veut l'exclusivité de l'interview, c'est aujourd'hui ou jamais. J'étais la seule qui pouvait me libérer, et ils m'ont dit que j'aurais un petit extra pour cette interview alors, évidemment j'ai accepté. J'ai même réussi à m'arranger avec mon autre patron pour changer un peu mes horaires cette semaine. Mais, comme par hasard, c'est le jour où je vais à Staten Island qu'y a un truc de terroristes en plein sur le pont. Mais sur le pont quoi ! Comme ça, y a même pas moyen de s'enfuir !! Y a bien qu'à moi que ça arrive ça, foutue malchance...
Comme tout le monde, j'en ai entendu parler. Je l'ai vu à la télé, je l'ai entendu à la radio, même mes potes en parlent des fois en soirée : en ce moment c'est la merde à New York. Ca a commencé à Noël, avec la fusillade du centre commercial et l'explosion du sapin. Y en a qui ont eu le temps de filmer et j'ai réussi à voir les images sur le net, franchement c'était choquant. Et depuis, aux news, tous les jours ça parle que de ça, et à chaque fois c'est un nouveau truc : prises d'otages, fusillades, arrestations, libérations et tout le toutim. On m'avait dit que New York c'était dangereux mais jusque-là j'avais pas eu de raison de le penser. Je commence à réviser mon jugement... Encore plus quand je regarde passer, les yeux ronds, un mec en cagoule à deux mètres du bus dans lequel je suis assise. Et mes iris quittent pas l'arme lourde qu'il a dans la main.
Y a des femmes qui commencent à pleurer, ça chuchote, ça s'énerve, ça remue. La tension est palpable dans le bus. Ca fait dix minutes qu'on est à l'arrêt et personne sait pourquoi, les mecs en cagoules ont rien réclamé. Moi, je suis tassée sur moi-même, pratiquement roulée en boule sur mon siège. C'est la première fois que j'ai vraiment conscience de toutes ces histoires de mafia et que j'y suis mêlée. Et j'aime pas ça du tout... Vraiment, je suis à deux doigts de me pisser dessus tellement je suis morte de trouille. Avant ça, jamais j'avais vu une arme de ma vie à part à travers un écran. Un homme quelques rangées derrière moi s'impatiente, il veut faire croire qu'il est juste agacé mais ça se voit dans ses yeux qu'il a peur.
« Mais bon sang, qu'est-ce qu'ils veulent à la fin ? »
Une femme un peu plus à l'avant se tourne vers sa voisine, inquiète et livide.
« Que pensez-vous qu'ils vont nous faire ? » « Je ne sais pas, mais s'ils doivent faire quelque chose, j'espère que ce sera rapide. Prions que ce ne soient pas des russes. »
Là, je sais pas pourquoi mais avant d'avoir eu le temps de réfléchir, je m'entends leur répondre comme si c'était une évidence.
« Ils sont pas russes. C'est des irlandais. »
Le mec du fond me rembarre en faisant des manières.
« Et qu'est-ce que t'en sais, gamine ? »
Connard. C'est tout ce que j'ai envie de lui répondre. Et lui, qu'est-ce qu'il en sait que j'en sais rien ? C'est pas parce que j'ai un sweat à capuche, des rangers aux pieds et une mèche rouge dans les cheveux que je suis une adolescente ignorante. Je pourrais lui expliquer, que je suis anglaise et que contrairement à la majorité des américains, je sais faire la différence entre les accents des pays qui composent le Royaume-Uni. Mais qu'il aille se faire foutre et qu'il meure dans son ignorance. Je me replie encore plus sur moi-même, renfrognée, sans arriver à quitter des yeux les hommes armés, dehors, à seulement quelques mètres de nous.
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Jeu 30 Jan - 22:51
C’était une journée comme toutes les autres. Une après midi banale comme celles qu’on doit vivre un nombre incalculable de fois. Ce n’est pas la première fois que me fais cette réflexion. Tout est toujours absolument normal avant que ce tout, difficilement descriptible, ne bascule en un véritable drame.
Avec une lenteur non calculée, ma tête se tourne vers la vitre. A travers l’image un peu floue des gangsters qui tiennent notre bus en otage se dessine mon reflet. La barbe de quinze jours me donne le look d’un trentenaire négligé. J’ai des cernes sous les yeux à ne plus en finir. Anja me verrait je crois bien qu’elle me prendrait pour un panda… Un panda sexy mais un panda quand même. Doucement, je passe ma main sur ma joue. Cette barbe épaisse et ses cheveux un peu trop longs ne ressemblent pas à l’image du médecin dynamique que j’aspire à être. Pour ma défense, j’ai pas le temps de me raser. Et j’en ai pas franchement l’envie non plus. L’image propre sur soi me rappelle trop mes années au Lennox où j’incarnais le gendre idéal. Aujourd’hui, je suis juste un mec fatigué, incapable de gérer sa vie professionnelle et personnelle. Un type pas tout à fait comme il faut, des airs paumés et un petit air de bad boy même pas prémédité. Pauvre Anja… J’ai la chance d’avoir une copine superbe, magnifique, géniale et… je la néglige. J’ai conscience que je pourrais la perdre mais maintenant impossible de ralentir le rythme. Mes nouvelles responsabilités m’ont enfermé dans une spirale infernale dont je ne peux m’extraire. Je voulais me convaincre que je faisais ça pour elle, pour qu’elle soit fière de moi mais en réalité, je suis un égoïste. Ce boulot de médecin libéral pour lequel je sacrifie tout, je le fais pour moi. Pour continuer à exister. C’était un besoin ridicule de reconnaissance qui m’anime. Sérieusement, je suis en train de me tuer à petit feu… Ah non, vu que je suis coincé dans une boite de conserve, j’aurais jamais le temps de bousiller ma vie. Merci messieurs les pseudos terroristes d’abréger mes souffrances. Au risque d’être un peu défaitiste, je pense très sérieusement qu’on va tous crever. Ce putain de bus va nous péter à la gueule. C’est une évidence. Ces mecs sont pas là pour nous souhaiter la bonne année. Ils veulent juste un feux d’artifice et j’en vois deux ou trois qui feront de belles fusées.
Enième regard sur ma montre. Réflexe de l’homme pressé qui pense à son temps perdu… Dire que je n’aurais jamais dû me trouver là. Bordel pourquoi y’a-t-il fallut que je m’éloigne de mon bon vieux Manhattan ? Tout ça à cause d’un russe… Un vieux snock blessé qui se planque dans un bateau. Théoriquement, j’aurais dû m’y rendre en voiture mais mon 4x4 est au garage. Un accrochage de rien du tout… J’aurais pu emprunter une voiture à Anja, même un chauffeur, ce bon vieux Ian aurait fait l’affaire…, mais pour ça j’aurais dû lui dire que pressé, j’avais grillé un stop. Inutile de m’en vanter. Un mec ne confie jamais à sa copine qu’il a abimé sa voiture, question de fierté. Putain… Sans ma fierté je serais pas coincé ici, convaincu que je vais crêver. Pour ne rien arranger, mon épaule me fait mal. C’est psychologique, j’ai l’impression de revivre la prise d’otage du Mariott. Combien de chance j’ai de survivre à deux prises d’otages ? Les chances sont plutôt minimes. Je passe mes doigts dans mes cheveux et enlève maladroitement cette capuche qui me donne des airs de dealers. Je suis fatigué. Vraiment fatigué. Alors j’ai ce réflexe devenu vital, j’attrape la petite boite de comprimé dans la poche de mon blouson et j’en avale deux. Même pas besoin d’eau. Dans la prise de petits comprimés magiques, je suis devenu un pro… C’est pas une référence. A dire vrai, ce sont des vieux démons qui sont revenus dans ma vie. Anja ne sait rien et j’espère qu’elle ne le saura jamais. Quitte à vouloir préserver son image, autant le faire jusqu’au bout, non ?
Perturbé par l’inactivé forcée, ma jambe s’agite nerveusement. J’ai envie de sortir d’ici. Faut que je bouge. Que je fasse quelque chose, même n’importe quoi. Ma tête se penche contre le fauteuil et je me mords furieusement les lèvres. Je supporte plus de rester en place. Je suis tellement focalisé sur mes pensées que j’entends à peine les autres parler, paniquer. Un coup, ils sont très loin et la seconde d’après tout me semble beaucoup plus vif. C’est l’effet vitamine… Je suis beaucoup plus fort. A cette pensée un sourire totalement inadapté se dessine sur mes lèvres. Faut que j’arrête les conneries… Faut vraiment que j’arrête… mais comme on va tous crêver ! Puis au moins, malgré l’excitation qui m’anime, je reste calme. Je prends cette situation avec le sourire. C’est pas le cas de mes compagnons d’infortunes… Ils pourrissent l’ambiance. Un mec vient de tacler une gamine. Une gosse au look pire que le mien situé juste derrière moi. Je secoue la tête et réponds magnanime. « C’est pas des russes. » La confirmation m’amuse. A croire que ce que je raconte est rigolo. Je tente de reprendre mon sérieux, avec toute l’audace d’un mec un peu défoncé, et précise : « Les russes, c’est fun. Les irlandais, c’est la merde… » C’est plus fort que moi, faut que je sourisse comme un crétin. Mon regard cherche celui de la gamine en question mais elle doit être en train de psychoter… C’est moche de mourir aussi jeune, m’enfin on choisit pas. Pas loin de moi se trouve Gaby, je suis monté dans ce bus en l’évitant avec brio et comme un con, je crois bien que je viens de me faire griller. Je fais comme si de rien n’était – je suis très doué pour ça – et décide de continuer. Non pas que je ne veuille pas la voir mais… je sais que les gens qui me connaissent en temps « normal » peuvent plus facilement voir que quelque chose cloche chez moi et je n’y tiens pas du tout. Pas envie de voir que j’ai un problème avec les médocs. Je suis médecin, je sais parfaitement ce que je fais. Avec maladresse, à cause d’un tremblement, je fais glisser mon briquet au sol. « Putain… » Fais chier de le ramasser. J’attrape mon paquet de clopes, celui-ci se révèle désespérément vide. Avec nonchalance et ce sourire de branleur que j’arborais lors de mon adolescence, je demande à haute voix – vu que je suis totalement grillé autant que cela soit pour une bonne raison : « Quelqu’un aurait une clope ? Ou mieux… un petit joint ? Ca détendrait l’atmosphère… » Ben quoi ? Fallait bien proposer quelque chose. Il ne fallait pas compter sur moi pour bouger mes fesses. Je me suis déjà fais tirer comme un lapin, une fois ça m’a suffit.
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Dim 2 Fév - 6:02
Lorsque l'autobus s'arrêta, Gabrielle était perdue dans ses pensées. Pensées qui n'étaient pas très positives sur elle-même. Elle espérait que cette journée améliore son moral. À défaut, cette dite journée allait au moins lui occuper les pensées. À quel prix ? La première chose qu'elle vit après l'arrêt du bus, ce fut des armes à l'extérieur. Et à voir la tête des autres passagers, il y en avait tout le tour du bus. Elle sentit son stress monter, la panique commencer à vouloir s'installer et la peur à débarquer à grand galop. Elle serra ses mains l'une contre l'autre pour essayer de ne pas trembler, tout en respirant pour essayer de ne pas vomir son dernier repas. Elle ferma les yeux, essayant de se contrôler. Une respiration à la fois. Elle se mit à appliquer les méthodes de respiration de yoga qu'elle apprenait depuis quelques années déjà. Paniquer ne servirait à rien. Elle avait peur, elle était inquiète, mais faire une crise d'hystérie, de panique, n'aiderait en rien leur situation. Quelques minutes plus tard, elle n'aurait pas pu dire combien, elle rouvrit les yeux. Elle était plus calme. Tout était toujours là, mais elle en avait le contrôle ; pour l'instant.
Des Russes. Des Irlandais. Une petite dispute. « Des cons c'est des cons, peu importe les origines. » dit-elle. Ils n'étaient tout de même pas pour partir un débat sur qui était ''fun'' et qui causait de la ''merde''. Comme s'il y avait une race supérieure à une autre. Mieux qu'une autre. Plus méchante qu'une autre. Un con, c'était un con. Elle avait vu Erwan. Elle avait aussi vu qu'il ne voulait pas qu'elle la voit à sa manière de faire comme s'il ne l'avait pas vu alors que c'était le cas. Très bien. Elle n'allait pas s'obstiner avec lui. Elle allait donc continuer de faire pareil, jusqu'à ce qu'il daigne la reconnaître. Elle ne savait pas pourquoi il était comme ça avec elle, mais elle ne pouvait pas y changer grand-chose. Tout comme à son comportement qui était, à ses yeux, assez décalé, avec la situation. Il était sûr que cela aussi allait les aider. « Qu'est-ce que je disais... » murmura-t-elle; elle entendit son voisin de siège pouffer. Un con, c'était un con. Même s'il était médecin. C'était assez méchant de sa part, ça ne lui ressemblait pas du tout. Elle pouvait être très optimiste, elle était gentille. Elle était aussi capable d'être réaliste et c'était ce que la réalité lui avait donné comme information.
Surtout que, depuis avant Noël, elle avait quelque chose contre un gars, alors, elle les mettait tous dans le même panier. Elle n'arrivait pas à se contrôler sur ça. Elle regarda une nouvelle fois par la fenêtre. Rien n'avait changé. Ils étaient toujours entourés. Son voisin de siège fait de même, se collant à elle. Elle savait qu'il n'y était pour rien, le stress ayant dû le faire transpirer un peu plus qu'à l'habitude, mais elle n'aimait pas le contact légèrement mouillé ni l'odeur qu'il commençait à dégager. Elle lui sourit, un sourire légèrement nerveux. « Je vous laisse la place... » Il la laissa passer et quelque instant plus tard, avec ses affaires, elle s'installa sur l'autre banc. Elle s'installa sur le côté, essayant de voir ce qui se passait ailleurs. Elle ne voyait pas grand-chose, il y avait trop de tête faisant de même et lui bloquant la vue. Elle se mit donc à regarder dans l'autobus, essayant de faire passer le temps comme elle le pouvait. Ce n'était pas comme s'ils pouvait tous sortir du bus comme ils le souhaitaient. Elle trouvait ça même plutôt surprenant que personne n'ait essayé jusque-là.
Comme si sa pensée avait déclenché quelque chose, une femme se leva rapidement de son siège. Elle, elle ne devait pas faire de yoga. La femme se dirigeait rapidement vers la porte et avant que quelqu'un n'ait pu l'arrêter (la photographe ayant dit non, mais elle ne l'avait pas écouté), elle était sortie de l'autobus. Peut-être avait-elle trouvé comment ouvrir la porte du véhicule ou bien le chauffeur le lui avait ouvert par habitude, mais elle n'était plus dans le bus. La rousse ferma les yeux et mit ses mains sur ses oreilles.
Sunday Newton
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Dim 9 Fév - 17:50
Je suis en train de me perdre dans la contemplation flippante de la scène chaotique qui se déroule à l'extérieur du bus quand le mec assis juste devant moi se retourne. Sa tête dépasse du siège alors, forcément, je lève les yeux vers lui. Et pendant une seconde il me fait presque peur parce que sa barbe et ses cheveux lui donnent presque un look de SDF. Enfin, non. Il est trop bien sapé pour un SDF. D'ailleurs, j'ai pas spécialement "peur" des SDF mais j'avoue qu'il a une dégaine une peu impressionnante. En tout cas pour moi, gamine d'une vingtaine d'années recroquevillée sur son siège. Ce mec, on dirait un malfrat. Un gangster. Et pendant un court moment, je me demande s'il est pas de mèche avec les irlandais dehors. Mais il a pas du tout l'accent, à l'entendre parler il doit être un ricain pure souche. Et quand finalement mes yeux croisent les siens et que je vois qu'il se marre, même si c'est de manière insolente, je me dis que j'ai imaginé n'importe quoi. Il a pas du tout la tronche d'un truand ce mec... Il a même l'air plutôt sympa. Mais je reste sur le cul face à ses mots. Les russes, c'est fun. Et les irlandais, c'est la merde. Je sais pas s'il connait beaucoup de russes ou d'irlandais mais je comprends pas comment il fait pour réussir à plaisanter dans une situation comme ça ! Bordel, moi je suis pratiquement à me pisser dessus !! Une autre fille précise que, peu importe leurs origines, des cons ça reste des cons. Là-dessus, je suis plutôt d'accord... Alors d'un seul coup, ce mec qui se marre alors qu'on va sûrement tous y passer, il me fout la trouille aussi et son regard me gêne. Je tourne vite la tête et me reperds dans ma contemplation morbide.
Dehors, les hommes continuent d'entourer le bus et marchent tranquillement, armes à la main. Comme s'ils faisaient ça tous les jours et qu'il y avait rien d'alarmant là-dedans. Le train-train, la routine, le quotidien quoi. Et c'est peut-être ça qui me fait le plus flipper. Leur calme. Je crois que j'aurais préféré qu'ils hurlent en nous visant avec leurs armes... Parce que là, on sait pas ce qui nous attend. On sait pas pourquoi ils font ça ni ce qu'ils cherchent. Et c'est ça le pire... Le mec de devant me sort de mes pensées en poussant un juron. Y a un truc qui est tombé par terre. Je regarde vite fait mais je vois rien. Je me mets doucement à tâtonner avec mes pieds mais je sens rien. Alors je finis par me pencher et me contorsionner pour essayer de toucher ce qui a bien pu tomber. Ca a fait un petit bruit métallique. Heureusement qu'y a personne à côté de moi parce que je dois bien avoir l'air cruche. D'ailleurs, une femme assise sur la rangée opposée me regarde bizarrement. Quoi, elle a jamais vu quelqu'un galérer à se pencher pour chercher quelque chose sous un siège ? Bon ok, c'est un peu chelou. Même moi, je reconnais que je sais pas pourquoi je m'emmerde à faire ça. C'est pas moi qu'ait fait tomber quelque chose, c'est le mec de devant. Je le connais même pas et puis il est un peu étrange. C'est pas normal de prendre la situation autant à la légère et de demander une clope ou, carrément, un joint. Je devrais le laisser se débrouiller avec son truc par terre mais, ça a le mérite de m'occuper la tête quelques minutes. Pendant que je suis toute tordue comme une galérienne, ça bouge un peu derrière moi. Et, au moment où je mets finalement la main sur ce qui s'avère finalement être un briquet et que je ressors de mon trou presque fière de moi, je perds aussitôt l'ébauche de sourire qui s'était formé sur mes lèvres et j'en refais tomber le briquet. Putain.
Tous les yeux des passagers sont, comme les miens, fixés sur l'allée centrale qu'une femme est en train de remonter. Certains réagissent et essayent de l'en dissuader en criant. D'autres paniquent. Et les derniers, comme moi, restent bouche-bée sans avoir le temps de rien faire. Trop tard, la fille est déjà plus dans le bus. Oh. Putain. Celle-là, elle est complètement barge !!! Je veux bien comprendre que dans une situation comme ça, on pète les plombs et qu'on se mette à faire n'importe quoi. Mais c'est pas une raison pour aller à l'abattoir ! De façon ridiculement désespérée, je me colle presque contre la vitre du bus et me lève légèrement pour essayer de mieux voir ce qu'il va lui arriver. Je crève de trouille mais il y a comme une curiosité presque malsaine qui me pousse à regarder. C'est un peu comme les films d'horreur. Même si ça fait peur et qu'on a le coeur qui bat à mille à l'heure, on peut pas décrocher le regard. Il faut qu'on sache. Et moi, je veux savoir ce qu'ils vont lui faire. Parce que quelque chose me dit que c'est ce qu'ils finiront par nous faire à tous. Le souffle coupé, la respiration retenue, j'ai les yeux grands ouverts et les oreilles presque autant. Je voudrais ne pas perdre un mot de ce qu'ils racontent là-dehors mais ça s'agite dans le bus et j'entends rien. Un peu bêtement, je m'agace et balance un « Chut ! » un peu violent et très impoli. Et pis voilà. J'ai rien compris à ce qu'ils disaient mais ça, je l'ai entendu. Le coup de feu. La détonation. Ils ont sûrement dû lui dire de retourner à l'intérieur du bus mais la pauvre a perdu la tête et s'est mise à courir. Et puis voilà, ça a rugi, ça nous a tous assourdi, et j'arrive pas à détacher mon regard de son corps allongé sur le sol. Mes yeux font un focus différents et s'attardent sur le premier plan de ce qu'ils voient : les projections de sang qui entachent la vitre du bus et qui s'écoulent lentement devant moi. Je me sens soudainement fébrile, comme si mes muscles se ramollissaient. Ca siffle tellement fort dans mes oreilles que j'entends même plus les cris désespérés des autres passagers. Et devant mes yeux, des petits papillons se mettent à danser juste quand je réalise ce que je vois. Sur le carreau, écrasé et tombant lentement, c'est un morceau de cervelle que je fixe. Alors, les papillons ténébreux achèvent d'emplir mon regard et le néant m'avale...
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Jeu 13 Fév - 21:57
Un regard de Gabrielle suffit à me mettre mal à l’aise. C’était absurde, peut-être même qu’elle n’avait pas regardé dans ma direction. A peine nos regards croisés, j’ai détourné le regard, un peu honteux d’être pris en pleine technique d’évitement. La pauvre Gabrielle n’y est pour rien… Egoïstement, je n’ai pas très envie d’être un ami pour le moment. J’ai dû mal à me gérer moi-même alors… m’intéresser à la vie de Gaby, se sentir préoccupé. Sincèrement, j’en ai pas vraiment la force en ce moment. Qui plus est, je n’ai aucune motivation pour le faire. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de l’observer du coin de l’œil. J’entends d’ici ses reproches, ceux que je ne voulais pas entendre, du type je fais n’importe quoi avec mes frangines, je ne gère absolument pas ma vie… et blablabla. Vu ma dégaine, je peux difficilement argumenter pour lui donner tord. Voila pourquoi je ne veux pas du débat : Gaby aurait raison de s’inquiéter sur moi. Moi-même, j’étais loin d’être serein concernant mon avenir… Soyons lucide, je vais droit dans un mur... M’enfin pour le moment.. j’aimerais bien foncer dans le mur en question ou plutôt dans plusieurs irlandais. Sérieusement, pourquoi je m’inquiète ? On va tous mourir dans ce putain de bus. Mes doigts passent nerveusement sur l’écran verrouiller de mon portable. Je me tâte à envoyer un sms à Anja mais non… je n’y arrive pas. Qu’est ce que je lui dirais ? Désolé, j’ai une tendance naturelle à me foutre dans la merde, je te jure que je le fais pas exprès. Pauvre Anja. Je me demande vraiment ce qu’elle pense de moi. Certainement que je suis un raté… Qu’est ce qu’elle fou avec moi ? On a rien à faire ensemble. Je l’adore, je tiens énormément à elle mais je suis pas le mec qu’il lui faut. Anja mérite mieux, j’ai juste pas le courage de le dire à haute voix et Anja doit trop avoir pitié pour me larguer. Pourtant, elle devrait le faire… Cela serait mieux pour elle. Je suis un boulet… Je fais de mon mieux pour retrouver une situation mais j’y arrive pas. Je suis plus capable de faire tout ça. C’est comme si c’était pas vraiment moi ou alors… c’est typiquement moi justement ! Après tout ne suis-je pas un bon à rien de bâtard ? Il avait raison de me dire ça… Il avait vraiment raison mon beau-père alors pourquoi je me tue à vouloir faire croire le contraire ?
Toutes ces tergiversions n’ont pas beaucoup d’intérêts vu le contexte où je me trouve. J’ai beau la jouer détendu, je suis angoissé à mort. C’est ma deuxième prise d’otage… probablement la dernière, quelque part c’est une bonne nouvelle. Pourtant, allez savoir pourquoi, je ne me réjouis pas. La conversation sur les cons me laisse totalement indifférent. Il faut dire que je me considère comme très con en ce moment… La preuve, mon propre briquet m’échappe des mains et je suis incapable de le récupérer. Fais chier. Par acquis de confiance, je me penche pour tenter de le récupérer avant que la gamine ne s’en occupe mais il est inaccessible… C’est la gosse qui m’a regardé de travers qui l’a récupéré… pour le faire retomber. L’intention est bonne mais c’est tout de même un boulet. Je soupire à nouveau et appuie ma tête contre la vitre. Si nos amis les irlandais sont aussi maladroits qu’elle alors on est encore plus mal barré… Je m’abstiens de tout commentaire et observe nos gardes. Sur le coup, je n’ai pas compris pourquoi le bus s’excitait… Et puis, je vois la fille sortir, je l’observe discuter avec nos bourreaux. Je sens mon cœur s’accélérer sous la pression. Cette histoire va mal finir c’est écrit. Elle va se faire tuer. C’est une certitude. Tout le monde le sait, tout le monde s’y prépare. Pourtant, la détonation surprend tout le monde. Impossible de détacher les yeux de la scène. Sauf pour moi et c’est un automatisme. Dès que j’entends la balle, je ferme les yeux et revit la scène la plus traumatisante de ma vie. C’est le même bruit qui a tué la gamine, le même choc qui a pulvérisé une partie de mon épaule. Mon respiration s’accentue et je rouvre les yeux, angoissé comme jamais. Je veux pas revivre ça. Ma main est posée sur mon épaule, comme pour s’assurer qu’elle est encore intacte. Sur la vitre sont éparpillé les restes de cervelle et je détourne à nouveau le regard, mal à l’aise. En médecine, j’en ai vu des choses mais n’empêche que j’ai quand même la gerbe. J’exagère… c’est « juste » du sang. Pas de doute, cette femme est morte. Je respire doucement et sens le malaise s’éloigner. C’est pas le moment de faiblir… Je secoue la tête et me fais violence pour penser à autre chose. A Anja. C’est facile, elle me manque énormément… Je devrais être avec elle et pas dans ce bus. Si je m’en sors… peut-être que je ferais quelque chose de complètement fou pour lui montrer que je tiens à elle. Ouais… c’est peut-être ça la solution. En attendant il faut vraiment que je fume une clope, c’est le seul truc qui pourrait me calmer. Je me lève pour demander clairement à ma voisine d’attraper mon briquet et le récupérer en main propre. « Merde. » La gamine a tourné de l’œil… Je secoue doucement la tête et laisse mes réflexes de médecin prendre le dessus. A moins qu’elle ne soit diabétique et fasse une hypo, je parie, vu le contexte, sur un petit malaise vagale. L’émotion suscitée par un cadavre encore chaud. D’un geste un peu ferme, je m’empare de son poignet pour vérifier son pou et dit doucement : « Est-ce que tu peux serrer ma main ou ouvrir les yeux ? » Tout en surveillant les réactions de ma nouvelle patiente, je me tourne vers l’assistance : « A défaut d’avoir un joint… quelqu’un aurait bien de l’eau… ? »
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Mar 18 Fév - 2:33
Les yeux fermés, les mains sur les oreilles, Gabrielle essayait de faire comme si elle était ailleurs. Chez elle. Dans un bateau. Dans une salle d'essayage. Dans le ventre de sa mère. Dans une voiture. N'importe où, mais pas ici. Pas dans cet autobus. Malheureusement, ce n'était pas aussi simple. Elle était toujours dans ce dit autobus, entouré par des types avec des armes. Ses mains sur ses oreilles ne purent pas empêcher le bruit de l'arme à feu de se faire entendre. Elle sursauta, fermant les yeux encore plus fort. Elle serra ses mains l'une contre l'autre, les faisant quitter ses oreilles, jusqu'à ce que ça lui fasse mal. Elle ne desserra pas pour autant le contact, essayant de garder pied avec cette douleur. Elle rouvrit les yeux. Elle ne pourrait pas dire quand. Quelques secondes, quelques minutes plus tard ? Quelle importance cela avait ? Les yeux fermés, elle avait entendu toutes sortes de réactions. Ce qui lui semblait être normal étant donné les circonstances : comme resté insensible à ce geste ? Ce geste qui pourrait être le futur à tous. Elle frissonna violemment, regrettant d'avoir eu cette pensée. La situation allait déjà assez mal comme ça sans qu'en plus, elle se mette à se dire que tout irait encore plus mal. Peut-être qu'ils ne voulaient pas faire de victimes. Qu'ils voulaient juste passer un message. Que la jeune femme serait la seule et que ce n'était pas prévu. Ça semblait être tout aussi inapproprié comme pensée vue la quantité d'armes qu'il y avait. Pourquoi en amener autant si ce n'était pas pour les utiliser ? Impressionner ? Montrer qu'ils étaient sérieux ?
Des tonnes et des tonnes de pensées lui traversaient l'esprit et elle ne pouvait pas dire si elle brûlait ou non. Elle était loin d'avoir fait ce genre de chose ou d'y avoir déjà songé par le passé. Ce n'était pas du tout son genre. Elle n'était pas comme d'habitude en ce moment, elle traversait une mauvaise passe, mais jamais elle n'avait pensé à réagir de cette manière. Elle rouvrit les yeux lorsqu'elle entendit la voix d'Erwan. Il posait une question. Elle regarda dans sa direction. Il avait changé de place. Il demanda de l'eau. Elle n'en avait pas avec elle. Elle ne pouvait pas vraiment être utile. Dans l'état où Erwan semblait être, elle était plutôt surprise qu'il ne la claque pas pour la réveiller. Il y avait encore de l'espoir ! Ouais, bon. Cette pensée n'allait pas aider la demoiselle qui n'était pour rien dans l'humeur de la photographe. Elle regarda autour d'elle afin de voir si quelqu'un n'avait pas de l'eau. Peut-être que le dit quelqu'un n'osait pas bouger par peur des représailles. Il n'aurait pas tord. Ils n'étaient pas vraiment plus à l'abri dans cet autobus. Elle ne s'y connaissait pas beaucoup en arme, elle faisait une piètre américaine à ce sujet, mais elle était sûre que les balles pouvaient traverser facilement les vitres de l'autobus.
Un homme, il devait avoir dans la cinquantaine, assit en diagonal avec elle, avait une bouteille à la main. On aurait dit qu'il voulait se lever, il était en position pour le faire. Il regardait par la fenêtre, comme s'il attendait le bon moment pour se lever, quand plus personne n'allait le regarder. Elle ne pensait pas que ça puisse arriver. Au revoir son optimisme, la situation ne s'y prêtait pas du tout. Par contre son côté qui pensait plus aux autres qu'elle avait pris le dessus, comme bien souvent. Elle se leva, doucement, pas de balle, rien, s'arrêtant au niveau du cinquantenaire et prenant sa bouteille d'eau. Elle lui sourit, ou tout du moins elle tenta de lui sourire, reculant ensuite jusqu'au siège de la demoiselle s'étant évanouie et d'Erwan. Elle lui tendit la bouteille d'eau, il y en avait un peu plus de la moitié. « T'as besoin d'aide ? » lui demanda-t-elle. Soutenir la tête ? Lever les pieds ? Faire de l'air avec ses mains ? Elle n'en savait rien, mais il n'avait que deux mains. Elle n'était pas là pour lui demander ce qu'il se passait, pourquoi il était comme ça, pourquoi il ne donnait plus de nouvelles. Non. Elle était là pour aider la brunette et se changer les idées aussi. Ne pas seulement penser aux types qui les entouraient et qui avaient tués une passagère qui s'était aventurés à l'extérieur.
Sunday Newton
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J'ai pas compris ce qui m'arrivait. D'un seul coup, j'ai eu l'impression de tomber et c'est devenu tout noir. C'est comme si j'étais à demi-consciente mais que mon corps voulait pas m'obéir. Pourtant je lui ordonne de se relever et d'arrêter de faire des conneries mais y a rien qui bouge. On dirait que ma tête est dans un énorme nuage super épais qui l'entoure. C'est tellement dense que j'ai du mal à entendre ce qui se passe autour de moi. Les gens me paraissent super éloignés, comme si y avait un voile entre nous. C'est ça, perdre conscience ? Ben en tout cas, je suis bien contente d'avoir été dans un bus, à moitié assise sur un siège quand ça m'est arrivé. En pleine rue, y doit y avoir moyen de se faire vachement mal ! Avec ma chance, je suis sûre qu'avec un truc comme ça, je me fais direct le coup du lapin... Sans déconner, c'est obligé tellement je suis Miss catastrophe !
Y a une voix qui me parvient, même si on dirait qu'elle est super loin. C'est la voix d'un mec. Il me demande de serrer sa main. Je sens bien ma peau en contact avec la sienne, mais j'arrive à rien serrer du tout. Même résultat quand il veut que j'ouvre les yeux : y a rien qui s'ouvre. Je voudrais bien pourtant. J'ai vraiment envie d'ouvrir les yeux et de sortir de ce drôle de rêve. J'aime pas trop ce qui s'y passe dedans. Toujours aussi loin, y a des gens qui pleurent, qui sanglotent. C'est très bizarre mais je sens la tension dans l'air. Je me dis que si je me réveille, elle disparaîtra. Que cette impression, c'est à cause du gros nuage oppressant. Mais j'y arrive pas. J'arrive pas à m'extirper de ce marasme de ténèbres. Il veut pas me lâcher, il me cloue sur place et me laisse toute seule avec mon inconscient. Pourtant je voudrais, rejoindre la voix. Celle qui parle d'eau. Moi j'en veux, de l'eau. J'ai soif bordel ! Y a cette nouvelle autre voix plus douce aussi. C'est celle d'une fille. Elle propose son aide. J'en veux bien aussi, de l'aide. Je voudrais bien sortir de ce grand trou noir cotonneux. Mais je trouve pas la porte pour en réchapper. J'ai beau tâtonner partout, y a rien que du noir et du vide. Jusqu'à ce que ce soit froid. Et mouillé. Y a des gouttes qui me chatouillent le visage et qui me trempent la racine des cheveux dans la nuque. Pourquoi je suis mouillée ?
Mes yeux finissent par s'ouvrir et se posent sur le mec à la barbe. Il est penché sur moi et je finis par voir que c'est sa main que j'ai senti dans la mienne. Derrière lui, y a la fille qui parlait des cons tout à l'heure. Encore un peu vaporeuse, je me touche le visage. C'est bien mouillé ouais. Je me souviens absolument de rien... Le passage dans le coton là, j'en ai plus aucun souvenir. Je sais même pas ce que je fous là. Pourquoi ils m'ont foutu de la flotte sur le visage ? Pourquoi je suis allongée dans ce bus ? Pourquoi ils sont tous les deux penchés sur moi comme s'ils se demandaient si je me la jouais Belle au Bois dormant ? Une femme un peu plus loin sanglote alors, ça finit par me revenir. Je me tourne brusquement, à m'en faire un torticolis. Le corps de la femme est toujours là, par terre. Putain la honte. Je me suis évanouie à cause du sang sur le carreau. Je détourne vite la tête, pour éviter que ça me reprenne. Finalement, je crois que j'aurais préféré rester dans mon petit monde de coton... Y a une boule qui m'enserre la gorge. La réalité de la vie à New-York vient de me foutre une sacrée gifle. Et bordel, ça fait mal. Ca doit sûrement être ce qu'on appelle le contre-coup mais je me mets à chialer comme une madeleine en marmonnant des « J'ai pas envie de mourir... ». Je dois avoir l'air fine, avec mon mascara qui me dégouline sur les joues. En même temps je m'en fous, si ça se trouve dans dix minutes je vais crever, alors qu'est-ce que ça peut foutre si mon maquillage est tout niqué ?!
Je me replie encore plus sur moi-même, les genoux contre mon buste. J'enfouis mon visage dans mes bras pour pas leur faire subir ce spectacle. Ils doivent avoir la trouille aussi, pas besoin en plus qu'une gamine se mette à chouiner. En tout cas, à leur place, je crois que c'est ce que je me dirais. A l'extérieur du bus, y a un bruit horrible. Je veux pas relever la tête pour vérifier mais je suis sûre qu'ils sont en train de trainer le corps de la femme par terre pour l'amener plus loin. Je reste agrippée à mes petits bras. Putain, qu'est-ce que je donnerais pour retourner me terrer devant mes jeux vidéos ! Ou dans un bar, autour d'une bière avec les copains. Je voudrais être partout, sauf ici. A la limite, je crois que dans le genre expériences traumatisantes, j'ai même préféré le tremblement de terre !! Pendant que j'essaye de me calmer, ça recommence à s'agiter dans le bus. Cette fois, personne essaye de sortir, mais tout le monde regarde dans la même direction. Là où se trouvait le cadavre y a encore quelques minutes, un mec se plante debout, l'arme à la main. Quand il commence à parler fort avec son accent, je relève doucement la tête pour le regarder entre mes larmes.
« Mesdames et messieurs. Ce qui vient de se passer n'est qu'un tragique accident. Notre intention n'est pas de tous vous fusiller... Il n'y a qu'une personne qui nous intéresse parmi vous. »
Et l'irlandais n'en dit pas plus. Hein ? Une seule personne ? D'abord, y a le doute. C'est quand même pas moi qu'ils veulent ? Ben non, n'importe quoi, qu'est-ce qu'ils voudraient à une gamine testeuse de jeux vidéos ? Un silence pesant s'abat sur le bus et tout le monde se dévisage pour essayer de savoir qui peut bien être cette personne qu'ils veulent. Parce que, par définition, tous les autres ont une chance de peut-être s'en sortir...
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Dim 2 Mar - 16:49
Où que j’aille, le problème était toujours le même. J’étais LE médecin de service. J’avais beau ne plus porter de blouse blanche depuis un bon moment, je restais l’homme de la situation. L’avis médical à toute heure, c’était pour ma pomme… A un moment, je prenais cela comme un honneur. Aujourd’hui, c’était une corvée de « secourir » une jeune femme. Le monde ne pouvait-il pas se débrouiller sans moi l’espace d’une catastrophe ? C’était trop demandé que de rester assis et d’admirer la déchéance humaine sans un mot ? A croire que je n’avais pas le droit à la moindre minute de repos, pas le droit d’être moi… J’étais le doc. Pour la défense du monde entier – celui qui me sollicitait sans avoir conscience de ma propre existence – je ne disais jamais non. Réputé ferme voire autoritaire pendant de longues années au Lennox, j’étais à présent un médecin libéral trop faible pour dire non à ses « partenaires ». Jamais, je n’avais dis non à un russe, j’en étais incapable. Bousillé par la peur, je préférais m’écraser plutôt que de prendre le risque qu’il arrive quelque chose à mes sœurs… C’était complètement fou. Ce gout du sacrifice me pourrissait la vie. Cela me rendait faible, il fallait être lucide. Ce que j’affichais comme une force n’était que la faiblesse d’un homme qui niait sa déchéance. De toute façon, ce n’était pas grave… on risquait de tous crever dans ce bus. Une bonne chose de faite… Loin de vouloir verbaliser mes penchants suicidaires, je m’efforçais de réanimer la gamine sensible. Refreinant avec violence ma propre envie de vomir. Pour l’aider à reprendre conscience, j’avais demandé de l’eau à l’assemblée. Gabrielle se dévoua pour m’apporter une bouteille d’eau et je reconnu tout de suite son petit penchant Saint Bernard. C’était aussi pour ça que je ne voulais plus la voir… je ne voulais pas de l’aide qu’elle était prête à offrir. Qui plus est, le spectacle de ma barbe, de mon teint blafard reflétait un mal-être que je ne voulais pas exposer. Tout le monde le voyait, certes, mais je n’avais pas envie d’en débattre. Laissez moi allez mal et fermez vos gueules, voila ce qu’exprimait mon regard lorsque je m’emparais de la bouteille d’eau qu’elle me tendait. « Tu as besoin d’aide ? » « Nan. » répondis-je trop vite, pensant égoïstement qu’elle parlait de moi et non de la jeune malade. J’appuyais mon regard sur Gabrielle, honteux d’être devenu ce que j’étais et me détournais pour reprendre ma casquette de docteur. C’est encore ce que je savais faire de mieux. Etre là pour les autres, tout en me demandant qui était là pour moi.
Au final, la gamine n’avait rien du tout. Sentir sa main serrer la mienne devrait être rassurant. En réalité, son contact est décevant. Elle aurait vraiment eut un truc, je me serais senti utile. Là, je sers vraiment à rien. Doucement, j’humidifiais ses lèvres et sa nuque, histoire qu’elle reprenne conscience. C’était rien du tout… Juste l’effet d’une cervelle explosée. « J'ai pas envie de mourir... ». Personne n’a jamais envie de mourir sauf peut-être moi en ce moment… Je soupirais et passais ma main dans mes cheveux, mal à l’aise face à cette déclaration. A une époque, j’avais les mots pour rassurer, mais tout ce qui sortis de ma bouche était la maladresse incarnée : « Faudra bien que ça arrive… Mais peut-être pas aujourd’hui… » Je me mordis les lèvres, réalisant que j’aurais dû dire autre chose. J’interrogeais Gabrielle du regard à la recherche d’une solidarité féminine qui sauverait la mise. Après tout, elle n’avait qu’à dire un truc, cela ne serait pas difficile de faire mieux.
Mal à l’aise, je caressais doucement son épaule. C’était juste une gamine alors je tentais de jouer les adultes rassurants. Cette gosse me rappelait ma petite sœur… Autant dire que je n’étais pas plus douée avec elle qu’avec ma sœur… Putain, si je meurs il n’y aura plus aucun espoir de réconciliation. Remarquez, cela ne changeait rien ! Brutalement, un incident interrompit le cours de mes pensées. Un homme capta toute notre attention : « Mesdames et messieurs. Ce qui vient de se passer n'est qu'un tragique accident. Notre intention n'est pas de tous vous fusiller... Il n'y a qu'une personne qui nous intéresse parmi vous. » Un tragique accident ? Ben voyons… Il n’avait qu’à dire qu’il ne l’avait pas faix exprès, que c’était un accident et que le coup était parti tout seul tant qu’on y est. Vu l’ambiance, je m’abstiens de tout commentaire. Il faut dire que l’information qu’il lâcha ne laissait aucune place à l’humour. Nos bourreaux recherchaient quelqu’un… Une personne. Aussitôt tout le monde se dévisagea… Qui ? Ils voulaient qui ? Cette femme enceinte ? Ce mec nerveux ? Cet étudiant lambda ? Oh putain… Ca va dégénérer. L’ambiance était déjà pesante, je pressentais l’explosion imminente. Un homme se leva, un quarantaine nerveux : « Qui ils veulent ? Putain qui ils veulent ? » Je n’étais pas sure que poser la question nous aiderait à LE ou LA trouver. Je soupirais et ne tentais même pas de calmer l’homme. Il faudrait que quelqu’un le fasse, mais je laissais le Saint Bernard jouer son rôle. Après tout Gabrielle avait envie de sauver le monde en permanence… Pour ma part, je préférais m’asseoir à côté de la gamine et réfléchir à haute voix : « Peu importe qui ils veulent… Est-ce qu’on va le leur donner ? Est-ce qu’on cède ? Je veux dire… on livrerait un homme… ou une femme à ces mecs ? Pour se sauver? Depuis quand un mec qui porte une arme est fiable… » Nous n’avions aucun certitude. C’était peut-être juste un jeu pervers… « C’est toi qu’ils veulent ?! C’est pour ça que tu dis ça ! » Je levais un regard surpris par une telle déclaration, totalement absurde. Putain. Tous les regards se braquent sur moi. « Vous êtes sérieux ? » Le pire c’est pas d’être coincé dans ce bus mais de l’être avec des abrutis finis… Cela n’annonçait vraiment rien de bon, songeais-je en secouant la tête.
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Ven 7 Mar - 4:47
Gabrielle sentait les regards braqués sur eux, en train d'aider la brune s'étant évanouie. Elle ne se sentait pas vraiment à l'aise à être regardée comme ça, elle n'avait jamais aimé être le centre d'attention. Heureusement (ahem), Erwan n'ayant pas besoin de plus d'aide comme il venait de lui faire si gentiment savoir, elle pourrait donc partir à sa place. Génial. Elle allait attendre que la demoiselle revienne à elle, voulant s'en assurer bien qu'elle ne la connaissait pas. Elle se réveilla finalement, et un instant plus tard, elle se mit à pleurer. La photographe fouilla dans ses poches de manteau en sortant un mouchoir du petit paquet qu'elle traînait, le lui tendant. Elle leva les yeux dans les airs, secouant la tête. Que de tact de sa part. L'air qu'elle faisait montrait bien que la jeune femme ne devait pas prendre en compte ce que venait de dire le jeune homme. Elle s'étira ensuite un peu, allant essuyer quelques marques noires du bout des doigts de sur la joue de la jeune femme. Elle ne savait pas quoi dire. Elle devrait dire quoi ? Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ? Autant se taire que de dire aussi cliché. Surtout qu'ayant jamais vécu cette situation, elle ne savait pas du tout à quoi s'attendre.
Une voix se fit entendre. Elle s'excusait. Une personne. Durant un instant, on aurait pu entendre une mouche volée s'il n'avait pas fait aussi froid. Elle bougea finalement, se rendant compte qu'elle était toujours capable de le faire même après cette annonce qui ne lui disait rien de bon. Elle retourna à la place où elle était installée précédemment. L'inconnu qu'était son voisin de siège semblait plus l'apprécier qu'Erwan qui était un ami. Tout du moins, elle croyait. Elle s'était trompée. Ce ne serait pas la première fois. Elle prit la main de son voisin, la serrant un moment, continuant de regarder les hommes à l'extérieur. Elle mit ensuite ses mains sous ses cuisses, cachant le tremblement qui venait de commencer dans ses dernières. Un homme posa la question que probablement tous se posait : qui ils voulaient. C'était une très bonne question. Elle n'en savait rien. Elle savait que ce n'était pas elle. Tout du moins, si c'était le cas, elle ne savait pas du tout pourquoi. Elle n'avait jamais mis les pieds en Irlande, n'avait jamais causé de tord à un Irlandais (à ce qu'elle sache). Elle ne se sentait pas concernée personnellement. Elle se sentait comme ça tout de même parce qu'elle était dans ce bus avec cette personne. Ils étaient tous dans le même bateau.
Le médecin se mit à parler. Elle hocha la tête, d'accord avec lui. Ils n'allaient pas donner quelqu'un à ces types. Ces derniers agissaient d'une bien drôle de manière pour montrer qu'ils ne leur voulaient pas de mal. Ils ne pouvaient pas faire comme tout le monde ? Aller sur facebook retrouver la bonne personne de cette manière, lui donner rendez-vous ? Ou encore passer à une émission de télé ? Ou autre chose ne comportant pas une prise d'otage ? Car oui, nul besoin de se voiler la face, c'était de ça dont il s'agissait. Elle avait peur. Elle ne savait pas ce qui allait arriver. Comment ils allaient s'en sortir. Qui ils voulaient. Ça continuait de parler, mais elle ne suivit pas la conversation. Elle posa finalement la tête contre ses genoux, respirant. N'importe où sauf ici. Elle ne savait pas combien de temps elle resta ainsi, mais ça lui fit du bien, autant que possible dans cette situation. Elle aurait bien resté comme ça encore un peu, mais une autre nouveauté se mit de la partie.
Une nouvelle voix se fit entendre provenant de l'extérieur de l'autobus. Une voix à l'accent bien new yorkais ayant tout l'air de provenir d'un porte-voix. Un négociateur. Ce dernier était entouré de voitures de police, ainsi que de camions noirs, probablement la SWAT. Ce qu'il disait était simple ; le négociateur pas le camion de la SWAT. « Ici Paul Carter du NYPD. » Un court silence s'installa, le temps que quelques Irlandais se retournent en direction de l'homme tout comme les passagers de l'autobus. Elle en fit partit, relevant la tête, reportant son attention sur l'extérieur. « On vous demande de laisser sortir ces personnes de cet autobus. Dites-nous ce que vous voulez. Toute nouvelle violence est inutile. » compléta-t-il. Il n'avait pas dû entendre la demande d'une personne. Il était vrai que les Irlandais n'avaient pas de porte-voix eux. Leur voix ne devait pas porter jusqu'aux policiers, placés assez loin. Sans trop savoir pourquoi, elle ne pensait pas que l'arrivé des policiers allait simplifier leur affaire. Ils ne semblaient pas être très impressionnés par ces derniers. Elle ne comprenait pas pourquoi, elle ne faisait que constater. Le sentiment de sécurité qu'elle avait ressenti en entendant la voix du dit Paul Carter s'évanouit bien vite.
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Sam 15 Mar - 20:01
Je sais pas pourquoi, mais la nouvelle voix qui nous parvient du mégaphone me rassure pas. En fait, y a rien qui me rassure dans ce bus. Quelques minutes plus tôt, le mec à la barbe avait l'air de savoir ce qu'il faisait avec sa bouteille d'eau. Mais quand j'ai paniqué et lâché que je voulais pas mourir, ce qu'il a répondu m'a laissé encore plus mal. Je sais pas si c'est parce qu'il s'est rendu compte de ce qu'il me balançait ou si c'est le regard que je lui ai lancé à travers mes yeux mouillés mais il a eu l'air de s'en vouloir. La fille à côté de lui a pas trouver mieux à dire, elle s'est juste penchée pour sécher mes larmes. A la limite, plutôt que de dire n'importe quoi, je crois que c'était plus approprié. J'aurais bien voulu lui sourire mais mon visage m'a pas obéi. Au lieu de ça, je me suis contentée de tamponner mes yeux avec le mouchoir qu'elle m'a filé. Et depuis, je suis super mal à l'aise.
Y a eu la première vague, quand l'irlandais a dit qu'ils voulaient qu'une personne parmi nous. Tout le monde s'est regardé, tout le monde s'est suspecté. C'était à prévoir, y en a qu'ont paniqué et qui ont cherché la cible sûrement pour la donner en pâture et sauver leurs miches. Y en a évidemment d'autres qui se sont révoltés et qui refusent de s'abaisser à un tel geste. Moi, j'en sais rien. Honnêtement, je suis tellement morte de trouille que, si on me disait qui ils veulent, je suis absolument pas sûre de ce que je ferais. Si je le dénoncerais ou pas. Pour l'instant, c'est tout vide dans ma tête et, repliée sur moi, je regarde les passagers se tirailler pour savoir quoi faire. Je prends pas part au débat, de une j'en ai pas envie, et de deux je saurais pas quoi dire. Ce que je vois, c'est que la tension est encore montée d'un cran. J'essaye, discrètement, d'observer les gens. Un par un, pour voir s'il y en a pas un qui parait plus suspect que les autres. Mais suspect de quoi ? On sait même pas pourquoi ils le veulent. Ca dure même pas deux minutes, je suis pas douée pour les manigances et en plus j'arrive pas à me concentrer. Je viens de me moucher un peu bruyamment quand y a eu la deuxième vague. Celle du flic.
J'aurai sûrement du ressentir du soulagement. J'aurai du être rassurée, me dire que, maintenant que la police est là, ça va mieux se passer, que ça va bientôt être terminé. C'est pas le cas. Beaucoup plus loin sur le pont, j'aperçois la silhouette du fameux Paul Carter. Il a l'air d'être bien entouré. J'ai juste envie de leur dire de se barrer et de nous foutre la paix jusqu'à ce que les irlandais aient eu ce qu'ils voulaient. Parce qu'un irlandais, c'est borné. Ils lâcheront pas l'affaire. Au contraire, maintenant que les autorités sont là, ils vont peut-être même vouloir accélérer les choses et faire encore pire. C'est de ça que j'ai peur quand j'écoute le flic qui demande aux irlandais ce qu'ils veulent. Nous on le sait, ce qu'ils veulent. Ils en veulent qu'un. Je regarde à travers la vitre en essayant de faire abstraction des traces de sang qui commencent à sécher. Les irlandais se regardent entre eux, échangent quelques mots assez bas que je parviens pas à entendre. Ils ont pas l'air plus inquiété que ça. Sans que j'ai le temps de la retenir, ma main agrippe le premier truc qui vient. C'est le bras du mec à barbe. Je serre assez fort en demandant d'une voix blanche sans lâcher les truands des yeux.
« Tu crois qu'ils vont venir ? Dans le bus ? »
Ca me fout les jetons. D'imaginer que l'un d'eux pourrait monter avec nous et menacer, je sais pas moi, de nous tuer un par un toutes les minutes jusqu'à ce que celui qu'ils cherchent se livre. Putain. J'espère que c'est pas ce qu'ils ont prévu ! Je serre le bras encore plus fort. Dehors, après quelques minutes à parler entre eux, celui qui a l'air d'être le chef et qui nous a déjà parlé se tourne vers Paul Carter. Les mains en porte-voix, il se met à crier pour que, d'où ils sont, les policiers puissent l'entendre.
« Les personnes du bus, elles savent ce qu'on veut. Dès qu'on aura eu ce qu'on est venu chercher, on se tire, sans blesser personne d'autre. »
Il se retourne vers nous, il sait qu'on le regarde tous. Et cette fois il s'adresse à nous sans crier aussi fort.
« On va juste attendre sagement maintenant. Celui qu'on veut sort, et on disparait. »
J'ai comme l'impression que le débat à savoir si on doit livrer cette personne ou pas est loin d'être fini... Mais, déjà, faudrait peut-être qu'on sache qui ils veulent, avant d'hésiter à la livrer ou non. Parce que quelque chose me dit que la personne en question va pas se lever d'elle-même comme par magie dans un acte héroïque et se sacrifier pour notre bien à tous en allant affronter son destin. Peut-être même qu'elle aura un happy ending ! C'est des conneries tout ça, on est pas dans un film hollywoodien. Si c'était moi qu'ils voulaient, je resterais terrée là en priant pour qu'il se passe un truc, quelque chose, pour qu'ils aient pas le temps de me choper. Et je suis sûre que celui qu'ils cherchent, ben c'est exactement ce qu'il est en train de faire...
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Sam 29 Mar - 0:10
Sans ne blesser personne d'autre. C'était des paroles qui étaient des plus rassurantes, vraiment. Gabrielle se sentait terriblement en sécurité. Après tout, il était vrai qu'ils n'avaient blessé personne. Pas de coups, pas de gifles, pas la moindre blessure. Juste une balle dans la tête. Il l'avait blessée ? Elle appelait ça tuer elle. Mais il était vrai qu'elle n'avait pas grande expérience en meurtre. Elle pouvait donc se tromper. Ce qui était tout de même une chance d'une certaine manière qu'elle n'ait aucune expérience. Ce n'était pas quelque chose qu'elle voulait connaître. Bref, ils avaient mal choisi leur phrase, à ses oreilles tout du moins. C'était rassurant tout de même : elle ne serait pas blessée mais morte. Ah ah. Ce n'était pas comme ça qu'elle allait réussir à garder son calme. Calme qui allait probablement continuer de rester, de partir, de monter et de descendre sans qu'elle ne puisse le contrôler. Les aléas d'une situation improbable, inconnue, imprévisible. Tant qu'elle ne tombait pas dans l'hystérie elle se considérerait chanceuse. Elle ne pensait pas demander grand-chose, mais il était vrai qu'elle n'avait jamais été du type hystérique. Ce serait plus au moins normal qu'elle continue comme ça... bien que ce qu'elle vivait était unique. Elle espérait que ça resterait unique, que se serait la seule fois que ça lui arriverait. En même temps, on aurait dit qu'Elle (la vie) était capable d'en faire voir de toutes les couleurs. Pourquoi répéterait-elle le même schéma alors qu'il y avait tant de situations différentes ? La prochaine fois, une prise d'otage dans un taxi, pourquoi pas ? Ouais, ce n'était pas comme ça qu'elle allait rester calme. Pas en pensant au pire. Juste à penser que tout irait bien et que tout finirait bientôt.
Il ne fallait pas non plus être aveugle et faire comme si de rien n'était. Ce qu'elle avait souvent eu mauvaise tendance à faire. Elle secoua la tête rapidement lorsque la jeune femme posa une question à Erwan. Elle ne l'espérait pas. Les voir dehors c'était bien assez, alors en dedans... elle ne le voulait pas. Pour ça, il fallait leur donner ce qu'ils voulaient (ils ne semblaient pas être très intéressés par la négociation, pauvre Paul). Ils voulaient qui ? C'était là toute la question. À part la personne, ils ne pouvaient pas le deviner. Comment savoir c'était qui si elle ne se dénonçait pas ? Si elle se levait, est-ce qu'il fallait la laisser faire ? Parce qu'on ne savait pas du tout ce que les Irlandais pouvaient lui faire. Dans tous les cas, avec ce qui était en train d'arriver, ils voulaient vraiment le voir. Pour le pire, pour le meilleur ? Elle penchait pour la première option, malheureusement. Un type se leva. Plusieurs non se firent entendre, dont le sien. L'image de la femme était encore bien nette dans leur esprit. Ainsi que sur certaines vitres de l'autobus. On ne pouvait pas vraiment l'oublier. Elle serra ses mains ensemble, jusqu'à ce que ça lui fasse mal. Il n'alla pas très loin. Ouf. Il colla une feuille de papier sur une des fenêtres. Elle plissa les yeux afin de voir ce qui était écrit. Elle déchiffra tant bien que mal l'écriture inversée par comment était placé le papier. Elle n'était pas la seule à le faire et à finalement comprendre ce qu'il y avait dessus. Des murmures commencèrent à se firent entendre. Vous voulez qui ? était ce qui était écrit. Ce qui était un moyen comme un autre de le savoir. Est-ce que c'était le meilleur moyen ? Tout dépendant de ce que les Irlandais comptait faire à John ou Jane Doe qui ne c'était pas plus présenté après ce mot.
Quelqu'un ayant porté attention à autres choses que le papier collé dans la vitre aurait vu qu'un autre passager avait glissé un peu de son siège afin de se rendre moins visible. Elle ne le remarqua pas, attentive à la scène qui se déroulait. Un Irlandais s'approcha du bus, le temps de lire ce qui était sur la feuille. Pas de porte-voix, pas de jumelles. Des armes. Peut-être autre chose aussi, mais elle ne voulait pas le savoir. Moins elle en savait, mieux elle se portait. Il retourna d'où il venait sans ne rien dire. Encore une fois, c'était le flou. À moins que ce ne soit que le temps d'en discuter avec ses... partenaires ? Amis ? Collègues ? Les autres qui étaient avec lui. Plus de mots, mais plus simple d'une certaine manière. Pas comme la situation en général.
Sunday Newton
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Dim 13 Avr - 19:34
Plus ça va et plus je me sens mal. Sérieux, je crois que je vais finir par gerber. J'ai la tête qui me tourne et je serre fort les dents pour garder la maîtrise de mon corps. Je serre les dents, je serre mes doigts, je serre mes jambes, je serre même mes fesses... Bref, je serre tout. Et je serre encore plus fort quand je vois le mec qui se lève. Mes yeux s'arrondissent. Je voudrais dire quelque chose, unir ma voix à ceux qui lui murmurent de rester à sa place. S'il descend, il subira le même sort que cette pauvre femme : la cervelle éparpillée sur les vitres de ce bus. C'est qu'à ce moment-là que je me rends compte que je dois être en train de laminer le bras du mec à barbe. Ma main se desserre et lâche son poignet. Je lui jette un petit regard pour m'excuser, honteuse. Putain Sunny, maîtrise-toi ! Le mec il a rien demander, pas la peine de lui péter la main ! Ah, genre avec ma force de mouche, je serais capable de lui casser quoi que ce soit... le type fait trois têtes de plus que moi et doit peser au moins le double de mon poids. Nawak. Si ça se trouve, il a même pas senti que ma main serrait son bras.
Je préfère plus m'occuper de mon sauver à barbe et me réintéresser au fou furieux qui vient de se lever. Je peux pas m'en empêcher, même si je viens de me dire que jamais celui qu'ils veulent se livrerait, c'est plus fort que moi, j'espère que c'est lui que les irlandais veulent. Et j'espère qu'il est en train de se livrer pour nous sauver, tous. L'espoir retombe vite, la fausse-joie avec quand je déchiffre en lisant à l'envers ce qu'il a marqué sur la feuille qu'il vient de plaquer sur le carreau à l'attention des irlandais. Il est en train de clairement leur demander qui ils veulent exactement.
Je me sens soudain vide. Parce que, sûrement comme tous les passagers, j'ai quand même un doute. Y a pas la moindre raison mais... Et si ? Et si c'était moi qu'ils voulaient ? Je dévisage le mec qui a écrit. Et son expression me fait peur. Il a un air déterminé. Si les irlandais lâchent le nom, il sera de ceux qui feront tout pour sauver leur peau, quitte à livrer un ou une innocente. Peut-être même moi. Ca me fout la trouille. Et cette peur se manifeste par des frissons et la chair de poule. Je passe mes mains sur mes propres bras pour essayer de me réchauffer un peu et de me rassurer. Au fond, je sais bien que c'est pas moi qu'ils veulent. Alors, une question me hante : qu'est-ce que je vais faire quand on va savoir le nom de la personne qu'ils veulent ? Est-ce que moi aussi je vais vouloir à tout prix sauver ma vie ? Est-ce que la mienne vaut plus que celle de celui qu'ils cherchent ? Ou est-ce que je vais avoir le courage de m'opposer ? Parti comme c'est parti, le seul truc que je vais être capable de faire, c'est rester en boule sur mon siège sans broncher...
Sans nous en dire plus, l'irlandais repart d'où il est venu. J'aime pas beaucoup le petit sourire que j'ai cru apercevoir sur ses lèvres quand il a vu ce qui était marqué sur la feuille. Et j'aime pas non plus qu'il nous ait pas répondu franchement. Au moins on aurait été fixé. Il repart vers ses copains et nous on n'en sait pas plus. Bordel, encore combien de temps ils vont jouer avec nos nerfs ?! Ca les amuse de nous foutre la trouille et de nous laisser avec autant de suspens ? Si ça se trouve, ouais. Ils sont en train de prendre leur pied, ces sadiques, et ils sont pas pressés de mettre fin à nos angoisses. Mes yeux restent perdus là-bas, vers ce groupe de mec armés qui discutent entre eux sûrement de leur prochain mouvement. Une idée folle me passe par la tête. Si je sortais et que je leur disais que je viens de l'autre côté de l'océan moi aussi, ils me laisseraient repartir ? Sûrement pas. L'idée repart comme elle est venue. Les malfrats sont encore en train de discuter quand la voix étouffée par le haut-parleur de Paul Carter retentit une nouvelle fois.
« J'aimerais discuter avec l'un d'entre vous. Si vous cherchez une personne, nous pouvons peut-être trouver un terrain d'entente pour qu'il ne soit fait de mal à personne. Nous promettons que celui qui viendra pour parler pourra repartir librement. »
Les irlandais ont relevé la tête et se regardent entre eux. Mon regard s'attarde sur le chef, visiblement il a pas l'air d'accord avec ce que la police propose. Ca se voit sur sa tête, il a l'air plutôt énervé... Il prend même pas le temps de se concerter à nouveau avec ses copains d'ailleurs, il s'avance à pas rapides vers nous, l'arme toujours à la main. Je suis pas sûre que l'intervention du NYPD ait été une si bonne idée, à mon avis ça fait qu'accélérer les choses...
« Celui qu'on veut s'appelle Ming Kwok. C'est un chinois. Vous avez cinq minutes. Si dans cinq minutes il s'avance pas vers nous, volontairement ou forcé, vous y passez tous. »
A ce moment-là, ce qui se passe en moi est bizarre. D'un côté, je suis soulagée. Parce que c'est pas moi qu'ils veulent. De l'autre, je suis pétrifiée. Est-ce qu'on va vraiment donner ce Ming Kwok ? Parce que s'il l'a pas fait avant, quelque chose me dit que c'est pas maintenant qu'il sortira volontairement. Et, putain, cinq minutes, c'est vachement court... Si nous y on passe, sûrement que la police aussi interviendra et qu'eux aussi y passeront mais ils ont pas l'air d'en tenir compte. Alors, comme tous les autres, de manière presque instinctive, je me mets à regarder tous les passagers du bus en cherchant des yeux plus bridés que les autres.
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Mar 22 Avr - 1:55
Gabrielle sursauta lorsque la voix de Paul Carter ce fit une nouvelle fois entendre. Elle l'avait oublié celui-là. Enfin, elle savait qu'il y avait la police, un négociateur, mais... elle avait oublié qu'ils étaient près. Très près, mais très loin aussi. Ce qui venait d'être dit fit réagir les Irlandais, à moins que ce ne soit qu'un hasard, elle ne pouvait pas deviner. Un s'approcha vers eux, disant qui il voulait. Un Chinois. Ming Kwok. Tout le monde se mit à se dévisager, cherchant les Chinois; parce que ce n'était pas rare à New York. Il y avait dans le bus, cinq asiatiques. Deux femmes, trois hommes. Tant qu'à savoir s'ils étaient chinois, japonais, coréens ou autres, c'est une autre histoire. L'important, c'était que trois hommes pouvaient correspondre à ce Ming Kwok. Un seul avait l'air plus inquiet que les deux autres, si on le regardait bien. Quelques passagers se levèrent, ayant remarqué qu'il n'y avait que trois qui correspondaient à la description. Trois. Pas dix, pas vingt. Ce n'était pas un bus de touristes chinois, mais un bus de la ville. Toutes ethnies étaient présentes. Une personne en trop dans ce bus. Cette conclusion n'était pas très difficile à comprendre. Il devait sûrement y avoir une autre solution. Il devait y en avoir une autre. Il le fallait. Ils ne pouvaient pas juste le laisser partir. Le forcer à y aller. Dieu seul savait ce qu'ils allaient faire. Rien de bien sinon Ming Kwok aurait été les voir sans attendre. Puis tout ce cirque n'aurait pas eu lieu. Mourir pour un inconnu ou bien rester en vie et le livrer ? Inconnu qui méritait peut-être d'aller voir ces Irlandais. Ou bien non. Comment quelqu'un pouvait-il mériter ça ? Pourquoi ils n'avaient pas pu attendre que Ming Kwok débarque du bus à la place ? Des tonnes de questions, bien peu de réponses.
Quelques-uns ne s'en posaient pas du tout de questions et ne cherchaient pas à obtenir de réponses, ils, hommes, femmes, moins de dix personnes, étaient debout, prêts à passer à l'action. À peine deux minutes après que l'ultimatum n'aille été lancé. Ils se posaient moins de questions qu'elle, ils doutaient moins, ils voulaient vraiment vivre. Elle aussi, mais avec ça sur la conscience... elle ne pouvait pas prendre cette décision. Les trois furent amenés, peu à peu, au milieu du bus, dans le passage permettant de se rendre aux bancs. Elle regardait, ne bougeant pas, ne disant rien, ne parvenant pas trop à croire ce qui était en train de se passer. Tous pour un. Rien d'autre. Les Asiatiques furent obligés de sortir leur portefeuille pour une carte d'identité. Si deux d'entre eux le firent sans problème, ce n'était pas le cas pour le troisième qui se mit à supplier de le laisser tranquille et de ne pas le mettre en dehors du véhicule. Deux personnes reculèrent, soudainement plus très sûre de ce qu'elles venaient de faire. Les autres ''aidèrent'' le Chinois a descendre du véhicule. Il était poussé, il était tiré et on voyait très bien qu'il ne voulait pas sortir. Il ne voulait vraiment pas les voir. Ça ne disait rien de bon pour sa suite. « Arrêtez ! » murmura-t-elle. Ouais, mauvaise pioche dans son ton de voix. Il y avait à présent un peu trop de bruit pour qu'un murmure puisse se faire entendre. Elle se leva, libérant sa main d'un coup sec. Son voisin la lui avait pris, indiquant qu'elle ferait mieux de se rasseoir.
Elle aurait mieux fait de l'écouter. Ne sachant pas ce qui allait arriver, elle continua donc de bouger. « Lâchez le ! » réussit-elle à crier cette fois-ci. Elle saisit un homme par l'épaule, essayant de le repousser pour aider le pauvre type. Mauvaise idée. Le dit homme, qui devait être sur l'adrénaline, lui assena un coup dans le ventre avec son coude. Pas un petit coup, un assez gros qui lui coupa le souffle, lui fit perdre l'équilibre et monter les larmes sous la douleur. Elle ne réussit pas à le rattraper et atterrit sur le plancher (bien trempé par la neige fondue et bien sale, ô joie). Bravo Gaby. Elle allait être encore plus utile comme ça, tandis que malgré les cris de Ming, ce dernier continuait de plus en plus de se faire tirer et pousser en dehors du bus.
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Mar 22 Avr - 21:30
A quel moment ça à dérapé ? Nous pensions tous avoir le parfait contrôle de nous vies. Nous savions qui nous étions, d’où nous venions et où nous allions. Monter dans ce – putain de – bus n’était qu’un détail dans nos vies ; une anecdote que nous ne comptions même pas évoquer lorsque nous raconterons notre journée à notre compagne. Le principe du bus était de nous acheminer d’un point A à un point B. Seule la destination comptait. Pourtant, il semblerait, face aux circonstances, que le voyage comptait tout autant que notre point d’arrivé, si ce n’est plus. N’oublions pas qu’à cet instant précis, nous ne savions pas si nous allions atteindre notre destination. En clair, personne ne savait si nous allions nous en sortir vivant. Habitué aux situations catastrophiques – j’avais tout de même survécu à une prise d’otage / fusillade – j’aurais aimé développer un sixième sens mais aucune inspiration particulière ne me venait… La seule certitude que j’avais était que cela allait mal finir… Cela finissait toujours mal, restait à définir pour qui. Tic tac, tic tac, … L’horloge tournait. Sans être un expert, je savais que le temps ne tournait pas en notre faveur. Nous n’allions pas rester éternellement dans ce bus. Tôt ou tard la police allait se décider à intervenir et là… ca serait un massacre. Nous allions nous faire tirer dessus comme des lapins. Fais chier la gamine à mes côtés est trop chétive pour me servir de gilet par balles. En même temps, ce n’est qu’une gamine… elle ne mériterait pas de mourir. Pas comme ça. Pas aujourd’hui. Je soupirais et accueillis avec négligence ses ongles qui se referment sur ma peau. C’est un réflexe, un geste de peur dont je ne peux lui tenir rigueur. Au contraire, qu’elle en profite… elle est encore en vie. Pour le moment.
Il y avait comme une boule, une pression qui compressait ma poitrine et rendait ma respiration plus difficile. L’effet du joint s’était dissipé. Le bâton empoisonné avait finit sa course sur le sol dans un soupçon d’indifférence. Je n’avais fais le malin qu’un temps, la peur avait repris ses droits et s’exprimaient dans l’angoisse des regrets… Quand on va mourir, on pense toujours à toutes ces choses qu’on a pas faites, celles qu’on aurait dû faire… Stacey, Clara… toutes ces choses qu’on n’a pas dites et qu’on ne dira jamais. Peut-être que c’était mieux comme ça. Pour ma famille, c’était probablement mieux. Au moins, cela ne leur changera pas grand-chose… En revanche pour Anja, cela changeait tout. Je n’avais pas envie de la laisser tomber alors que j’étais enfin parvenu à obtenir ce que je voulais : je l’avais ! J’avais une petite amie, une vraie et… je l’aimais vraiment. J’aurais dû le lui dire… l’épouser même ! L’approche de la mort donne envie de faire des folies. Recroqueviller contre mon fauteuil, je cherchais ce que je lui dirais si je pourrais lui parler une dernière fois… J’en avais pas la moindre idée. Cela aurait ressemblé à « je t’aime, pardonne moi ? ». J’ai fais le con avec elle… J’ai vraiment fais le con. Au moins, la perspective d’une mort prochaine m’empêchait de penser qu’elle pourrait me quitter. La vie ne lui laisserait peut-être pas le choix…
Égoïste comme toujours, le seul qui m’intéressait dans le bus, c’était moi. Que je le méritais ou non, j’étais le seul pour qui ma vie comptait. Normal, non ? Dans des cas comme celui-ci – et même les autres- je ne croyais absolument pas à la solidarité. J’avais fais mon taff en prodiguant les premiers soins à la gamine mais cela s’arrêtait là. Chacun pour soi. De toute façon quand j’avais essayé de m’en mêler on m’avait pris à parti. La condition humaine ne supportait pas la contradiction lorsqu’un vent de panique soufflait… Franchement, je ne voulais pas être à la place du mec tant recherché. La population du bus avait saisi l’essentiel : Ming Kwok. 5 minutes. Sortir du bus. Le sortir du bus. Avec une précision chaotique, l’homme fut identifié. Ce n’était pas très compliqué… pour un américain, chinois = yeux bridés et sans être raciste, nous n’avions pas vraiment tord. J’aurais aimé qu’il y est une discussion sur ce que nous devions faire mais… personne n’en voulait. L’essentiel avait été dis : le nom chinois dont je ne me rappelais même plus – et puis j’étais incapable de le prononcer correctement – avait permis l’identification du pauvre malheureux. Il n’avait fallut que quelques minutes pour le localiser et le jeter hors du bus. Gabrielle tenta de s’interposer en vain… C’était peine perdue. La sentence avait été donnée. Je secouais la tête. Je désapprouvais totalement cette manière de faire mais… Qu’est ce que j’y pouvais ? D’un côté, je trouvais cela révoltant et de l’autre… je ne me sentais pas concerné. Comme la majorité des personnes, j’étais trop lâche pour ouvrir ma gueule. Quelque part, j’étais bien content qu’on le foute dehors. Sa vie pour sauver la notre… C’était le prix à payer pour rester en vie et revoir Anja. Le gamin était balancé dehors face à nos tortionnaires. Tous, nous guettions des yeux le spectacle, sauf peut-être Gaby encore à terre. Personne ne souhaitait l’aider, même pas moi… « Tournes la tête. » ordonnais-je à la gamine, prenant sa tête contre mon épaule pour l’empêcher de voir. C’était un spectacle que je voulais lui épargner…. A nouveau, une détonation se fit entendre et le sang se répandit pour la seconde fois sur les vitres du bus. Nous étions en premier ligne et je n’avais rien loupé de l’exécution. Mise à genoux, balle entre les deux yeux… On ne lui avait laissé aucune chance. C’était un enfant au look étudiant et il venait de mourir devant nos yeux pour sauver nos vies. Personne ne lui avait laissé le choix. Désormais, il était trop tard pour se lever du bus et clamer sa colère. Du début jusqu’à la fin j’aurais fermé ma gueule, sauf peut-être pour témoigner de l’évidence. « C’est terminé. »
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Dim 27 Avr - 15:54
Les asiatiques ont beau être nombreux, ils ne sont pas assez. Du moins, pas à New York. Et pas dans ce bus. Le tour des passagers a été vite fait et il apparait que seuls trois hommes pourront correspondre au type que les irlandais sont venus chercher. Trois, rien que trois. Ah si on s'était trouvé à Shanghai, ils auraient peut-être eu plus de mal à le trouver, le Ming Kwok. Mais, si on avait été à Shanghai, je suis pas sûre que des irlandais auraient pris en otage un bus pour arrêter un chinois... Autant chercher une aiguille dans une meule de foin.
Je divague. Dans ma tête, je pense n'importe quoi. Ca n'a ni queue ni tête. Mais c'est inconscient, je contrôle pas les pensées qui me traversent l'esprit. C'est peut-être pour m'occuper l'esprit et détourner mon attention de l'horreur qui se déroule sous mes yeux. Les trois sont amenés au centre de l'allée et moi.... Moi, je fais rien. Moi, je me tasse sur mon siège. Moi, je me fais toute petite. Moi, je me dis que je devrais faire quelque chose, intervenir, parce que c'est pas possible de laisser livrer ce mec comme ça. Mais moi, j'arrive pas à ouvrir ma bouche, tout ce que je sais faire, c'est fixer la scène avec les yeux ahuris et le visage livide. Moi, je voudrais bien disparaître... Mais c'est pas encore possible ça. Alors je reste bêtement à regarder. D'habitude, je suis pas du genre à me laisser emmerder, je suis pas la dernière à l'ouvrir pour réclamer quelque chose ou prendre la défense de quelqu'un. Mais d'habitude, j'ai pas d'armes pointées dans ma direction. Et puis c'est pas que ma vie, c'est celle des autres aussi. Je peux pas décider à leur place de nous faire tous mitrailler pour sauver un gars. Ouais.... Tu parles. La bonne excuse. Eux ils sont bien en train de décider à ma place de le laisser aller au bucher pour que moi je reste sauve, et ça me dérange pas plus que ça. Enfin, si. Mais ça me percute pas suffisamment pour que j'ose me prononcer.
La fille qui m'a filé un mouchoir tout à l'heure trouve le cran de se lever. Entre temps, ils l'ont trouvé, le Ming Kwok. Il doit avoir un peu plus de la trentaine. Il est bien sapé, même s'il fait jeune. Mais les asiatiques font toujours jeunes. Je me demande bien ce qu'ils lui veulent, les irlandais. Il a pas l'air si dangereux que ça, ce mec... Dangereux ou pas, en tout cas il a pas envie d'aller les retrouver. Sûrement que lui, il sait ce qu'ils lui veulent, pourquoi ils le cherchent, et que c'est ça qui le terrifie. Mais ils lui laissent pas le choix. Même si certains s'interposent, dont la fille de tout à l'heure, qu'ils envoient à terre. C'est pas suffisant. Faut croire que l'instinct de survie et plus fort que l'envie de bien faire... Toujours vissée sur mon siège, toujours abasourdie, je regarde la scène et ces hommes et ces femmes qui trainent le chinois le long de l'allée et le jettent presque en-dehors du bus. Alors voilà, ça y est. On leur a donné ce qu'ils sont venus chercher. Et maintenant ? Ils vont nous laisser tranquilles ?
J'arrive pas à quitter le mec des yeux. Je redoute ce qu'ils vont lui faire mais, comme pour la femme qu'ils ont abattue tout à l'heure, j'arrive pas à ne pas regarder. Mais pour la deuxième fois de la journée, mon sauveur à barbe me vient en secours. C'est lui qui m'oblige à tourner la tête. Je cherche même pas à me débattre, je demande que ça. C'est juste que de moi-même, j'y arrive pas. Avec son aide, j'obéis presque avec soulagement. La tête cachée dans son épaule, je fixe le vide. Et j'écoute le silence. Je sursaute quand un nouveau coup de feu retentit et m'accroche au bras du type. Ils l'ont tué. Putain, ils l'ont tué. J'aimerais penser quelque chose mais c'est tout vide dans ma tête. Les quelques secondes de flottement qui suivent le meurtre sont atroces. J'ai envie de pleurer encore mais cette fois, je me retiens. Ou en tout cas, ça sort pas. Le mec me dit que c'est terminé. Je relève les yeux vers lui. Et à ses traits marqués, je comprends que lui il a tout vu. Et je me dis qu'en vrai, même si j'ai un boulot et que je vis dans une grand ville, je suis rien qu'une gamine. Une gamine qui voudrait se jeter dans les bras de ses parents.
La vision de réconfort s'évanouit vite. Les flics, qui ont assisté à la scène sans rien pouvoir faire, crient aux irlandais des trucs. De plus bouger, de lâcher leurs armes. Eux, ils obéissent pas. Ils lèvent leurs flingues et les dirigent vers les policiers, lâchant un flot meurtrier de balles. La plupart finissent dans les voitures abandonnées sur le pont, sans toucher personne, mais ça suffit aux malfrats pour prendre la fuite, à pieds. De toute façon avec le bouchon gigantesque qui s'est formé, ils auraient pas pu aller bien loin en bagnole. On apprendra plus tard qu'ils avaient envoyé un des leurs en reconnaissance à l'avant du pont pour préparer une voiture, pour filer dès qu'ils arriveraient, les flics aux trousses. Le journal racontera aussi que le chinois, c'était une grosse tête du réseau mafieux, la triade. J'aurai jamais cru à le voir.
Et nous dans tout ça ? Nous, on reste pétrifiés. Les irlandais ont fait comme ils ont dit, ils nous ont pas fait de mal vu qu'on leur a livré Ming Kwok. Je crois que j'oublierai jamais ce nom de ma vie, ni son visage. Les flics se sont emparés du bus et nous ont évacués. Encore sous le choc, je me suis laissée portée par le mouvement de foule. Quand je suis passée à côté de la fille qui avait eu le courage de se lever, j'ai juste pu lui demander un vague « Ca va ? » mais la vérité c'est que j'ai pas vraiment écouté la réponse. On nous a filé des couvertures de survie, des boissons chaudes. Un peu amorphe, j'ai regardé autour de moi. Paumée, sans savoir quoi faire. J'ai croisé le regard du mec à barbe, alors je l'ai remercié d'un petit sourire. J'aurai pu aller leur demander leurs noms, à ces deux-là. Ils m'ont quand même filé un coup de main quand je suis tombée dans les vapes. Mais je le fais pas. Une partie de moi a pas envie d'avoir à les croiser un jour, jamais. Pour éviter les mauvais souvenirs. Là, je voudrais juste rentrer chez moi, me rouler en boule sous ma couette et appeler mes parents, mes frères et sœurs, les copains. Savoir que tout va bien. Mais pour rentrer, je crois que j'appellerai un taxi. Je suis pas prête de reprendre le bus...
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Sujet: Re: [Intrigue X - scénario n°1] Prochain arrêt : l'enfer - Erwan & Gabrielle Lun 5 Mai - 4:13
Ça ne donna rien. Son acte (peu importe s'il avait été courageux, altruiste, je me mêle de mes affaires) n'avait servi à rien. Elle se retrouva sur le sol et le Chinois fut mit à la porte du bus amené aux personnes qui les entouraient et qui avaient tué. Qui allaient recommencé si Ming Kwok ne leur était pas amené. Il y aurait pu y avoir une autre solution, mais presque personne ne voulait en trouver une. Il était dehors, eux en dedans. Elle resta par terre, n'arrivant pas à bouger en sachant la suite. Ou pas. En fait, elle ne savait pas du tout quelle pourrait être la suite. Elle ne voulait pas non plus le savoir. Ça lui faisait peur. Un otage pour avoir quelque chose de d'autres. Lui parler pour elle ne savait trop quelle raison. Ou bien l'amener et faire le reste sans témoin. Rien de tout ça. Rien qui aurait pu amener le tout à être moins dramatique. ils lui en voulaient. Ils voulaient en faire un exemple. Ils voulaient montrer qu'ils étaient sérieux. Ils voulaient montrer que l'on devait les craindre. Le coup de feu qu'il y eut le prouvait. Elle ne vit rien, elle était toujours assise après tout. Ce qui ne l'empêchait pas de voir la scène, dans sa tête. Rien de bien joli. Ohmondieunon. Un cri sortit de ses lèvres sans qu'elle n'ait eu le temps de l'empêcher de sortir. Elle n'avait pas été la seule, elle passa inaperçue.
Après elle ne savait trop combien de temps, elle se dit qu'elle devrait peut-être se relever. Peut-être pour aller nulle part, mais qu'elle pourrait quitter le sol du bus inconfortable. Un instant plus tard, on entra dans le bus. On les fit sortir. On les entoura, les enveloppa, leur donna à boire, leur posa des questions, bien qu'il n'y avait pas grand-chose à répondre. Comment prévoir ça ? La fille qui s'était évanouie un peu plus tôt lui demanda comment elle allait. Très bonne question. Elle allait comment ? Elle haussa les épaules. Elle n'en savait rien. De toute façon, elle ne pensait pas qu'elle était vraiment attentive à sa réponse. Elle avait autre chose à penser. Elle n'en savait rien. Elle ne savait même plus pourquoi elle était dans ce bus. Alors, pour le reste... elle voulait juste retourner chez elle. Oublier ce temps passé dans ce véhicule. Ce qu'elle avait vu et ce que les autres avaient fait. Pas seulement les Irlandais, mais ceux qui avaient fait passé leur peau avant celle de Ming Kwok. Elle voulait boire une bouteille de vin. Peut-être deux. Ouais, elle serait mieux de tomber dans le chocolat, parce qu'elle abusait un peu trop de l'alcool en ce moment. C'était si tentant. De tomber tout court. Dans son lit et de pas se réveiller avant un mois ou deux. Quelque chose dans ce genre-là. Elle verrait bien une fois chez elle. Si elle y arrivait un jour. Parce qu'il y avait foule. Les polices, les journalistes, les badauds. On n'allait sûrement pas vous laisser filer comme ça, non ? Si ? Elle l'espérait. Elle n'avait pas du tout envie de parler. Elle voulait juste s'isoler, chez elle, seule. Loin de tout le monde. Elle avait été assez entourée comme ça. Pas de questions, filer, partir, loin. S'il vous plaît.